Normes et qualité : sommes-nous protégés ?

Denrées alimentaires périmées, eau en sachets d'origine douteuse, médicaments contrefaits… Le marché malien est saturé de produits dont la qualité…

Denrées alimentaires périmées, eau en sachets d’origine douteuse, médicaments contrefaits… Le marché malien est saturé de produits dont la qualité laisse à  désirer et est même dangereuse pour les consommateurs. Ces derniers se sentent livrés à  la merci de commerçants véreux sans qu’aucune disposition ne soit prise pour les protéger. Il existe pourtant un dispositif réglementaire et de nombreux acteurs chargés du contrôle de la qualité des produits mais l’absence de synergie et un manque de moyens face à  l’étendue de la tâche, de même que la faible coopération des consommateurs eux-mêmes, rend difficile la tâche au quotidien. « Un seul chiffre, à  titre d’exemple : 6% des médicaments contrôlés par le Laboratoire national de la santé (LNS) ne sont pas de qualité », explique le Professeur Benoit Yaranga Koumaré qui dirige cette structure, la seule accréditée au niveau national pour le contrôle la qualité des médicaments, aliments, boissons et autres produits ou substances pouvant avoir un impact sur la santé humaine ou animale. Un pourcentage qui semble bas mais qui représente un véritable danger pour le consommateur, qui ingère au moins « un placebo, au pire un poison qui le tue à  petit feu », explique l’expert qui indique que ce taux augmente de manière inquiétante ces dernières années. Les « faux-produits », il y en a dans « tous les rayons et sur tous les étals aujourd’hui », reconnait pour sa part un agent de la Direction nationale du commerce et de la concurrence, structure en charge de la veille sur les marchés. Notre interlocuteur qui a requis l’anonymat met cette situation sur le compte, d’abord de l’étendue du territoire national et de la porosité des frontières qui favorise la contrebande à  grande échelle, ensuite du peu de ressources humaines et financières allouées à  cette tâche de contrôle sur les marchés. « Les clients sont donc livrés à  la merci de commerçants qui exploitent la pauvreté et l’ignorance pour déverser des produits non conformes aux normes », ajoute-t-il. Car des normes, il en existe au Mali. l’Agence malienne de la normalisation et de promotion de la qualité (AMANORM) qui a pour tutelle le ministère du Commerce et de l’Industrie, est la structure en charge d’animer et de coordonner les travaux, études et enquêtes en matière de normalisation, de promotion de la qualité, de certification et d’accréditation, et d’accompagner les entreprises à  la certification de leur système de production et de leurs produits tout en les informant et les conseillant en matière de normalisation, d’assurance qualité, de management qualité. En juin 2015, le gouvernement de la République du Mali a adopté la Politique nationale de la qualité et son Plan d’actions 2015 – 2017. Objectif principal de ce texte, la protection du consommateur et la mise en conformité des produits des entreprises maliennes afin qu’elles soient compétitives sur le marché local et international. Coopération nécessaire entre les acteurs « Le problème, C’’est que le Malien lambda ne voit pas les retombées de ce travail », assure le vice-président de l’Association des consommateurs du Mali (ASCOMA). A. W. Diakité estime en effet que la pléthore d’acteurs ne permet pas un travail efficace. « Les différentes structures (Laboratoire national de la santé, Agence nationale pour la sécurité sanitaire des aliments, le Laboratoire central vétérinaire, etC’…) sont dans une lutte de leadership, au lieu de se concentrer sur l’essentiel, la sécurité des produits et la protection de la santé humaine et animale » explique-t-il. Une situation qui, ajoutée au manque de moyens, la corruption, et la « libération à  outrance, o๠chacun peut vendre ce qu’il veut, comme et quand il le veut » crée une véritable insécurité du consommateur malien. Même des produits auxquels on ne songerait pas dans la chaà®ne de contrefaçon sont touchés, tels que les préservatifs ou encore les engrais, dont l’utilisation se chiffre en milliers de tonnes chaque année et dont la mauvaise qualité a une incidence sur celle des récoltes. Du côté des structures, on se défend de tout conflit et on met en avant « la coopération entre les services techniques, en particulier dans le renforcement du contrôle alimentaire ». Les associations de consommateurs ? Elles ne sont pas des syndicats, ni des organes de répression, mais