Naissance d’un activisme sur les médias sociaux

Le 21 juillet 2015, le ministre de la Communication Choguel K. Maà¯ga, porte-parole du gouvernement, intervenait sur le plateau de…

Le 21 juillet 2015, le ministre de la Communication Choguel K. Maà¯ga, porte-parole du gouvernement, intervenait sur le plateau de l’ORTM pour annoncer une série de mesures visant à  faciliter l’obtention du passeport malien. Ce qu’on ne dit pas assez, C’’est qu’une véritable campagne a été lancée sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter, avec le hashtag #LiberezNosPasseports, qui a fait grand bruit et généré 5 411 retweets. Le hashtag est un mot clé qui donne accès, lorsque l’on ajoute le « # », à  tous les contenus sur le même sujet. Auparavant, la campagne #Mali100Méga sur Twitter et Facebook, pour un meilleur débit et un coût plus modéré des connexions Internet, avait permis à  ses initiateurs d’être reçus par Orange Mali. Sur un autre sujet, des pages Facebook ont été créées pour soutenir les forces armées. Le Mali ne fait donc pas exception, car depuis les printemps arabes, les médias sociaux, Facebook en tête, sont devenus des instruments aux mains des internautes, jeunes essentiellement, pour informer, collaborer, créer des plateformes de revendication et coordonner leur action. La campagne autour du passeport a mobilisé les internautes, au point que d’aucuns y ont vu un tournant dans l’utilisation des médias sociaux au Mali. Pour l’un des participants, Fidèle Guindou, consultant web 2.0, la campagne a eu des effets, « dans le sens o๠elle a provoqué une réaction des autorités du pays, notamment du ministère de la communication». Une autre campagne sur le manque d’hygiène à  l’hôpital Gabriel Touré, à  travers l’appel «Sauvons l’hôpital Gabriel Touré », a été largement relayée et a poussé les autorités à  faire enlever les ordures. « Il aura fallu que vous vous énerviez, que vous vous souleviez, que vous publiez ou relayiez des images vilaines d’un hôpital souffrant de gestion calamiteuse, pour qu’enfin ses responsables se réveillent », écrit l’internaute Djimé Kanté, l’un des initiateurs du mouvement. Pour Guindou, «il y a des citoyens conscients de ce qu’Internet offre en termes d’opportunités pour créer des dynamiques de changement social, et susciter le débat sur les grandes questions du pays en créant un éveil de conscience…» De son côté, la bloggeuse Fatouma Harber estime que ces campagnes ne changent pas grand-chose. «Le passeport a fait du bruit juste parce qu’une star s’en est mêlée (Rokia Traoré). », assène-t-elle. «Jusqu’à  présent, l’utilisation des médias sociaux est limitée au Mali, parce que il y a une méconnaissance des outils du web, un taux de pénétration d’Internet faible, et une mauvaise qualité de connexion ». D’o๠un « activisme encore embryonnaire », conclut Guindou.