Municipales : quand les leaders doivent « banquer »…

Les élections locales sont déjà  là . Si pour le citoyen ordinaire, tout se joue dans l'urne, pour les férus de…

Les élections locales sont déjà  là . Si pour le citoyen ordinaire, tout se joue dans l’urne, pour les férus de politique, C’’est la traite qui commence. Les porteurs de voix, spécialistes de la mobilisation des foules et militants bien imprégnés affutent leurs armes. « Les hommes politiques ne sortent de l’argent qu’en période électorale, ils dépensent sans compter car conscients que tout se fera avec des billets de banque sinon les électeurs vont voir ailleurs » avouent sans ambages Boua, jeune populiste à  Lafiabougou. Son aà®née, Manthiéni, griotte animatrice à  la langue mielleuse et très courtisée par les états-majors politiques, soutient que « les élections se gagnent avec de l’argent. Celui qui veut accéder aux responsabilités et se faire appeler Maire doit avoir de l’argent et savoir en distribuer. Je suis celui qui me couvre de billets de banque et me demande de faire sa promotion dans la circonscription ». Instruit et soucieux du devenir de sa localité, Diarra Omar de la commune I désapprouve de telles attitudes puisque selon lui « la commune est le premier palier du développement national. Les hommes politiques doivent proposer des programmes et débattre en face à  face pour aiguillonner les électeurs. Ces derniers aussi doivent prendre le temps de voir qui est qui ? Qui peut aider la commune ? Finalement, ce n’est plus une élection C’’est beaucoup plus une vente aux enchères et de l’achat de conscience ». Ancien candidat à  la députation, un jeune cadre leader de parti explique « son hésitation à  briguer le suffrage des électeurs par les moyens colossaux à  mobiliser. Pour les législatives, J’ai prélevé plus 27 millions des caisses de mon entreprise et au finish je n’ai rien eu. Cette fois, J’hésite. Le parti me demande d’y aller mais C’’est une façon de me plumer encore or devenir Maire C’’est passer son temps à  faire du social pour garder un électorat. Il aurait été bien que le parti subventionne une partie du budget de campagne ce qui n’est malheureusement pas le cas ». Députée à  l’assemblée nationale, madame Haidara rentre d’une tournée de mobilisation et de recueil des doléances dans son fief de Kéniéba. « J’ai passé une semaine à  Kéniéba pour rencontrer les militants, chauffer la base, discuter avec les leaders locaux en vue des élections locales mais C’’est onéreux. Entre le carburant, les cadeaux, les sollicitations de toutes sortes, les médias, les harangueurs de foule, les collaborateurs directs, les repas, la logistique, la facture devient salée surtout que je ne dois pas faire moins que la présidentielle et les législatives. Je suis de la majorité, J’ai battu Babani Sissoko et pour le président IBK je dois remettre ça même si je dois y laisser des plumes. Aucun ténor du RPM ne doit attendre des fonds provenant de la direction du parti, nous devons mobiliser nos moyens pour conforter le président IBK ». Dans les états-majors, l’heure est aux tractations pour la composition des listes et le montage des dossiers de candidature dont les dépôts sont imminents. Parallèlement, les leaders négocient avec des industriels, des opérateurs économiques et ou des banquiers pour avoir un bon pactole susceptible de faire face aux attentes des militants et aux exigences d’une campagne partie pour être bien disputée.