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NDI-Mali : Quel « démocrate » es-tu ?

l'ONG basée à  Washington, aux Etats-Unis, est plus connue dans l'accompagnement des processus électoraux ou des transitions démocratiques ou encore…

l’ONG basée à  Washington, aux Etats-Unis, est plus connue dans l’accompagnement des processus électoraux ou des transitions démocratiques ou encore des processus politiques dans des pays en situation de post-coups d‘états. C’’est dire la pertinence de son action, en Afrique, o๠la démocratie a encore du chemin à  faire. Avec un rôle consultatif, et entièrement indépendant de toute idéologie politique, le NDI prône une démocratie participative, inclusive et féconde. Son action s’est récemment déployée à  des pays comme le Togo, la Guinée, le Niger, la Mauritanie ou la Côte d’Ivoire pour soutenir les efforts des démocrates. Le NDI, qui œuvre au Mali depuis le début de la transition démocratique de 1991, a ainsi contribué à  la préparation des lois constitutionnelle et électorale, facilité le dialogue politique à  travers le partage des bonnes pratiques démocratiques. l’Institut a un profond respect pour la souveraineté des Peuples et des acteurs qu’il accompagne et pour cela il se refuse à  se poser en donneur de leçons. Le NDI fait la promotion des valeurs démocratiques avec une vision plus large de la citoyenneté. Au Mali, explique Raphael Ouattara, le Directeur résident du Programme, le passage d’une dictature, avec un parti Unique, au pluralisme démocratique, a entraà®né une floraison de partis politiques qui «Â fragmente » l’espace politique dans lequel le citoyen a du mal à  se retrouver : aujourd’hui, l’option du multipartisme intégral est questionné par ceux-là  même qui l’ont réclamé à  cors et à  cris. Le postulat du NDI, en effet, est qu’il n’y a pas de démocratie forte sans partis politiques forts, un peu à  l’image des partis Républicain et Démocrate aux Etats-Unis, deux grandes formations qui rassemblent en leur sein une multitude de petites formations ou tendances plus ou moins marquées à  gauche, à  droite ou au centre. Un nombre raisonnable de partis donne une plus grande lisibilité aux citoyens dans l’expression de leur suffrage. Facilitation politique Un des champs d’intervention privilégié de NDI est le renforcement des partis politiques pour mieux systématiser leur vision et leurs ambitions pour le Mali. Comment un parti politique peut-il vulgariser son action et ses idées afin de retenir le suffrage le plus large des populations ? Le NDI va donc vers ses partis et leur propose des outils, des modèles de structuration interne, etc. : « Comment voulez-vous promouvoir les valeurs démocratiques au niveau de l’Etat – un parti aspire à  gérer l’Etat – si vous n’avez pas appris à  le faire au sein de votre parti ? », interroge Raphael Ouattara qui déplore le culte de la personnalité et le manque de fonctionnement démocratique dans bon nombre de partis maliens. Lesquels ? : « Il n’y a pas d’intérêt à  indexer tel ou tel mais NDI travaille avec tous les partis qui le veulent sauf les partis «Â extrémistes » ou religieux », précise l’expert. Renforcement des Institutions Le NDI considère que la démocratie ne peut être performante que si les Institutions qui l’animent jouent leur rôle de régulation. l’Assemblée Nationale est parmi les Institutions les plus ciblées par le NDI car, soutient le Directeur de NDI-Mali, «Â  une bonne démocratie se mesure à  la santé de son Assemblée Nationale ». Or au Mali, déplore l’expert, les conditions matérielles et de ressources humaines de l’hémicycle ne permettent pas aux Honorables députés de donner la pleine mesure de ce qu’ils devraient faire. Du point de vue de l’éthique démocratique, le député est plus important que le ministre puisqu’il représente un groupe d’individus alors que le ministre est nommé par la volonté d’un seul individu ! Pourtant le ministre a plus de moyens pour fonctionner. Or dans une démocratie, celui qui représente la voix du peuple est investi d’une légitimité que le ministre n’a pas ! Et pourtant, dans nos pays de tradition française, le ministre dispose d’un cabinet, de conseillers, de ressources financières, de chargés de mission etC’… toutes choses dont le député devrait également être doté. Alors quelles solutions ? « Il faut doter les députés de plus de moyens parce qu’ils sont les représentants du peuple! », explique Raphael Ouattara. Démocratie inclusive