Négociations sur les changements climatiques : L’Afrique en rang serré

La 13è session de la Conférence des ministres africains de l'environnement (CMAE) s'est achevée vendredi dernier, au Centre international des…

La 13è session de la Conférence des ministres africains de l’environnement (CMAE) s’est achevée vendredi dernier, au Centre international des conférences de Bamako (CICB). La cérémonie de clôture était présidée par le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, Tiémoko Sangaré. Elle a enregistré la présence du directeur régional pour l’Afrique du Programme des Nations unies pour l’environnement, Mounkaila Goumandakoye. Du 20 au 25 juin, plus d’une trentaine de ministres en charge de l’environnement des pays africains ont débattu des questions fondamentales pour l’avenir du développement durable en Afrique. Il s’agit du changement climatique, de la dégradation des terres, de la biodiversité et la désertification. Les problèmes de surveillance environnementale des territoires et de l’éducation environnementale des populations ont aussi été abordés au cours de cette réunion. Pendant les travaux, les participants se sont attelés à  la recherche d’une position africaine commune sur le régime climatique international global après 2012, ainsi qu’à  l’élaboration d’un cadre global sur les programmes du continent en matière de changements climatiques. Dans les grandes rencontres internationales, l’Afrique a toujours été marginalisée. Ses problèmes et ses propositions de solutions n’ont jamais été sérieusement pris en compte.Pourtant, malgré sa faible participation aux causes des changements climatiques (3,8 % des émissions globales de gaz à  effets de serre), notre continent paie le plus lourd tribut pour les dégâts. Selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé, près de 23 % de la mortalité en Afrique sont liés à  des facteurs de risques environnementaux. Au même moment, ce sont 60 % des enfants soufrant de fièvre au Ghana, au Mali, au Nigeria et en Zambie qui sont soignés avec des plantes médicinales. Aussi, la pauvreté de l’Afrique est en grande partie liée à  la dégradation de son environnement. Sa part de contribution à  l’économie de la majorité des pays africains est estimée à  près de 26 %. La session de Bamako était donc un tournant dans la préparation du continent pour les prochaines batailles dont la plus proche, est la conférence de Nagoya (au Japon) en octobre prochain. l’Afrique doit partir en rang serré. Le continent doit maintenir ses positions de Copenhague sur les objectifs des pays en matière d’émission des gaz à  effet de serre, a estimé le ministre Tiémoko Sangaré, lors de la cérémonie de clôture. Mais elle doit aussi poursuivre son combat pour un assouplissement du mécanisme de développement propre.Selon le ministre, le principal sujet d’avenir pour nous Africains est l’adaptation aux effets des changements climatiques. Chaque pays doit par conséquent se doter d’un mécanisme national pour négocier et gérer les fonds d’adaptation. « Nous devons de plus en plus coordonner nos actions pour présenter un front uni devant les donateurs, pour participer à  la mise en œuvre internationale des mécanismes de gestion des fonds, et s’assurer que ce nouveau type d’aide au développement ne sera pas un simple redéploiement de l’aide », a préconisé Tiémoko Sangaré. Mais, tout cela ne peut se faire sans l’obtention de données scientifiques fiables et vérifiées, pour étayer cette position, a souligné le ministre de l’Environnement et de l’Assainisment. En matière de biodiversité, la session de Bamako a porté sur la préparation d’une position commune de l’Afrique sur le régime international pour l’accès et le partage des avantages des ressources génétiques. Parmi les points forts, il y a la mise en œuvre d’un régime contraignant, l’extension du domaine de compétences aux dérivés et produits des ressources génétiques, le renforcement des capacités et le transfert de technologies. « Nous serons ainsi mieux armés pour aborder la conférence de Nagoya en octobre 2010 », a déclaré Tiémoko Sangaré. DES SECHERESSES PLUS SEVERES. à‰voquant le chemin parcouru au cours de ces 25 dernières années, Mounkaila Goumandakoye a de son côté relevé que le continent fait face encore à  de nombreux défis. Il a aussi souligné que le continent a fait des progrès remarquables et que les opportunités demeurent immenses, malgré les défis multiples. La conférence de Copenhague n’a pas répondu aux attentes et l’Afrique. Notre continent vit déjà  les effets du changement climatique à  travers des sécheresses plus sévères et plus répétées, les inondations et d’autres catastrophes naturelles qui ont un impact dévastateur sur l’économie et la vie des populations a fait remarquer Goumandakoye. « Les négociations vont êtres difficiles, complexes et ardues. Mais, l’Afrique bénéficiera toujours du soutien du PNUE », a assuré son responsable. l’organisme onusien, tout en accompagnant les pays dans les actions et les initiatives pour faire face aux défis, va activement les aider à  saisir les opportunités comme le mécanisme de développement propre qui finance des projets de développement écologiques à  travers le monde. Sur les 4890 projets enregistrés en mars 2010, seulement 122 se trouvent en Afrique.Au terme de cette 13è conférence, les participants, dans une déclaration se sont dits « déterminés à  renforcer et appliquer les décisions prises par l’Union africaine et la conférence ministérielle africaine sur l’environnement. Ils s’engagent à  renforcer la position de négociation commune en vue d’un régime international global sur les changements climatiques par, la mise en ouvre intégrale, effective et soutenue de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Ils exhortent les gouvernements africains à  appuyer activement ce processus. Et demandent aux pays de prendre des mesures en vue de s’attaquer aux problèmes touchant les groupes vulnérables, en particulier les problèmes imputables aux changements climatiques. Les Africains sont invités à  adopter une approche écosystémique en matière d’adaptation pour lutter contre les changements climatiques. Il est demandé au PNUE et aux autres partenaires d’aider les pays africains à  avoir accès aux ressources disponibles du Fonds d’adaptation de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Mais aussi, d’accélérer la mise en ouvre du cadre d’action de Kyoto pour 2005-2015 et de la stratégie régionale africaine pour la réduction des risques de catastrophes dans la perspective d’accroà®tre la résilience du continent face aux effets néfastes des changements climatiques. Il a été demandé aux organismes des Nations unies, à  la Commission de l’Union africaine, à  l’organe de planification et coordination du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et aux autres partenaires d’appuyer l’élaboration d’une approche stratégique pour lutter contre le déboisement et la dégradation des sols dans toutes zones écologiques, en particulier dans les régions semi-arides et arides d’Afrique.