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Menace sur le Mali laïc

La laà¯cité est-elle en danger au Mali ? Depuis quelques jours l'influence de la religion et des organisations musulmanes dans les…

La laà¯cité est-elle en danger au Mali ? Depuis quelques jours l’influence de la religion et des organisations musulmanes dans les affaires publiques suscite la polémique dans un pays en crise, constitutionnellement laà¯c mais très majoritairement musulman. Pendant qu’au Nord les groupes armés imposent aux populations la charia et leurs châtiments (coups de fouet, amputations, lapidation), la confusion institutionnelle au Sud et les éventuelles possibilités de négociations avec les djihadistes favorisent l’implication du populaire Haut Conseil Islamique (HCI) et la mise au premier plan des questions religieuses. Plus grave, on assiste aujourd’hui à  Bamako à  des manipulations et des intimidations de la part d’acteurs religieux devenus incontournables dans la gestion des affaires publiques. Qui ose s’opposer à  eux risque d’en payer lourdement les frais. Soumana Sako, ancien Premier ministre et président du parti de la Convention nationale pour une Afrique solidaire (CNAS- Faso Here) s’est ainsi attiré les foudres des religieux pour avoir critiqué la création d’un ministère chargé des Affaires religieuses et du culte dans le gouvernement d’union nationale.  Islam politique «Â Nous considérons la création de ce  nouveau département  comme un danger très sérieux pour la démocratie », a déclaré sur RFI Soumana Sako, aussitôt taxé par certains fidèles musulmans de défenseur de l’idéologie occidentale.  Le HCI a répliqué par la voix de son porte-parole Mohamed Kimbiri dans le quotidien l’Indépendant daté du 27 aout : «Â Je me trouve dans l’obligation de répondre à  ces attaques directes et frontales dans le but d’apporter une modeste contribution à  l’éclairage d’une certaine compréhension non fondée faisant croire que l’Islam est une religion rétrograde, de donner des précisions de notre vision sur le concept de la laà¯cité, et de lancer un appel à  toute la communauté  musulmane à  l’union sacrée contre les prédateurs de la démocratie, à  la concertation, et la cohésion pour faire un bloc unique et homogène pour le triomphe de l’islam. » Ce même HCI a également demandé le départ du directeur de l’ORTM Baba Daga pour avoir limité le nombre des membres de la Commission lunaire sur le plateau est un exemple de l’ingérence des religieux dans les affaires courantes. N’eut été l’intervention du jeune ministre de l’Administration Moussa Sinko Coulibaly, Baba Daga allait plier ses bagages.  Force est de se rendre à  une bien cruelle évidence : il y a bel et bien péril en la demeure dans la république du Mali, laà¯que jusqu’à  preuve du contraire.