Elle est l’un des piliers de l’action du NDI au Mali et vise surtout la participation des femmes, des jeunes et des personnes handicapées à  la vie politique : « Ce sont des couches de la société bien trop souvent marginalisées ou instrumentalisées dans les processus politiques », juge Raphael Ouattara. « En considérant le Mali on a environ, 4% de femmes conseillères, 10% députés, 6 femmes ministre sur 32″ : ces statistiques ne reflètent ni le poids démographique ni la qualité des femmes au Mali. Alors que comptez-vous faire ? Renforcer leur participation, encourager leur engagement dans la vie publique et outiller celles qui sont élues ou qui le seront à  l’issue des prochaines échéances que nous souhaitons justes, transparentes et équitables. Sous cet objectif, NDI et d’autres partenaires soutiennent un réseau de partage d’expérience, de sensibilisation et de capacitation des femmes en ligne intitulé IknowPolitics dont la coordonnatrice pour l’Afrique au Sud du Sahara est une jeune Malienne, Mme Dramé Mariame Diallo. Ce réseau a pour vocation de servir de bréviaire pour toutes les femmes en politique qui veulent se cultiver, profiter de l’expérience d’autres femmes ou partager les leurs dans un mouvement de solidarité mondiale pour la cause de l’équité du genre. Le défi des élections de 2012 : justice, équité, transparence La question des échéances présidentielles de 2012 ne pouvait être contournée tant elle est d‘actualité. Le NDI Mali se penchera donc sur la mobilisation électorale au Mali, fer de lance pour la légitimité des élus. Plus les populations sont mobilisées et participent dans les élections, plus les élus ont de la légitimité et plus les Institutions qu’ils animent sont fortes, commente Raphael Ouattara qui promet des actions pour encourager cette participation populaire. Mais, il faut se donner les moyens de «Â sécuriser » le suffrage des électeurs pour ne pas assister à  des situations comme celle du voisin du Sud du Mali. Le NDI encouragera et soutiendra une observation citoyenne des élections de 2012 tout en souhaitant au peuple malien d’avoir des élections les plus démocratiques qui soient et dans le vrai sens du terme, C’’est-à -dire avec la participation du plus grand nombre. Bonne gouvernance Cet aspect nous ramène au renforcement des capacités des institutions, piliers de la démocratie. Mais aussi à  la lutte contre la corruption, qui découle selon Raphael Ouattara d’une question de mentalité et d’éducation civique. l’expert analyse la situation du Mali avec lucidité : « Même si on change des têtes dans les services, la corruption est un vaste défi puisqu’elle est profondément ancrée dans la mentalité de certains individus. Il vaut mieux payer une amende donnée par un policier à  un carrefour pour avoir commis une infraction «Â réelle ou imaginaire » que de monnayer votre faute pour vous en tirer, parce que cela encourage les pratiques de corruption. NDI adresse cette question avec l’Assemblée Nationale actuelle en renforcement ses capacités de lutte contre ce fléau. Mais avec le taux de renouvellement des députés, il faudra recommencer ce travail avec la nouvelle Assemblée Nationale et C’’est comme si le travail actuel était «Â perdu »Â ! Pour remedier à  cet état de fait,  «Â  nous allons nous atteler à  former le staff permanent sur les bonnes pratiques démocratiques » a conclu Raphael Ouattara. Facilitation du dialogue social « Lorsque des militaires font irruption dans la vie politique, à  l’occasion d’un coup d’Etat, comme ils n’y sont pas préparés, ils s’accommodent mal de leurs nouveaux costumes et la confiance avec les populations civiles qu’ils sont supposés protégés : Il faut donc restaurer la confiance entre les deux couches Le NDI s’investit également dans ce rapprochement. » Le temps de la transition ? Cela marche t-il toujours ? Peut-on citer le cas du Niger qui vient d’élire un président après le pouvoir de la junte ? C’’est relatif, estime l’expert. l’irruption des militaires se fait souvent avec un tel fracas que le citoyen met de fois quelque temps avant de s’en remettre et de refaire confiance aux «Â hommes » en armes. Pour conclure, quels sont les résultats de vos actions ? Comment les évaluez-vous ? « Il reste beaucoup à  faire, on a eu des résultats probants mais en matière de démocratie, le défi reste de taille ! Mais en ce qui concerne l’impact du travail de NDI au Mali, c’est aux Maliens d’en juger ! », répond Raphael Ouattara.