« Nous travaillons dans l’ombre »

l'Association des Consommateurs du Mali (ASCOMA) a fêté ses 20 ans le 11 janvier dernier et a célébré cet anniversaire…

l’Association des Consommateurs du Mali (ASCOMA) a fêté ses 20 ans le 11 janvier dernier et a célébré cet anniversaire le 15 mars à  l’occasion de la Journée mondiale du Consommateur. Celle qui en est la présidente depuis les premiers jours nous en livre le bilan. Journaldumali.com : Après vingt années d’activité, quelle est votre appréciation du chemin parcouru par votre organisation ? Mme Coulibaly Salimata Diarra : Effectivement en vingt ans, on ne s’en est pas rendu copte mais il y a eu beaucoup de choses. Il y a une forte prise de conscience par rapport aux questions de consommation alors qu’auparavant on n’y pensait même pas. Aujourd’hui la question de l’hygiène sanitaire, de la salubrité des aliments est une question d’actualité qui intéresse tout le monde. Nous avons réussi à  avoir notre agence nationale de sécurité sanitaire des aliments grâce à  l’étude que nous avons menée en la matière. Mais il faut dire que les résultats que nous avons engrangés sont les résultats partagés avec les services techniques qui ont été des partenaires efficaces en matière de protection des consommateurs. Depuis le début du mouvement, nous avons eu une collaboration intersectorielle très forte parce que chacun a joué sa partition pour que nous puissions arriver aux résultats d’aujourd’hui. Ce qui nous reste sur le C’œur, C’’est le fait de ne pas avoir de loi réelle de protection du consommateur. Avec tout ce qu’il y a aujourd’hui sur le marché, je pense qu’il y a lieu d’y penser très sérieusement et de voir dans quelle mesure amendée la proposition faite par l’UEMOA et l’adapter pour la sous-région et pourquoi pas à  toute la région africaine. Journaldumali.com : Rappelez le contexte qui prévalait à  la création de l’ASCOMA. Mme Coulibaly Salimata Diarra : l’ASCOMA a été créée pour répondre aux préoccupations et faire face à  la pression que subissaient les populations aux lendemains des programmes d’ajustements structurels. Il y avait une dégradation des conditions de vie. La pauvreté était là  avec les licenciements en masse. Alors les marchés ont été inondés par des produits de mauvaise qualité, la situation n’a d’ailleurs pas beaucoup changé. Mais la conscience est aujourd’hui plus élevée qu’en ce temps-là , ce qui est déjà  un acquis. Je pense qu’au delà  de la pauvreté, les gens essaient de mieux réfléchir à  ce qu’on leur propose, même si on ne sent pas très bien ce changement de comportement. Journaldumali.com : Pourtant, nombreux sont les maliens qui pensent que l’ASCOMA ne sert à  rien. Mme Coulibaly Salimata Diarra : Je crois que les gens ont une mauvaise perception du rôle d’une association de consommateurs. Nous faisons beaucoup de choses mais nous les faisons dans l’ombre. Vous savez, l’un des droits du consommateur, C’’est le droit à  la représentation. Ce qui nous permet d’être à  un certain niveau et d’influencer certaines prises de décisions. Prenez l’exemple du bromate de potassium qui était utilisé dans la panification. Grâce à  notre intervention, la presse a relayé l’information sur les dangers. Et cette action a fait que ce produit a été prohibé au Mali, de l’alimentation malienne comme animale. Si je prends la question énergétique, au regard des résultats obtenus aujourd’hui dans ce domaine, nous pouvons être fiers des résultats. Nous avons été les premiers à  aller sur le terrain, faire l’état des lieux, susciter l’intérêt des gouvernants qui ont fini par faire des investissements massifs pour que les services de la société EDM sa puissent tendre vers la satisfaction des besoins des maliens. Le travail est fait dans le cadre du plaidoyer et du lobbying mais il est fait en marge du public, C’’est vrai. En général C’’est le politique qui s’approprie les résultats mais nous sommes à  l’origine de nombreuses avancées. Journaldumali.com : Quelles sont les perspectives de l’ASCOMA ? Mme Coulibaly Salimata Diarra : Nous sommes en train d’envisager d’aller jusqu’au niveau des communes pour débattre des questions que vous venez de nous poser et voir les suggestions que les populations elles-mêmes par rapport à  ce que nous pouvons faire ensemble. Nous allons ensuite élaborer de nouveaux axes stratégiques à  mettre en œuvre pour mieux défendre encore les droits des consommateurs. Je voudrais signaler que l’ASCOMA pendant ces vingt ans, a travaillé sans financements. Ce n’est pas comme les autres organisations de la société civile comme les ONG féminines qui sont soutenues dans leurs actions. La consommation est prise comme un élément qui gêne les uns et les autres comme les opérateurs économiques, les gouvernants qui pensent qu’on est là  pour leur créer des problèmes. Ce n’est pas facile comme situation.