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Neuf ans à la tête du Mali : Ce qu’ATT n’a pas réussi

8 juin 2011, Amadou Toumani Touré commémore la 9ème année de son investiture comme président de la République du Mali.…

8 juin 2011, Amadou Toumani Touré commémore la 9ème année de son investiture comme président de la République du Mali. A un an de la fin de son deuxième mandat, les commentaires vont bon train quant au bilan de son action. Amadou Toumani Touré, porté au pouvoir un soir d’avril 2002, aura à  énumérer dans son bilan plusieurs inaugurations : le pont de Wabaria à  Gao, l’échangeur multiple de Bamako, la Cité ministérielle, le 3ème pont de Bamako, etc. pour ne citer que ceux-ci. Cependant, ATT a fondamentalement échoué dans bien des domaines aussi prioritaires et indispensables dans le développement d’un pays. Il ne peut y avoir de développement durable dans un pays comme le Mali meurtri par l’absence notoire de l’autorité de l’Etat. Jamais au Mali, l’impunité n’a atteint un tel niveau. Des comportements d’une autre époque ont pris le pas sur le respect des principes élémentaires de civisme. Comme un laisser-aller total, chacun se croit permis tout. Car tout le monde est devenu le «Â pot » (l’ami) de ATT, ou la cousine de Lobbo (la Première dame). Les récents évènements intervenus au campus universitaire de Bamako, constituent l’illustration la plus parfaite de cette absence de l’Etat. Au C’œur de ce campus, des gangsters font la loi au vu et su des forces armées et de sécurité. Comme dans un far-west, le secrétaire général de l’AEEM a incendié des logements entiers d’étudiants (parce que ce sont des adversaires), il a battu certains à  sang, etc. Il n’a jamais été inquiété, car nous sommes en République du Mali sous ATT. Dans l’administration publique, la justice, la circulation, les commissariats de politice et les brigades de gendarmerie, etc. le laisser-aller a donné du dégout à  nos compatriotes. Le chômage des jeunes a atteint son record, et au niveau du ministère de l’emploi on ment sur les chiffres, ou tout simplement on refuse de communiquer. Le plaisir de la corruption et le détournement du bien public Malgré un semblant de «Â volonté affichée » pour venir à  bout de la corruption, le président ATT semble encourager la déroute des finances publiques. Neuf ans après, de sérieuses interrogations demeurent quant aux résultats de cette «Â volonté affichée ». Du moins si l’on se réfère aux cas de détournement des biens publics et de corruption dénoncés par les différents rapports de contrôle. De 2002 à  nos jours, près d’une dizaine de rapport de contrôle sont produits. Le seul Bureau du Vérificateur Général, un instrument de vérification de contrôle de gestion des ressources publiques, a fourni trois rapports au cours des sept ans du mandat de Sidi Sosso Diarra. Le premier a porté sur un manque à  gagner de 20 milliards, le deuxième sur plus de 100 milliards, et le troisième a constaté un déficit d’environ 80 milliards de francs CFA. Par ailleurs, d’autres vérifications effectuées courant 2005-2006-2007 ont signalé un manque à  gagner de 138,58 milliards de F CFA, et seuls 31,78 milliards de F CFA ont été recouvrés. Le dernier rapport de la CASCA (Cellule d’Appui aux Services de Contrôle de l’Administration), remis le mois dernier au président de la République, ne relève pas d’une baisse du phénomène. Encore moins les assises des «Â Etats généraux sur la corruption et la délinquance financière » organisées fin 2009. En clair, d’année en année, les caisses de l’Etat s’effondrent au grand dam du puissant juge anti-corruption Sombé Thérra. Qui semble faire fi des cas de vols mentionnés. Mais pour montrer qu’il existe, il trouve son plaisir à  emprisonner 5 journalistes maliens pour  une prétendue «Â offense au chef de l’Etat ». Mais le magistrat Sombé recommande ne pas arrêter les gens parce qu’ils ont volé. l’année dernière dans son émission «Â Baaro » (la causerie) ATT a été clair : «Â je n’arrête personne parce qu’il a volé. Mais je t’oblige à  rembourser ce que tu as pris dans la caisse du pays ». No comment ! l’argent de l’Etat est devenu comme une sorte de caisse d’épargne o๠on emprunte de l’argent pour rembourser plus tard. Les dispositions juridiques sont claires : le vol est un délit. Et en plus du remboursement, la sanction pénale est obligatoire. Si ATT ne le fait pas, C’’est qu’il encourage le vol. La peur sur Bamako l’insécurité demeurera le mauvais souvenir qu’ATT laissera aux Maliens. Les rues de Bamako s’apparentent désormais à  celles de Kingston en Jamaà¯que, du Texas, ou encore celles assiégées par les cartels de la drogue au Mexique. Difficile pour le citoyen de circuler librement à  une certaine heure de la nuit à  travers Bamako. La ville vit régulièrement au rythme des attaques à  mains armées, en pleine circulation ou à  domicile. l’histoire de la Mercedes blanche, qui a organisé et mis en application son plan de braquage de l’EDM de Magnambougou, et de nombreuses boutiques à  travers la ville, hante encore les esprits. La recrudescence du grand banditisme sur les axes routiers, et l’intérieur dans nos villes (comme Bamako) témoignent de l’inexistence des forces armées et de sécurité. Les quelques rares bandits appréhendés, sont remis en liberté deux jours après. D’o๠le retour aux mesures extrêmes imposées désormais par une population en détresse : l’application de «Â l’article 320 » qui constitue à  bruler vif un voleur, ou un malfrat. Lorsqu’un Etat ne s’assume pas, il fait face à  des situations de ce genre. Disons-le net ! Les Maliens veulent imposer la justice populaire. Le message est clair à  l’endroit de ATT : C’’est la conséquence de son échec.