Moto-taxi : un mal nécessaire?

l'aventure a commencé avec les « Taxini ». En février 2008, les premiers sont apparus dans les rues de Bamako…

l’aventure a commencé avec les « Taxini ». En février 2008, les premiers sont apparus dans les rues de Bamako et ont tout de suite rencontré un franc succès. l’initiative s’inscrivait dans la politique nationale de l’emploi et avait un double objectif : créer des emplois et faciliter la circulation des personnes. En donnant des emplois à  des jeunes, l’initiative contribue à  lutter contre la pauvreté. Sur ces deux plans, on peut dire opération réussie ! Ces engins, importés de Chine, et coûtant environ 800 000 Fcfa l’unité pullulent désormais dans la capitale, Bamako et dans bien d’autres villes à  l’intérieur du pays. à‰videmment pour les personnes qui vivent dans les quartiers périphériques comme les Logements sociaux de Yirimadio, dits ATTbougou ou encore Ouezzindougou(à  la lisière de Sébénikoro), c’est le moyen le plus adapté pour rejoindre leurs maisons sans avoir à  payer un taxi onéreux ou à  marcher des kilomètres. La seconde catégorie de satisfaits sont les commerçants. Finies les longues négociations avec les taximen pour transporter leur marchandises du marché vers la boutique. Fini les transporteurs à  vélo qui vous renversent votre chargement à  l’entrée du pont ou au beau milieu d’une rue. Avec les taxi-motos, la livraison se fait dans de meilleures conditions et le rapport qualité/prix est excellent. De ce côté-là  aussi, rien à  dire! Pas de respect pour le code de la route Mais pour ceux qui les croisent dans la circulation, motocyclistes ou conducteurs de voitures, ils sont un véritable fléau. « Ils ne respectent aucune règle du code de la route! Ils veulent rouler comme des motos, en se faufilant et tout, alors que leur engin a la corpulence d’une voiture. Résultat, ils fatiguent tout le monde et causent des tas d’accident », s’énerve une dame au volant de sa toyota. Cet autre monsieur, commerçant de son état a quant à  lui vécu une mésaventure qui lui fait tout simplement « haà¯r ces engins ». « J’avais garé ma voiture Mercedes toute neuve devant ma boutique au Quartier-mali. J’étais tranquillement en train de servir un client quand J’entends un grand bruit de tôle froissée à  l’extérieur. Vous ne me croirez pas! Un de ces conducteurs avait gratté tout le côté gauche de la voiture avec sa remorque. La voiture était complètement défigurée. En plus, il n’a pas été capable de donner même 500f pour les réparations! », nous raconte-t-il. « On nous accuse de tout, mais nous on ne fait que gagner notre pain », se défend Ongoà¯ba, un jeune homme dans la trentaine qui vient d’acquérir à  crédit sa moto-taxi. Lui ne fait que de la livraison et avoue plutôt bien s’en sortir. « J’avais une moto avant d’acheter cet engin. Donc personne ne peut me dire que je ne sais pas conduire. Depuis que J’ai commencé, je n’ai jamais fait d’accident, Dieu merci ». Pour lui, les conducteurs de voiture ou de moto veulent les routes à  eux-seuls. « Avant, on disait que C’’était les charrettes, les pousse-pousse, maintenant, C’’est nous que tout le monde pointe du doigt, il faut être tolérant » conclut-il. Croisé à  un feu rouge alors qu’il effectue un déménagement, « Blo » est du même avis que son « confrère ». « Il y a des gens qui font bien leur travail, et d’autres non, ça a toujours été comme ça » déclare-t-il, philosophe. Voiture ou Moto ? Cette question a été posée par un jeune interlocuteur à  moto. « Je ne comprends pas. Je ne sais pas si C’’est des voitures ou des motos. Ils ne roulent pas sur la piste cyclable, mais à  ma connaissance, ils n’ont pas les mêmes charges que les taxis. Alors, il faut qu’on leur donne un statut pour que chacun soit fixé. Il faut qu’on sache si on doit tous arrêter de rouler pour les laisser passer », lâche-t-il à  l’endroit de son parent à  plaisanterie Dogon avant de démarrer en trombe. Un agent de la sécurité routière, quant à  lui, se montre fataliste. Sous couvert de l’anonymat, il confie que bien souvent C’’est au cas par cas que sont gérés les problèmes posés par ces tricycles. « Les motos sont de cylindrées plus élevées que celles des motos Djakarta par exemple. Ce qui fait qu’elles peuvent être exempt de rouler sur les pistes cyclables. D’autant plus que leur gabarit est bien trop grand pour la larguer de ces pistes. Mais, il est vrai que bien des conducteurs ne savant pas très bien manipulés les engins qui sont plus lourds donc moins bien malléables que les motos » explique le policier. Pour qui il est indispensable que les exploitants de ces engins reçoivent un minimum de formation sur leur utilisation. Pas de textes réglementant leur activité spécifique, pas de statut particulier, peu de respect des règles de la route, mauvaise maà®trise des engins…autant de problèmes liés à  l’exploitation de ces « moto-taxi-véhicule de livraison ». Leur utilité, qui n’est remise en cause par personne, ne devra pas faire oublier qu’ils peuvent être source de danger et qu’elle doit être suffisamment encadrée pour éviter les situations dangereuses voire les drames dont ils sont la cause.