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« N’gunu N’gunu kan » : Soussaba Cissé veut « qu’on nous dise la vérité » !

Chaleureuse et sympathique ! Ce sont les premiers mots qui viennent à  l'esprit quand on rencontre Soussaba Cissé. Fille du…

Chaleureuse et sympathique ! Ce sont les premiers mots qui viennent à  l’esprit quand on rencontre Soussaba Cissé. Fille du célèbre réalisateur malien Souleymane Cissé, Soussaba n’a pas pu échapper au virus familial. Pourtant, le cinéma n’a pas été son premier amour. « En fin de lycée j’ai commencé à  m’intéresser au stylisme car je dessinais déjà  mes habits et les mettais en œuvre moi-même » nous raconte-t-elle. Très vite cependant, elle commence à  changer d’idées, et pense rejoindre la « nouvelle génération de cinéastes » africains. « Je suis allée à  Paris pour faire des études de cinéma au CLCF (Conservatoire libre du cinéma français) o๠je suis restée 4 ans. Et pendant ces années j’ai réalisé mon premier film M’bah Muso et le second Tinye Su, un court métrage de fiction, suivie en fin d’étude par Seben Tan ». Apres avoir terminé son cycle universitaire en France, elle effectue des stages sur plusieurs plateaux en France et aux Etats-Unis. Depuis, Soussaba Cissé totalise 12 films qui traitent des maux de la société africaine mais aussi celle de la France. l’excision, le problème des sans- papiers, l’immigration, la dépigmentation, les enfants mendiants, sont entre autres ses sujets de prédilections. La promotion des valeurs traditionnelles et culturelles tient à  C’œur à  la jeune réalisatrice. s’accepter comme on est avec tout ce qu’on a de bon et travailler à  corrige rce qui ne va pas, C’’est le message qu’elle veut passer à  travers ses œuvres. Un phénomène qui la choque particulièrement, C’’est celui de la dépigmentation. « La dépigmentation me fait très mal. Aujourd’hui tu regardes à  Bamako, tu as l’impression d’être au milieu des métisses. Je n’ai pas trouvé une couleur plus meilleure que la peau naturelle. Noir ou blanc tu es né comme ça. Le problème est que la dépigmentation a une conséquence néfaste sur la santé » explique –t-elle. « Il faut que nos ainés nous disent la vérité sur la question des touaregs » Le dernier long métrage de Soussaba Cissé porte sur la question touareg de Soussaba Cissé. Celle-ci s’interroge sur la question devenue récurrente. « Je pense cette question doit être débattue vraiment, sans faux-semblants, sans tabou. Il faut que nos parents, ceux qui savent, nous disent les fondements de ce problème, parce que nous les jeunes nous ne comprenons pas ce qui se passe ». Soussaba est convaincue que ce sont les non-dits qui aggravent la situation. Et quand le secret entoure quelque chose, la place est faite à  la rumeur, d’o๠le titre de sa nouvelle œuvre, « N’gunu N’gunu kan » («rumeurs de guerre », ndlr) La réalisatrice appelle les maliens à  éviter la division pour avancer sur qu’on avait commencé à  bâtir ensemble. « Je pense que cette guerre va laisser des traces pour les générations futures. Le message fort que je voudrai lancer est que nos ainés nous disent la vérité sur ce qui s’est passé avant. Nous ne sommes plus des enfants. Que le problème touareg soit débattu et voyons comment renouer le dialogue. Et surtout avec le problème de territoire et de race que je ne comprends pas vraiment. Et nous qu’on arrête de poser des questions ou inventer des choses qui n’existent pas». Souleymane Touré, alias « Petit Boua », 26 ans est passionné par le slam et animateur dans une radio de Tombouctou. Il a été laissé pour mort il y a quelques mois par les terroristes occupant le nord du Mali pour avoir motiver les jeunes du nord à  leur résister. Un voyageur en route pour Bamako lui porte secours et le conduit à  l’Hôpital o๠il recevra des soins. Son histoire fait le tour du Mali, les médias internationaux en parlent et Petit Boua réalise qu’il peut se servir de cette mésaventure pour aider dans le sens de la sortie de crise, de la réconciliation. « N’gunu N’gunu kan » est son témoignage, enrichi de nombreux autres, pour que la vérité soit dite pour que le Mali ne connaisse plus jamais la crise qu’il traverse actuellement.