plutôt « des organes de veille », explique-t-on à  l’ASCOMA. l’ASCOMA agit là  o๠se prennent les décisions. Elle est présente au niveau de 25 structures habilitées à  prendre des décisions touchant aux intérêts des consommateurs. « l’ASCOMA joue son rôle en constatant l’existence d’un mauvais produit mais ne peut saisir l’entreprise ou le commerçant : la saisie relève du service public concerné », se défend M. Diakité. Même argument du côté du Laboratoire national de la santé o๠on estime que l’à‰tat doit être plus fort en dotant ses structures de contrôle de moyens d’actions. Le « mba to Allah ma » Pour tous les acteurs rencontrés, le principal concerné par la question de qualité et de respect des normes, tant en termes de produits alimentaires, que de biens et de services, ne joue pas son rôle. Il s’agit du consommateur. « Le Malien, quand il est grugé par un commerçant ou un prestataire, n’a pas la culture de porter plainte », s’explique M. Diakité de l’ASCOMA. « Je le laisse avec Dieu », est la phrase la plus prononcée en ces circonstances, créant une situation o๠les auteurs de l’infraction, puisque ça en est une, ne se sentent guère menacés et continuent leurs activités. Alors même que les recours juridiques existent. La question de la prolifération des médicaments contrefaits ou des médicaments de la rue est particulièrement liée au consommateur. Le Professeur Konaré en est convaincu, « ils tuent à  petit feu ceux qui les consomment. Le manque de moyens ne saurait être une raison puisque pour traiter l’état causé par ces médicaments, on devra de nouveau débourser ». « Ne vaut-il pas mieux investir une bonne fois dans un produit de qualité ? », s’interroge-t-il. l’information, l’éducation et la sensibilisation mais aussi les mesures coercitives sont les ingrédients du cocktail qui devra permettre de préserver la santé et le bien-être des Maliens, à  travers la garantie d’une qualité minimum pour les produits qu’ils consomment. La tenue des Journées maliennes de la qualité, organisées par l’Association malienne pour la qualité, qui prennent fin ce jeudi 12 novembre au CICB, participe de ces efforts de sensibilisation. Cette 11ème édition a porté sur le « management de la qualité dans les banques et les BTP », alors que les accidents tragiques se multiplient à  cause du non respect des normes de construction de bâtiments. Denrées alimentaires périmées, eau en sachets d’origine douteuse, médicaments contrefaits… Le marché malien est saturé de produits dont la qualité laisse à  désirer et est même dangereuse pour les consommateurs. Ces derniers se sentent livrés à  la merci de commerçants véreux sans qu’aucune disposition ne soit prise pour les protéger. Il existe pourtant un dispositif réglementaire et de nombreux acteurs chargés du contrôle de la qualité des produits mais l’absence de synergie et un manque de moyens face à  l’étendue de la tâche, de même que la faible coopération des consommateurs eux-mêmes, rend difficile la tâche au quotidien. « Un seul chiffre, à  titre d’exemple : 6% des médicaments contrôlés par le Laboratoire national de la santé (LNS) ne sont pas de qualité », explique le Professeur Benoit Yaranga Koumaré qui dirige cette structure, la seule accréditée au niveau national pour le contrôle la qualité des médicaments, aliments, boissons et autres produits ou substances pouvant avoir un impact sur la santé humaine ou animale. Un pourcentage qui semble bas mais qui représente un véritable danger pour le consommateur, qui ingère au moins « un placebo, au pire un poison qui le tue à  petit feu », explique l’expert qui indique que ce taux augmente de manière inquiétante ces dernières années. Les « faux-produits », il y en a dans « tous les rayons et sur tous les étals aujourd’hui », reconnait pour sa part un agent de la Direction nationale du commerce et de la concurrence, structure en charge de la veille sur les marchés. Notre interlocuteur qui a requis l’anonymat met cette situation sur le compte, d’abord de l’étendue du territoire national et de la porosité des frontières qui favorise la contrebande à  grande échelle, ensuite du peu de ressources humaines et financières allouées à  cette tâche de contrôle sur les marchés. « Les clients sont donc livrés à  la merci de commerçants qui exploitent la pauvreté et l’ignorance pour déverser des produits non conformes aux normes », ajoute-t-il. Car des normes, il en existe au Mali. l’Agence malienne de la normalisation et de promotion de la qualité (AMANORM) qui a pour tutelle le ministère