Modibo Keïta, envers et contre tout. Y compris lui-même…

Le remaniement attendu par certains, et redouté par d'autres, devrait bientôt avoir lieu. Vilipendé dans les médias depuis la révélation…

Le remaniement attendu par certains, et redouté par d’autres, devrait bientôt avoir lieu. Vilipendé dans les médias depuis la révélation de l’attribution de logements sociaux à  de nombreux membres de sa famille, le Premier ministre Modibo Keà¯ta, nommé en janvier 2015, paie sans doute la légèreté de ses proches, mais aussi le fait qu’il avait lui même fixé son bail à  12 mois, aujourd’hui échus. Celui qui aime s’afficher comme un homme de principes en a donc tiré les conséquences, en proposant (une nouvelle fois) sa démission au président Ibrahim Boubacar Keà¯ta (IBK), qui l’a (encore) refusée. Il a renouvelé sa confiance à  Modibo Keà¯ta de manière appuyée, lors de la cérémonie de présentation des vœux le 11 janvier. Au grand dam des caciques du parti majoritaire, le Rassemblement pour le Mali (RPM), qui rêvaient de porter l’un d’entre eux à  la Primature, le ministre du développement rural Bokary Treta, camarade secrétaire général. Du neuf avec du « vieux » Ayant écarté ses deux principaux rivaux, Treta, désavoué lors d’un récent Conseil des ministres pour ne « défendre que les intérêts de son parti », et Mamadou Igor Diarra, ministre de l’à‰conomie et des finances, dont des propos imprudents ont été peu appréciés à  Koulouba, le patriarche de 74 ans a été chargé de constituer une nouvelle équipe, au plus tard pour la fin du mois de janvier. Le manque de cohésion au sein du gouvernement, la faiblesse de certains ministres clés, la corruption à  grande échelle, dont IBK aurait des preuves, et la nécessité d’emballer la machine gouvernementale, notamment pour mieux avancer sur le processus de paix, ont décidé le président à  accélérer le tempo, alors qu’il prévoyait initialement de changer le gouvernement en juin 2016, y compris le Premier ministre. Quelques soient les contours de la prochaine équipe, il est probable que les représentants des groupes armés y feront leur apparition, de même que des membres de la société civile, avec une plus forte représentation féminine. En attendant, du côté de la cité administrative, o๠siège la majorité des départements ministériels, la paralysie s’est installée et de nombreux dossiers sont dans les tiroirs, victimes de l’attentisme lié au changement à  venir, et de l’absentéisme des cadres politiques et de ministres trop occupés à  faire de la « visibilité ». En fin de compte, la grande question est de savoir si le PM, très estimé par son cadet de trois ans, saura s’imposer à  lui dans le choix des membres du gouvernement. Sans doute difficile pour un homme fatigué, dont les « principes » auraient du incliner à  rendre le tablier.