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Me Wade, docteur honoris laïus

La presse sénégalaise a donné le ton au lendemain de l'allocution télévisée du chef de l'Etat. "Wade sert une comédie…

La presse sénégalaise a donné le ton au lendemain de l’allocution télévisée du chef de l’Etat. « Wade sert une comédie électorale », « Wade, le show et l’effroi », « Wade rate sa sortie », « Wade refuse de changer », « Fausses solutions pour vrais problèmes », tels sont les titres de Une des grands quotidiens privés. Seul Le Soleil, journal pro-gouvernemental, se montre plus mesuré. Le ton est le même au niveau de la classe politique qui se frotte les mains de cette sortie d’un président que tout dessert ces derniers temps mais que rien ne semble pouvoir dévier de son ambition de rester à  la tête du pays. Très sûr de lui, il a proposé aux sénégalais une présidentielle anticipée et maintenu sa candidature à  un nouveau mandat. Le show auquel se sont livrés ses sbires pendant plus de 5 heures avant qu’il ne prenne lui-même la parole est digne des républiques bananières, contre lesquelles lui-même s’est battu des décennies durant. C’’est en effet devant son gouvernement et des élus et personnalités acquis à  sa cause, dont une vingtaine a longuement chanté ses louanges qu’il s’est adressé «aux enfants de la Patrie». La douche froide Si certains avaient espéré que les récents évènements fassent revoir ses positions à  Me Wade, ces derniers ont dû bien être déçus. Le «vieux» ne semble pas avoir perçu les messages cryptés des sénégalais qui en ont ras-le-bol et qui sont descendus dans les rues pour le dire. Pour lui, le problème entre lui et ses compatriotes est une affaire de «communication». Le très impopulaire « ticket » qui a tout déclenché « n’a pas été bien compris ». Il va encore plus loin d’ailleurs, sur de son fait. Me Wade propose à  l’opposition sénégalaise, «si elle est si sûre de gagner» d’organiser des élections anticipées dans les 40 jours. Notre confrère éditorialiste du journal «Sud», écrit que Wade « fait montre d’une désinvolture qui agresse ses concitoyens ». Si « l’opposition est pressée et certaine » de l’emporter, « je peux envisager une élection présidentielle anticipée, si cela est nécessaire pour la cohésion sociale et la concorde nationale », a déclaré le chef de l’Etat. Il a également réaffirmé sa candidature au scrutin présidentiel, anticipé ou à  la date prévue du 26 février 2012. Deux paroles Le Secrétaire général du parti socialiste, M. Ousmane Tanor Dieng estime que «le discours de Abdoulaye Wade n’a aucune espèce de valeur pour le peuple sénégalais qui le connaà®t». Selon lui, Me Wade a prononcé deux discours différents. « Ce que Wade a dit en Ouolof (langue nationale) est totalement différent de ce qu’il a tenu en français », a-t-il remarqué avant de relever, au micro de lma Rfm (chaà®ne privée) les énormes erreurs de l’auteur du discours. «A la fin de son discours en français, il indique qu’il a le droit de se dédire et que les promesses n’engagent que ce qui y croient», a-t-il noté. Sur les élections anticipées évoquées par le président Wade, Tanor Dieng rappellera que si tel devait être le cas, il reviendrait au président du Sénat de les organiser. «Lorsqu’il parle d’élections anticipées, il doit savoir que pour qu’il y ait une élection anticipée, il doit d’abord démissionner pour laisser le président du Sénat organiser les élections. Par ailleurs il estime qu’il n’y a aucun sérieux dans l’appel au dialogue de Me Wade. «Sur le dialogue, tout ce qu’il dit n’est pas très sérieux. Il sait très bien que lui et moi, lorsqu’on organisait le dialogue politique sous Diouf (Abdou Diouf, ancien président, ndlr), ça ne se passe pas dans la place publique», conclut-il. Une chose est sure, Me Abdoulaye Wade a raté une occasion de renouer avec son peuple. Lui, le chantre de la démocratie, est en train de perdre définitivement le crédit qu’il avait aux yeux de ses concitoyens et des observateurs étrangers. En s’écoutant parler et en refusant obstinément, avec l’aide certaine de ses conseillers, d’ouvrir ses oreilles pour entendre les appels des sénégalais, il s’est offert un bon show télé mais a rendu encore plus amère la pilule.Il aurait sans doute mieux fait de suivre ce proverbe de la sagesse bambara qu’assurément on retrouve chez lui : «quand ce que tu as à  dire ne vaut pas mieux que le silence, tais toi !»