Ne l’appelez plus capitaine…mais mon général

Quatre étoiles scintillent désormais sur les épaules de l'ex- capitaine, Amadou Haya Sanogo, auteur du coup d'Etat du 22 mars…

Quatre étoiles scintillent désormais sur les épaules de l’ex- capitaine, Amadou Haya Sanogo, auteur du coup d’Etat du 22 mars 2012 contre le régime d’Amadou Toumani Touré. Il est désormais promu Général de corps d’armée à  compter du 1er août 2013. Ce qui se murmurait jusque là  dans les rues a été confirmé par le traditionnel conseil des ministres du mercredi 14 août 2013. A 41 ans, l’ex-chef de la junte est le plus jeune général à  étrenner quatre étoiles. Il devient ainsi après les deux anciens généraux présidents Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré (tous deux à  la retraite), le général le plus capé. C’est-à -dire qu’il est aujourd’hui le militaire en activité le plus gradé du Mali. Une information qui a été confirmée par une source proche du comité de réforme de l’armée. Le conseil des ministres d’hier a également annoncé la nomination, à  compter du 1er août, à  titre exceptionnel deux autres officiers supérieurs au grade de général de brigade. Il s’agit du colonel-major Didier Dakouo, chef des opérations au nord et le colonel Moussa Sinko Coulibaly, ancien chef de cabinet de l’ancien Comité National de Redressement de la Démocratie et de Restauration de l’Etat (CNRDRE), et l’actuel ministre de l’Administration territoire, de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire. Une ascension fulgurante Le désormais Général qui vaut quatre étoiles, a eu une ascension des plus fulgurantes en moins de deux ans. En effet du grade d’officier subalterne (capitaine), il passe les grades d’officier supérieur-Commandant, Lieutenant-colonel et Colonel- pour enfiler le grade de général. Dans le grade de général, il a aussi passé les deux étoiles du général de brigade et les trois étoiles du général de division, pour porter les quatre étoiles du général de corps d’armée. Il ne lui reste ainsi qu’une autre étoile pour avoir la cinquième et dernière étoile dans le grade de général. Cette promotion ne provoquera t-elle pas des grincements de dents dans l’entourage du désormais général ? Non, répond notre interlocuteur qui s’empresse de préciser que cette promotion est le fruit d’un consensus de tout le groupe qui a jugé le l’ex-capitaine digne de l’honneur. «Â Qu’on ne se fasse pas d’illusion, au niveau du comité, tout le monde est d’accord sur la promotion de notre chef au grade de général de corps d’armée et qu’il mérite amplement pour l’acte salutaire qu’il a posé le 22 mars dernier », déclare avec fierté l’officier. Quid des autres membres de l’ex-junte à  l’image du porte-parole, Amadou Konaré ? «Â Ils seront bientôt récompensés à  leur juste valeur peut-être à  l’occasion du 22 septembre 2013, date commémorative du 53ème anniversaire de l’indépendance du Mali. Réactions diverses Du côté des citoyens ordinaires, la décision est diversement appréciée. Pour certains, le capitaine mérite bien cette promotion pour avoir sauvé le Mali. C’’est le cas de Samba Touré. Selon lui, on ne peut pas faire un coup d’Etat et se retirer comme si de rien n’était « Le coup d’Etat du 22 mars était un coup salutaire et mérite une récompense », dit-il. « Sanogo mérite la promotion au grade de général, cette récompense est juste ». Plus remonté, Moussa Touré qui garde en travers de la gorge le coup d’Etat estime que C’’est une prime au coup d’Etat qui va encourager d’autres militaires à  faire un putsch. Sékou Koumaré pense que Sanogo n’a aucun mérite particulier par rapport aux valeureux militaires tombés sur le champ d’honneur et ceux qui continuent à  se battre sous les feux des ennemis pendant que le capitaine s’embourgeoise à  Bamako. « C’’est Sanogo qui a précipité la chute des trois régions du nord Mali, il est à  l’origine du désordre qu’on vit aujourd’hui ». l’ex-capitaine, proteste Fariman Coulibaly, mérite des poursuites judiciaires pour son implication dans la disparition de certains militaires notamment les bérets rouges. Cette promotion est une insulte à  la mémoire de ses disparus et apporte une caution à  l’impunité. « C’’est dommage », lâche-t-elle, dépitée.