Mauritanie : l’équation des réfugiés maliens de Mbera

Un accord tripartite a été signé le 16 juin dernier, entre la Mauritanie, le Mali et le Haut Commissariat aux…

Un accord tripartite a été signé le 16 juin dernier, entre la Mauritanie, le Mali et le Haut Commissariat aux réfugiés pour permettre le retour volontaire des réfugiés maliens basés à Mbera .

De Nouakchott à Bamako, c’est une nouvelle qui focalise l’attention. Le jeudi 16 juin, un accord a été signé entre le Mali, la Mauritanie et le Haut-commissariat aux réfugiés pour le rapatriement volontaire des réfugiés maliens. En 2012, au fort des violences dans le nord du Mali, ils ont trouvé refuge dans le camp de Mbera en Mauritanie. Pour mémoire, les réfugiés maliens sont partagés entre la Mauritanie, le Niger, et le Burkina où ils étaient 2182 à partager 600 tentes dans le camp de Saagnigniogo, dans des conditions de vie qui vont souvent au-delà de ce qu’on peut supporter. Les chiffres disponibles auprès du HCR, en 2015, faisaient état de 136 000 réfugiés, cependant le gouvernement avait annoncé le retour de 30 000 d’entre eux. La décision de rapatrier ceux du camp de Mbera a été prise après que neuf sites d’accueil eurent été aménagés, alors que vingt-cinq étaient prévus. En septembre 2015, la question de leur retour avait été abordée avant d’être mise au placard, certains réfugiés s’étant montrés réticents à rentrer à cause de l’insécurité dans le nord du Mali.

Pour autant, cela n’a pas empêché le gouvernement d’entreprendre des démarches pour leur retour au pays. Selon le ministre de la Solidarité et de la Reconstruction du Nord, Hamadoun Konaté, « des commissions tripartites vont travailler sur les conditions pratiques du retour et un plan de rapatriement sera mis en œuvre le plus rapidement possible ». Faut-il s’attendre à un retour massif des réfugiés ? À en croire le HCR, en mars 2016, ils étaient 60.300 réfugiés au Niger, 50.600 réfugiés en Mauritanie et 33.800 réfugiés au Burkina Faso.

Réticences

Parmi les raisons déclinées pour le report des élections régionales qui étaient prévues le 25 octobre 2015, figure la question du retour des réfugiés qui avaient jugé nécessaire d’attendre que la situation se stabilise. Malgré la signature de l’accord de paix dont la mise en œuvre permettra au Mali de remonter la pente de la crise, le nord du pays reste encore en proie au désordre. Ce qui a longtemps servi d’argument au Haut Commissariat aux réfugiés pour ne pas organiser d’opérations de rapatriement. Alors que l’accord de paix comporte un chapitre sur la mise en place de conditions favorables au rapatriement des réfugiés. Si nombre d’entre eux sont retournés volontairement, d’autres sont encore gagnés par la réticence. Comme c’est le cas à Mbera où le gros des réfugiés, qui ne sont pas favorables à ce retour, estiment que les conditions ne sont pas encore réunies. Beaucoup reste à faire, comme la construction des « puits d’eau, la réhabilitation d’écoles, la reconstruction et la réhabilitation d’abris. »

L’insécurité grandissante au mali est une autre raison invoquée. Le plus inquiétant est qu’elle n’est pas seulement le fait des groupes armés. Après la signature de l’accord, nombreux sont ceux qui ont été surpris de découvrir que les vrais ennemis de la paix sont en réalité les groupes terroristes qui occupaient les trois régions du nord avant d’être mis en déroute par l’intervention militaire française. Aujourd’hui, ils donnent du fil à retordre aussi bien au gouvernement malien qu’à la communauté internationale, avec les tirs d’obus, les embuscades et les attentats tant au nord qu’au centre ainsi que dans la capitale, Bamako.

La plupart des points d’accueil sont dans les régions du nord du pays et le reste à Bamako. Même si le ministre Hamadoun Konaté estime que « nous ne pouvons pas attendre la fin de la lutte anti-terroriste pour recevoir nos compatriotes », il reste évident que les réfugiés préfèrent demeurer dans des camps de où ils se sentent un tant soit peu en sécurité, à un pays où règne un climat instable entre guerre et paix.