Nouvelle vague d’arrestations: tentative de putsch?

Alors que les maliens retenaient leur souffle en attendant la nomination d'un Premier Ministre pour diriger la transition et préparer…

Alors que les maliens retenaient leur souffle en attendant la nomination d’un Premier Ministre pour diriger la transition et préparer les élections, la junte vient de procéder à  l’arrestation de personnalités politiques et militaires entre 23 heures hier lundi et tôt ce mardi matin. Cinq sont d’anciennes figures du régime d’Amadou Toumani Touré. Il s’agit notamment de l’ancien ministre de la défense Sadio Gassama, le directeur général de la police nationale, Mahamadou Diagouraga, l’ancien chef d’état-major particulier d’ATT, le général Hamidou Sissoko dit « Man » et de l’ancien Premier ministre, Modibo Sidibé. C’’est la troisième fois depuis le coup d’Etat que ce dernier se retrouve entre les mains du CNRDRE. Sa famille se dit inquiète et au niveau des clubs de soutien qui appuyaient sa candidature, on crie à  l’acharnement. Soumaà¯la Cissé, précédemment président de la Commission de l’UEMOA et candidat de l’URD à  l’élection présidentielle a également été arrêté. Blessé, il aurait été conduit par une ambulance à  Kati. Le groupe de militaires, dont certains étaient cagoulés, s’est également rendu aux domiciles de leaders politiques tels que le Pr Ali Nouhoum Diallo (COMMODE), Tiébilé Dramé (PARENA), Me Kassoum Tapo et Ibrahima Ndiaye (ADEMA). Diversion ou chasse au sorcières ? Plusieurs rumeurs courent à  propos des raisons de ces interpellations. La plus reprise est celle d’une tentative de coup d’Etat fomentée par ces personnalités. Mais cette raison est repoussée du revers de la main par les analystes qui pensent qu’il s’agit d’une manœuvre de diversions de la junte pour ne pas tenir les engagements pris dans l’Accord-cadre du 6 avril dernier. Une chose est sure, ces personnalités sont plus ou moins gênantes pour la junte du CNRDRE. Le général de brigade Sadio Gassama, dont la rencontre avec les mutins a dégénéré le 21 mars dernier, était soumis à  des soins de santé suite à  une blessure grave. Selon plusieurs observateurs, son arrestation par la junte serait liée au fait que l’officier reste très influent dans les rangs des forces armées et de sécurité. « La junte a des raisons de ne pas être rassuré tant que des officiers comme Sadio Gassama sont dehors. Car il a encore de nombreux fidèles parmi les sous-officiers et les hommes de rang », nous confie ce militaire sous couvert d’anonymat. Il voit en cette arrestation une mesure de prudence de la junte plutôt qu’un règlement de compte gratuit. Quant au patron de la police nationale, il pourrait lui être reproché sa gestion de la mise en œuvre des Accords d’Alger avec la rébellion Touareg de 2006-2008, dont il assurait la présidence du Comité de suivi avant sa nomination. Mahamadou Diagouraga est considéré comme l’un des fidèles de l’ex-président ATT.