Mariam Maiga : L’art sans tabous

Elle s’appelle Mariam Ibrahim Maiga. C’est une artiste plasticienne formée au Conservatoire des arts multimédias (CAMM) Balla Fasséké Kouyaté. Toute…

Elle s’appelle Mariam Ibrahim Maiga. C’est une artiste plasticienne formée au Conservatoire des arts multimédias (CAMM) Balla Fasséké Kouyaté. Toute jeune, elle fut attirée par l’art. Elle a déjà fait deux expositions de ses œuvres et en a une troisième en vue. Nudité, maternité et viol sont les thèmes qu’elle évoque sans tabous.

Habitant à Bamako, mais née à Gao, Mme Traoré Mariam I. Maiga a été captivée par l’art du dessin dès sa tendre enfance. Pas étonnant qu’elle soit sortie du CAMM avec un diplôme supérieur en arts plastiques. Elle n’arrive pas à expliquer comment elle tomba amoureuse de ce métier. « Moi-même, je ne sais pas comment. En deuxième année fondamentale, je dessinais déjà » se souvient-elle. Peut-être que la peur d’être frappée a aiguisé sa plume à dessin. « Je dessinais en classe parce que j’avais peur de me faire frapper par certaines personnes. Ces gens-là ont participé à ma formation », reconnait-elle en souriant. Sa sensibilité aussi a impacté son choix de s’exprimer par la peinture, en adepte de l’acrylique sur toile et du collage. Ses toiles sont peintes en noir, sa couleur de préférence, et rouge. «Je travaille surtout avec le noir. J’ai même essayé de travailler du noir sur le noir, mais je n’arrivais pas à faire voir ce que je voulais faire ». Elle a organisé en 2014 sa première exposition collective dans son atelier, « Tim’ Arts », à Baco Djicoroni Aci. Sa troisième exposition personnelle sera axée sur le viol. Depuis la crise de 2012, elle se souvient encore de ces femmes violées. « Il y avait deux petites filles qui ont été violées, puis évacuées ici. L’une avait douze ans et l’autre neuf. La plus petite n’a pas survécu. Elle est décédée », nous confie Mariam. La jeune artiste envisage de travailler sur tous les viols qui se commettent en silence, « Les viols des crises, les viols dans les familles, sur des petites filles, souvent par leurs oncles ou cousins, que les familles cachent, il faut en parler ».  Avec son mari, elle nourrit un projet de centre culturel, « Shiif’Art » (vestibule de l’art), pour l’exposition et la réception d’artistes du monde entier. Son objectif est de faire connaitre l’art. « C’est moi qui fais vivre l’art, l’art ne me fait pas vivre ». Selon elle, le choix du ministre de la culture doit tenir compte de sa vision. « Il faut être fou pour pouvoir gérer les artistes. Je parle de la vision : un fou voit différemment les choses ».