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Nord Mali : A quoi joue Ançar Dine ?

Depuis quelques jours, le mouvement Ançar Dine (Défenseur de l'Islam en arabe ) fait parler de lui. Avec pour objectif…

Depuis quelques jours, le mouvement Ançar Dine (Défenseur de l’Islam en arabe ) fait parler de lui. Avec pour objectif d’instaurer la Charia au Mali, il a à  sa tête Iyad Ag Ghali, un ancien rebelle des années 90, et ex membre de l’administration malienne. Revendiquant à  travers une vidéo diffusée sur Internet, sa participation aux attaques d’Aguel Hoc, en janvier, le groupe armé va jusqu’ à  prétendre avoir  des liens avec le Mouvement Ansardine du prêcheur et guide spirituel Ousmane Madani Chérif Haidara. En réponse, Haidara, a tenu à  rappeler qu’il n’existe aucun rapport, ni de près, ni de loin avec le groupe islamiste aujourd’hui très contesté crée par Iyad Ag Ghali.

Lors de traditionnelle rencontre avec la presse à  la suite du Maouloud dernier, le prêcheur avait aussi laissé entendre qu’aucun membre de son association n’oserait prendre les armes contre sa patrie. Par ailleurs, un membre du Haut Conseil Islamique du Mali, dont on connaît la position tranchée pour une application rigoureuse de la loi musulmane au Mali, aurait affirmé à  l’AFP, avoir été contacté par le groupe Ançar Dine. Objectif de ces derniers : « Instaurer la charia par la lutte armée ». De là  à  cautionner les idéaux du mouvement Ançar Dine, il y a un pas.… Démenti du MNLA Ançar Dine va encore plus loin dans sa stratégie de communication et affirme contrôler le nord-est du Mali, aux côtés des rebelles : « Grâce à  Dieu, nous avons sous notre contrôle, l’Adrar des Iforas (nord-est). Nos soldats de Dieu occupent et contrôlent Tinzawaten, Tessalit, Aguelhok, et nous aurons bientôt d’autres victoires », indique le mouvement dans un communiqué récent. De con côté, le MNLA, qui cherche l’indépendance du territoire Azawad, prétend, ne pas tout à  fait avoir les mêmes objectifs, même si l’ennemi est le même : « Le MNLA veut « une République, mais aujourd’hui, les autres (Ançar Dine) veulent la charia. On n’est pas d’accord et si c’est comme ça, chacun prendra sa route ».

Ançar Dine s’inscrit malgré tout aux côtés des rebelles du MNLA, en semant la confusion dans les esprits : « Quiconque n’est pas d’accord avec nous doit quitter nos terres », le mouvement qui affirme qu’il va « bientôt libérer au moins 110 prisonniers civils et militaires arrêtés dans tout le nord du Mali ». Le MNLA, rappelle alors à  qui veut l’entendre que : «Â  Ansar Edine n’est pas fortuit. Cette association crée en 1983 à  Bamako et qui compte les non moins bien célèbres « salafistes » Cherif Ousmane Haidara et Mohamed Dicko tous deux bien connus pour avoir planifié la mort du code de la famille au Mali et déclaré publiquement leur engagement politique à  influer les résultats des élections présidentielles à  venir au Mali ont certainement trouvé des oreilles attentives pour oeuvrer dans le même sens sur le territoire de l’Azawad espérant que l’effet domino qui consiste à  perturber les élections présidentielles en se positionnant comme recours ultime en tant que médiateurs tout en permettant au président Amadou Toumani Touré de garder la main en fin de mandat sur l’avenir du pays sous quelque forme que ce soit. » Avec pour objectif d’appliquer la charia au Mali, le mouvement Ançar Dine, n’est pas très loin des revendications d’AQMI en voulant s’inscrire dans la logique de conquête du MNLA sur près de 2/3 du territoire national, de Léré à  Tessalit.

Si l’on déplore la faiblesse de l’armée malienne face à  ses ennemis sur le terrain, on assiste à  une fragmentation de la rébellion, depuis ses origines jusqu’à  nos jours, où chacun, prend les armes pour réclamer un combat personnel. A quoi joue Iyad Ag Ghali ? Est-il vraiment pour une application de la charia au Mali, où fait-il le jeu du pouvoir qui a accusé AQMI de combattre aux côtés de la rébellion ? Brouiller les pistes Ces déclarations de part et d’autre attestent en tout cas une volonté de brouiller les pistes sur la situation au nord du Mali. Pour le citoyen lambda, qui ne saisit pas la réalité géographique du conflit armée au nord du pays, les enjeux de cette crise sont véritablement plus complexes qu’‘un simple retour de la rébellion.…Mais sur le terrain, ce sont des maliens qui sont tués chaque jour et des milliers de personnes déplacés de leurs habitations. C’’est sans doute pourquoi les femmes de Kati sont à  nouveau sorties ce lundi 19 Mars à  Bamako pour réclamer à  ATT, le retour de leurs soldats du nord. Mais le nord doit-il être laissé à  lui-même? Ou aux mains des rebelles, des islamistes, des djihadistes de tout genre ou tout simplement de trafiquants d’armes venus de Libye et de bandits armés animés par la volonté de semer le trouble ? La réunion du Conseil de paix et de sécurité (CSP) de l’Union Africaine qui s’est ouverte ce matin à  Bamako va-t-elle apporter une autre réponse à  cette crise ? C’’est quand même l’intégrité territoriale du Mali qui est en jeu !