Momar Mbengue, résident au Mali, dénonce la fiabilité du fichier électoral sénégalais

Momar Mbengue, juriste fiscaliste de profession, vit au Mali depuis Avril 2008. Comme tout bon citoyen, il s'inscrit à  l'Ambassade…

Momar Mbengue, juriste fiscaliste de profession, vit au Mali depuis Avril 2008. Comme tout bon citoyen, il s’inscrit à  l’Ambassade du Sénégal au Mali en novembre 2011 et obtient sa carte d’électeur immatriculée au numéro 60028937 afin de voter aux présidentielles de février 2012. Ensuite, Momar Mbengue faisant une recherche sur le site www.élections2012.sn s’aperçoit qu’il est toujours inscrit au Sénégal sous la carte d’électeur numéro 10747099 pour les échéances de 2007. «Â A l’époque, confie le juriste, je n’ai pas pu voter pour les présidentielles et les législatives puisque je me trouvais en Afrique Australe. Si nous étions en présence d’un fichier électoral fiable, ma nouvelle inscription à  Bamako aurait du annuler mon inscription à  Dakar, puisque la carte nationale comporte un numéro unique et aurait du être repérée… ». Intrigué par cet état de fait, Momar Mbengue fait constater les deux inscriptions par deux huissiers à  Bamako et décide de convoquer la presse. Pour s’assurer du bien fondé de sa démarche, il appelle Alioune Tine de la société civile sénégalaise et coordonnateur du M23, le mouvement de protestation contre le président Wade dont la validation de la candidature fait polémique à  Dakar. «Â Alioune Tine m’a encouragé à  rendre la chose publique, si J’étais sûr de mes informations», nous informe Momar Mbengue. «Â Cette constatation montre qu’une personne peut être inscrite au moins deux fois sur le fichier électoral sous le même nom et que quelque d’autre à  Dakar peut voter à  ma place. » 130 000 électeurs pourraient être concernés Et pour étayer son propos, Momar Mbengue cherche à  savoir si d’autres sénégalais se trouvent dans le même cas que lui : « Si nous prenons un nombre minimum de 33 000 sénégalais ayant quitté le pays entre 1997 et 2001, il est raisonnable d’estimer que le nombre de sénégalais potentiellement concernés sur la période 2006-2011 avoisine les 125 000 électeurs par an. Au regard du corps électoral sénégalais estimé à  5 millions d’électeurs inscrits, cette technique de double inscription permettrait d’engranger près de 3% des voix, un apport non négligeable pour un candidat… ». Momar Mbengue n’a donc pas attendu pour rendre la chose publique. Mais pourquoi agir à  trois jours du scrutin. Momar Mbengue avoue lui-même avoir été surpris ce lundi 20 février 2012, en surfant sur le site des élections en question. Il précise n’appartenir à  aucun parti politique et parler en son nom propre. « Les retraits de cartes d’électeurs ont commencé en Janvier et je ne m’étais pas trop inquiété de la chose, mais lorsque vous découvrez ce genre d’irrégularités et qui peut jouer sur une élection de haute importance, vous ne pouvez pas garder ça pour vous-même », confie le juriste. A ses côtés, un correspondant du journal sénégalais, Le Témoin, précise qu’au Mali, le fichier comporte à  peu près 5800 inscrits, un chiffre bien dérisoire et qui dénote du manque d’activisme politique au Mali. Reste que l’argumentaire de Momar Mbengue laisse perplexe les journalistes. Qu’espère t-il obtenir en dénonçant cet état de fait ? « J’avoue que je ne sais pas trop moi-même ce qui suivra, mais je suis certain qu’il faut interpeller nos amis maliens et ceux de la sous-égion, au cas o๠il faudrait reporter l’élection présidentielle… » Mbengue interpelle Alassane Ouattara et la Cédéao A trois jours du premier tour du scrutin présidentiel du dimanche 26 février, l’information semble de dernière minute. Mais Mbengue ne se laisse pas décourager et fait appel à  la Cédéao pour que l’exemple de la Côte d’Ivoire ne se répète pas au Sénégal. « J’interpelle les autorités de l’Union Africaine et de la Cédéao, en particulier le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara, afin qu’elles prennent leurs responsabilités historiques comme la Cédéao les avait prises lors de la crise post- électorale ivoirienne ». Pour Mbengue, il y a un risque d’instabilité politique après le scrutin de dimanche et qui pourrait affecter le Mali, tout comme l’inverse. Au même moment, l’Union Européenne se dit préoccupée par la transparence dans le processus de distribution et de retrait des cartes d’électeurs au Sénégal. l’institution a même appelé dans un communiqué, les partis politiques à  dépêcher des représentants dans chaque bureau de vote pour garantir la transparence… Dakar : un scrutin sous-haute tension Momar Mbengue sera t-il entendu dans son plaidoyer ? Au même moment, l’ancien président nigéran Olusegun Obasanjo est à  Dakar pour tenter de raisonner le président sénégalais Abdoulaye Wade qui se présente à  cette élection pour un troisième mandat. Risque de fraudes à  grande échelle, manifestations post électorales, le message de Mbengue aura-t-il un effet, dans un pays o๠la violence peut monter d’un seul cran. Ce dimanche 26 février à  Dakar, tous les sénégalais retiendront leurs souffles. Fichier électoral fiable ou pas, le bras de fer risque de se jouer entre la rue et les forces de l’ordre, en cas de large victoire au premier tour du candidat Wade. Attendons de voirÂ