Minusma : la sécurité en question

l'attaque du vendredi 12 février a été l'une des plus meurtrières qu'ait connue la Mission des Nations unies pour la…

l’attaque du vendredi 12 février a été l’une des plus meurtrières qu’ait connue la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) depuis son déploiement en juillet 2013. Sept casques bleus guinéens étaient tués après qu’une voiture piégée puis des roquettes aient été lancées contre le camp de Kidal qui les abritait. Une perte qui a ramené sur le tapis la question de la sécurisation du personnel militaire de la Mission, particulièrement celui déployé au nord du pays. Depuis octobre 2013, 56 casques bleus sont morts, dont 42 au cours d’attaques ciblées, affirmait la Minusma à  la fin 2015. Un bilan qui s’est depuis alourdi. « La Minusma a du mal à  se sécuriser elle-même », affirmait le maire de Kidal, Arbakane Ag Abzayack, après l’attaque du 12 février. Pourquoi ? Parce que « les casques bleus sont déployés dans des zones o๠les djihadistes sont très actifs », expliquait à  Jeune Afrique Jocelyn Coulon, directeur de recherche sur les opérations de paix (ROP). « Les terroristes et les groupes armés très actifs au Mali cherchent un impact médiatique important. Or, cibler la Minusma, l’une des missions de l’ONU les plus médiatisées en Afrique, attire l’attention », poursuit-il. Pourrait-on cependant mieux protéger les hommes au front ? Oui, assurent les familles des soldats guinéens morts lors de la dernière attaque. Elles sont convaincues que le niveau de protection n’est pas à  la hauteur pour une mission onusienne qui était déjà  la plus meurtrière pour les casques bleus. « Parce qu’ils sont Africains ? » En 2014, l’armée tchadienne, elle aussi durement frappée au Mali, soulevait les mêmes critiques. Pour Radhia Achouri, porte-parole de la Minusma, cette situation s’explique. « Nous reconnaissons que le système de sécurité n’est pas parfait mais nous sommes, nous aussi, limités par notre mandat ». Elle précise cependant que la Minusma dispose de ressources humaines et matérielles suffisantes pour mener à  bien sa mission. « Nous avons un dispositif de sécurité dissuasif et réactif. Je veux parler des forces de police et de la brigade spéciale en terme humain, et de plusieurs sacs plastiques remplis de sable, des véhicules blindés et des hélicoptères d’attaque en terme de matériels », affirme-t-elle. Un ballon dirigeable avec des capteurs qui permet de détecter les mouvements, drônes et détecteurs de mines viennent compléter ce dispositif. La Minusma serait la seule force qui possède un tel arsenal de sécurité. Pourrait-on alors imaginer des offensives des casques bleus pour prévenir les incursions meurtrières des djihadistes ? Non, car le mandat actuel de la mission ne le permet pas, et si l’on en croit son nouveau patron, le Tchadien Mahamat Saleh Annadif, « pas besoin d’un mandat plus robuste ». Il a cependant assuré qu’un « dispositif sera bientôt mis sur pied pour sécuriser Kidal ».