Mohamed Salia Touré : « Il ne faut pas qu’on se laisse intimider »

Ce mardi 20 mai, était le deuxième jour du sit-in organisé par le Conseil national de la jeunesse (CNJ), pour…

Ce mardi 20 mai, était le deuxième jour du sit-in organisé par le Conseil national de la jeunesse (CNJ), pour protester contre la position de la France et suite aux évènements de Kidal. Le président du CNJ, Mohamed Salia Touré a raconté sa mésaventure à  quelques journalistes présents au siège du Conseil. D’après M. Touré, à  la fin du sit-in, ses ravisseurs se sont fait passer pour des membres des organisations de la société civile qui suivaient la manifestation. C’’est au niveau de l’agence principale de la Banque pour le Développement du Mali(BDM) non loin de l’ambassade de France qu’ils lui ont demandé de s’arrêter parce qu’ils avaient besoin de lui. Les inconnus l’ont alors félicité pour ce qu’il était entrain de faire et lui ont demandé de venir vers eux pour lui montrer des slogans de campagne qu’ils sont entrain de préparer. Bref, ils lui ont fait croire qu’ils voulaient s’ajouter à  la manif dans les jours à  venir. Après être montés à  bord d’une voiture, ils lui ont dit de ne pas bouger et qu’ils ne lui feraient rien. Le président du CNJ découvre alors des individus baraqués et armés. Ils étaient trois en plus du conducteur. Le président a eu le réflexe d’envoyer des SMS à  ses vice-présidents pour les prévenir. Quand les kidnappeurs l’ont su, ils lui ont demandé de changer le contenu du message. En pointant l’arme sur M. Touré et sous la pression, il lui a été demandé d’écrire qu « il est dans un pick-up de couleur noire qui se dirige vers Gao » et d’éteindre le portable après avoir envoyé le message. Le président du CNJ nous a révélés que C’’était plutôt un véhicule de couleur blanche sans immatriculation avec des vitres teintées qui l’emmenait vers Kati. l’interrogatoire qui s’est déroulé en français, a été fait par une seule personne durant le trajet. Les échanges ont porté sur le sit-in devant l’ambassade. Ils ont demandé l’arrêt immédiat des manifestations contre la France et que si ça continuait, sa famille ne serait pas à  l’abri de menaces puisqu’ils savent o๠elle habite. A l’entrée de Kati, il lui a été demandé de descendre. M. Touré affirme avoir pris un taxi pour se rendre à  Bamako. Brève rencontre au siège du CNJ Après près de deux heures d’enlèvement, il s’est rendu au siège du CNJ o๠des jeunes l’attendaient. Mohamed Salia Touré a d’abord remercié ses camarades pour la mobilisation spontanée dont ils ont fait preuve et affirmé qu’il n’avait fait l’objet d’aucune agression physique mais qu’il ne savait toujours pas l’identité de ses ravisseurs et les motifs de ce rapt. « Ce que nous sommes entrain de faire au niveau de l’ambassade de France, le monde entier le voit et ça dérange beaucoup » a t-il indiqué. Lorsqu’il s’adressait à  la jeunesse, il a reçu un appel de la Minusma qui voulait s’assurer qu’il avait été réellement libéré puisque des jeunes de Gao se préparaient à  manifester. « Nous devons résister malgré les menaces, C’’est la preuve que, ce que nous sommes en train de défendre dérange. Il ne faut pas qu’on se laisse intimider » a-t-il poursuivi. Il a demandé aux jeunes de garder leur calme et de faire des analyses bien mûries afin d’apporter des réponses appropriées. « Le combat qu’on est entrain de mener devant l’ambassade de France, je suis sûr que C’’est le bon combat, ça doit se dérouler là -bas. Hier on n’était pas nombreux; aujourd’hui un peu plus; si demain on est encore plus nombreux, on saura la vérité. Il y a quelque chose qu’on nous cache dans cette histoire et qu’il faut qu’on aille chercher » a-t-il conclu avant de donner rendez-vous ce mercredi 21 mai devant l’ambassade même heure et même lieu. Prudence cependant pour le Cnj qui aurait intérêt à  réfléchir à  la nécessité de manifester une fois de plus, car malgré tout la France reste un allié du Mali et vient de nous envoyer du renfort pour combattre les djihadistes au nord du Mali.