du Commerce et de l’Industrie, est la structure en charge d’animer et de coordonner les travaux, études et enquêtes en matière de normalisation, de promotion de la qualité, de certification et d’accréditation, et d’accompagner les entreprises à  la certification de leur système de production et de leurs produits tout en les informant et les conseillant en matière de normalisation, d’assurance qualité, de management qualité. En juin 2015, le gouvernement de la République du Mali a adopté la Politique nationale de la qualité et son Plan d’actions 2015 – 2017. Objectif principal de ce texte, la protection du consommateur et la mise en conformité des produits des entreprises maliennes afin qu’elles soient compétitives sur le marché local et international. Coopération nécessaire entre les acteurs « Le problème, C’’est que le Malien lambda ne voit pas les retombées de ce travail », assure le vice-président de l’Association des consommateurs du Mali (ASCOMA). A. W. Diakité estime en effet que la pléthore d’acteurs ne permet pas un travail efficace. « Les différentes structures (Laboratoire national de la santé, Agence nationale pour la sécurité sanitaire des aliments, le Laboratoire central vétérinaire, etC’…) sont dans une lutte de leadership, au lieu de se concentrer sur l’essentiel, la sécurité des produits et la protection de la santé humaine et animale » explique-t-il. Une situation qui, ajoutée au manque de moyens, la corruption, et la « libération à  outrance, o๠chacun peut vendre ce qu’il veut, comme et quand il le veut » crée une véritable insécurité du consommateur malien. Même des produits auxquels on ne songerait pas dans la chaà®ne de contrefaçon sont touchés, tels que les préservatifs ou encore les engrais, dont l’utilisation se chiffre en milliers de tonnes chaque année et dont la mauvaise qualité a une incidence sur celle des récoltes. Du côté des structures, on se défend de tout conflit et on met en avant « la coopération entre les services techniques, en particulier dans le renforcement du contrôle alimentaire ». Les associations de consommateurs ? Elles ne sont pas des syndicats, ni des organes de répression, mais plutôt « des organes de veille », explique-t-on à  l’ASCOMA. l’ASCOMA agit là  o๠se prennent les décisions. Elle est présente au niveau de 25 structures habilitées à  prendre des décisions touchant aux intérêts des consommateurs. « l’ASCOMA joue son rôle en constatant l’existence d’un mauvais produit mais ne peut saisir l’entreprise ou le commerçant : la saisie relève du service public concerné », se défend M. Diakité. Même argument du côté du Laboratoire national de la santé o๠on estime que l’à‰tat doit être plus fort en dotant ses structures de contrôle de moyens d’actions. Le « mba to Allah ma » Pour tous les acteurs rencontrés, le principal concerné par la question de qualité et de respect des normes, tant en termes de produits alimentaires, que de biens et de services, ne joue pas son rôle. Il s’agit du consommateur. « Le Malien, quand il est grugé par un commerçant ou un prestataire, n’a pas la culture de porter plainte », s’explique M. Diakité de l’ASCOMA. « Je le laisse avec Dieu », est la phrase la plus prononcée en ces circonstances, créant une situation o๠les auteurs de l’infraction, puisque ça en est une, ne se sentent guère menacés et continuent leurs activités. Alors même que les recours juridiques existent. La question de la prolifération des médicaments contrefaits ou des médicaments de la rue est particulièrement liée au consommateur. Le Professeur Konaré en est convaincu, « ils tuent à  petit feu ceux qui les consomment. Le manque de moyens ne saurait être une raison puisque pour traiter l’état causé par ces médicaments, on devra de nouveau débourser ». « Ne vaut-il pas mieux investir une bonne fois dans un produit de qualité ? », s’interroge-t-il. l’information, l’éducation et la sensibilisation mais aussi les mesures coercitives sont les ingrédients du cocktail qui devra permettre de préserver la santé et le bien-être des Maliens, à  travers la garantie d’une qualité minimum pour les produits qu’ils consomment. La tenue des Journées maliennes de la qualité, organisées par l’Association malienne pour la qualité, qui prennent fin ce jeudi 12 novembre au CICB, participe de ces efforts de sensibilisation. Cette 11ème édition a porté sur le « management de la qualité dans les banques et les BTP », alors que les accidents tragiques se multiplient à  cause du non respect des normes de construction de bâtiments.