Nuit du Maouloud : une bousculade meurtrière fait plus de 15 morts à Tombouctou

Un mouvement de foule, dû à  la panique, a fait au moins 24 morts et plusieurs dizaines de blessés jeudi…

Un mouvement de foule, dû à  la panique, a fait au moins 24 morts et plusieurs dizaines de blessés jeudi soir autour de la plus ancienne mosquée de la ville malienne de Tombouctou (900 km au nord-est de Bamako), a-t-on déclaré vendredi de sources policière et hospitalière. Le drame s’est produit aux abords de la mosquée de Djingareyber, bâtie au XIVe siècle dans cette cité religieuse inscrite au patrimoine mondial de l’humanité. Jeudi soir, les musulmans se pressaient autour de l’édifice, à  la veille de la fête du Mouloud qui commémore la naissance du prophète Mahomet. Une partie de la foule a été prise de panique, près de l’édifice en chantier, et de nombreux fidèles sont morts piétinés ou étouffés. « Les populations faisaient le tour de la mosquée. C’est un rituel à  chaque fête du Mouloud et il y a eu une impressionnante bousculade », a déclaré un témoin, Mohamed Bandjougou, joint par téléphone. « Moi, j’ai perdu ma soeur. Elle avait 16 ans. Elle était allée prier », a confié un autre habitant de la ville, Ali Kounta. « Seize corps » ont été apportés à  l’hôpital de Tombouctou et il y a eu 55 blessés, a indiqué une source hospitalière, jointe par téléphone depuis Bamako. Par ailleurs, selon une source policière, « au moins huit autres corps n’ont pas transité par la morgue » de l’hôpital de Tombouctou. Ces personnes décédées auraient été enterrées très rapidement, comme le veut la tradition musulmane. « Quelqu’un a crié Il y a un mort et la panique s’est installée » Les services de protection civile ont porté « très rapidement » assistance aux « nombreux blessés », ont affirmé deux sources administratives, sans donner davantage de détails. L’édifice religieux en banco – un matériau de construction traditionnel, fait de terre argileuse et de paille hachée – est « actuellement en rénovation », a expliqué un responsable de la mairie de Tombouctou. « à€ cause de ces travaux, le passage côté nord de la mosquée est fermé. Pour passer, les fidèles ont trouvé une ruelle de fortune. Mais cette ruelle ne peut pas supporter le nombre de personnes qui l’empruntent. Il y a donc eu bousculade. Quelqu’un a crié il y a un mort et la panique s’est installée », a ajouté ce responsable municipal, refusant que son nom soit cité. La mosquée de Djingareyber avait été construite à  partir de 1325, par l’architecte andalou Abu Ishaq Al Sahili Al Touwaà¯djin à  la demande de l’empereur du Mali Kankou Moussa, selon le ministère malien de la Culture. Sa rénovation est « financée par le prince Aga Khan (le chef spirituel des musulmans ismaéliens, ndlr) et exécutée par des spécialistes sud-africains », selon la même source municipale. à€ la veille de la fête du Mouloud, les musulmans se réunissent pour des veillées nocturnes de prières. Et l’évènement attire chaque année des milliers de personnes à  Tombouctou, à  la lisière du Sahara. « Nous sommes en deuil. Ce qui s’est passé est un véritable drame. Nous acceptons la volonté de Dieu. C’est lui qui donne la vie. C’est lui qui la prend », a déclaré l’imam de la mosquée de Djinguereber, Asséyouti.