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MPV-Mali, le bouclier des journalistes

Le métier de journaliste comprend des risques et les disparitions de professionnels du secteur, à travers le monde, font la…

Le métier de journaliste comprend des risques et les disparitions de professionnels du secteur, à travers le monde, font la Une de l’actualité. Après le décès des deux journalistes Ghislaine Dupont et Claude Verlon, le journaliste malien Birama Touré est porté disparu depuis janvier 2016 en faisant son métier. Le Mouvement de Protection de la Presse contre les Violences (MPV-Mali) tend à instaurer un cadre de sécurité aux journalistes et estime que la liberté d’expression est en danger. Boubacar Yalkoué, directeur de publication du journal Le Pays, en est le président. Il nous parle des défis qui attendent son mouvement.

Journal du Mali : Quels sont les constats des risques liés au métier ?

Boubacar Yalkoué : Les constats que nous avons faits, c’est que nous voyons que sur le terrain, au quotidien, les journalistes se plaignent de comportements venant de l’extérieur. Nous avons, aussi, remarquer qu’en cas de problème il n’y a pas de solidarité entre les journalistes. Depuis de nombreuses années, nous avons des confrères qui subissent certaines intimidations, agressions et même des menaces de mort. Après de nombreuses discussions avec d’autres confrères, nous avons décidé de mettre en place ce mouvement et de voir comment nous pouvons faire pour faire face à ces menaces qui deviennent, aujourd’hui, de plus en plus courantes.

Comment expliquez-vous ce manque de solidarité de la part des personnes du métier ?

Ce manque d’entraide est dû à des questions d’intérêts personnels. Même quand vous voyez au niveau des associations, il y a ce même genre de problème. Ce manque de solidarité ne donne pas une bonne vision de la presse. On peut ne pas être d’accord avec un journaliste, mais cela ne doit, en aucun, cas permettre d’abattre ton confrère au profit d’une autre personne. C’est pourquoi nous avons parlé de mouvement. Ce n’est pas une question association ou d’organe, mais d’individus, car l’adhésion est individuelle. Nous avons des journalistes de presse écrite, de radio et de télévision et même des membres issus des médias publics. D’ailleurs, certains confrères de l’ORTM se sont joints spontanément à nous lors du lancement. 

Quels sont les combats que vous allez mener à travers ce mouvement ?

Nous n’avons aucunes nouvelles de notre confrère Birama Touré, enlevé depuis un an. Une enquête a été ouverte, mais jusqu’à présent, nous n’avons aucunes nouvelles de lui. Nous jugeons cela inadmissible. Au niveau de presse, il y a eu des actions dispersées. Nous devons faire en sorte que la corporation puisse travailler main dans la main dans ce genre de cas. Nous avons approché la famille de notre confrère disparu M. Touré afin de conjuguer nos efforts pour le retrouver. Aujourd’hui, le cas Touré, est notre première mission. Nous sommes en discussion avec des organisations des droits de l’Homme et des organisation pour la protection des journalistes. 

Prévoyez-vous d’autres missions, par exemple, expliquer aux Maliens ce qu’est le métier de journaliste, redorer le blason de la profession qui est mise à mal dans le pays ?

Oui, bien sûr, cela fait aussi partie de nos objectifs. Nous sommes confrontés à beaucoup de difficultés dont nous-mêmes journalistes sommes responsables. Nous travaillons afin que nous puissions vivre de notre métier, que le journaliste respecte l’éthique et la déontologie dans le traitement de l’information. Notre première mission est de nous protéger, tant que cela ne sera pas fait, nous ne serons pas stables et en mesure de poursuivre les travaux que nous souhaitons réaliser. Nous allons initier des formations et d’autres programmes pour permettre aux journalistes maliens d’avoir des lignes directives pour aborder d’autres combats. Nous ferons en sorte de redorer l’image de la profession au Mali, il ne faudrait pas que l’on se voile la face, il y a beaucoup de choses inadmissibles qui se produisent. Nous devons avoir des antennes au niveau des régions pour nous puissions connaître les difficultés rencontrées par tous les journalistes du pays.