Meeting contre les réformes : le fiasco de la mobilisation

Les participants au meeting du Collectif « Touche pas à  ma Constitution » ont du s'armer de patience ce samedi…

Les participants au meeting du Collectif « Touche pas à  ma Constitution » ont du s’armer de patience ce samedi 19 novembre à  la « Pyramide du Souvenir » avant de voir les ténors sortir leurs têtes. Pour un meeting annoncé pour 9 heures, les choses ne démarrent qu’à  10 heures 10 minutes. Un retard fort agaçant pour certains. « Si on ne veut qu’on touche à  la Constitution, qu’ils ne touchent pas à  notre heure », ironise un invité au meeting qui conclut sur « un manque d’application dans l’organisation ». C’’est à  9h 20 que la commission d’organisation s’est mise à  balayer les lieux, avant d’installer quelques chaises sur l’esplanade de la « Pyramide du Souvenir ». Mais C’’était suffisant pour accueillir le groupuscule d’individus ayant effectué le déplacement pour ce meeting. Une mobilisation qui n’a rien à  voir avec le rassemblement tenu il y a deux mois à  la Bourse du Travail de Bamako. Quelques minutes d’attente encore et le meeting peut commencer, mais non sans interrogations face à  l’absence remarquée à  la tribune de certaines têtes d’affiche du mouvement. Il s’agit notamment du président du PARENA, Tiéblé Dramé, du secrétaire général de l’Union des travailleurs du Mali (UNTM), Siaka Diakité, du député SADI Oumar Mariko, etc. Si l’on sait très peu de détails sur les raisons de l’absence des deux premiers, l’entourage de Mariko nous apprend qu’il a du se rendre très tôt ce samedi dans la cercle de Bougouni pour prendre part aux initiatives de recherche de solutions d’entente dans un affrontement sanglant entre deux communautés. Heureusement qu’à  ce meeting, le discours était là  pour voler au secours d’une mobilisation des plus décevantes, convoquée pourtant par d’hommes politiques « influents » de notre pays, comme l’ancien président de l’Assemblée nationale Aly Nouhoun Diallo. «Inopportunes, budgétivores, et anti-démocratiques» C’’est avec un ton aux allures de syndicaliste des luttes ouvrières que l’ancien secrétaire général du Syndicat autonome de la magistrature, Daniel Tessougué, a pris la parole pour donner lecture d’un document appelé « Feuille de route du Collectif Touche pas à  ma Constitution ». Cette « feuille de route », qui réaffirme la position du Collectif contre lesdites réformes constitutionnelles, explique que si la révision d’une Constitution est normale dans la vie d’une nation, elle ne peut se faire qu’au regard d’évidentes crises institutionnelles, ou suite à  une nécessité liée à  l’adaptation de la loi fondamentale à  des engagements internationaux. Or, regrette M. Tessougué, pour le cas des présentes réformes initiées par le chef de l’Etat, il n’y a rien de tout cela. Tout le processus de révision, argue le magistrat, viole le principe d’un Etat démocratique et républicain. Avec pour référence la Charte de Kurukan Fuga, sur les dispositions relatives au président de la République, à  la création de la deuxième Chambre du parlement, au réaménagement du pouvoir judicaire, au Conseil économique, social et culturel, et par rapport même à  la procédure de révision constitutionnelle, les manifestants pensent qu’il y a d’«énormes insuffisances et légèretés dans le travail des experts» qui a abouti à  l’adoption du texte par l’Assemblée nationale 2 août dernier. Faire face aux urgences du moment Pourtant, expliquent les manifestants, la priorité de l’Etat malien devrait être ailleurs : la crise financière internationale qui ne manquera pas de secouer notre pays, les difficultés à  réunir les conditions idoines pour l’organisation d’élections crédibles dignes de ce nom, l’amplification des bruits de bottes dans le nord du pays, avec des velléités sécessionnistes qui viennent s’ajouter au problème sécuritaire posé par la présence des éléments d’AQMI sur notre territoire, une saison pluvieuse des plus désastreuses qui menace fortement la sécurité alimentaire du pays, une école à  la dérive, la corruption qui se légalise, etc. Voici autant de priorités qui, selon le collectif des opposants aux réformes, doivent faire l’objet d’actions concrètes de la part du Chef de l’Etat Amadou Tounami Touré. Pour le porte-parole du « Collectif Touche pas à  ma Constitution », M. Tessougué, « le Mali est en passe de devenir le champion du monde en matière de réformes : santé, école, marchés publics, etc. Malheureusement, renchérissent les manifestants, les résultats sont bien absents ». Rappelons que ce meeting du Collectif du « non » à  la nouvelle Constitution a enregistré la présence de plusieurs cadres de l’ADEMA-PASJ (comme l’ancienne ministre des Affaires étrangères, Mme Sy Kadiatou Sow, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Aly Nouhoun Diallo, etc.), le secrétaire de la CSTM (Confédération syndicale des travailleurs du Mali), Amadoun Amion Guindo, le président du Syndicat libre de la magistrature (SYLMA) Hamey Founé, etc. Un plateau bien remarquable d’hommes politiques et de leaders de la société civile qui n’a malheureusement pas eu son impact sur la mobilisation des militants. Au terme du meeting du samedi dernier, le « Collectif Touche à  ma Constitution » a projeté de tenir « une grande marche » de protestation le mercredi 30 novembre prochain. Elle regroupera l’ensemble des organisations membres du collectif. Mais déjà , le fiasco est fortement à  craindre au regard de la faible mobilisation des militants constatée au meeting du samedi.