« Où sont-ils? La situation des enfants dans le conflit armé au Mali »

Rendu public le 19 juin dernier, ce rapport est le fruit d'une enquête de plusieurs mois menée par Watchlist, un…

Rendu public le 19 juin dernier, ce rapport est le fruit d’une enquête de plusieurs mois menée par Watchlist, un réseau d’organisations non gouvernementales international spécialisé dans la protection des droits des enfants. Selon le rapport, des centaines d’enfants voire beaucoup plus ont été recrutés au Mali dans les rangs d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), d’Ansar Dine, du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). « Des garçons de 7 ans aux uniformes pendouillants sont si petits et frêles qu’ils doivent traà®ner derrière eux des fusils trop lourds à  porter », a constaté Mme Layal Sarrouh, chercheuse à  « Watchlist » et auteure du rapport, qui a reconnu la difficulté d’évaluer l’ampleur du phénomène en raison d’un manque de données précises. « Le Mali avait atteint l’Objectif du Millénaire pour le développement relatif à  l’éducation, il y a six ans déjà , et maintenant tous les efforts sont annihilés », a déploré l’auteure du rapport, qui intervenait aux côtés du représentant de l’Union européenne et d’un des membres de l’ONG « World Vision International ». l’auteure a prévenu que la question de l’endoctrinement est un défi de taille pour la réintégration des enfants soldats au sein de leurs familles et communautés. De nombreuses familles racontent déjà  que plusieurs enfants rapatriés considèrent la musique comme un interdit et croit que tuer un non-musulman est un visa pour le paradis. « Les fillettes ne sont pas épargnées » «Quelle sera la place de tous ces enfants dans la société malienne? », voilà  la question fondamentale à  laquelle il faut répondre pour assurer la stabilité du Mali, a averti l’auteure du rapport qui a tenu à  souligner que dans ce conflit, les fillettes ne sont pas épargnées, contraintes qu’elles sont de se marier avec des hommes beaucoup plus âgés et de porter leurs enfants, à  un âge précoce. Mme Layal Sarrouh a insisté sur la « nécessité absolue » de bien former les troupes de la Mission de l’ONU et d’établir dès maintenant des procédures opérationnelles permanentes traitant de la situation des enfants dans le conflit. « Pour l’instant, a-t-elle enchainé, l’Union européenne consacre une heure de temps par bataillon à  la question des enfants en situation de conflit armé. C’’est un pas dans la bonne direction, mais il faut beaucoup plus permettre aux troupes de réellement s’acquitter de leur rôle. » Mais la responsabilité ne devrait pas seulement reposer sur les épaules de la communauté internationale, les autorités maliennes doivent faire leur part, a estimé M. Ioannis Vrailas, de l’Union européenne, principale donatrice humanitaire au Mali. Outre ses programmes de formation aux droits de l’homme, l’Union européenne, a-t-il indiqué, s’est engagée à  financer des spécialistes des droits de l’homme de l’Union africaine et de la société civile. Elle a également signé un accord sur un projet de deux ans avec la Fédération internationale des droits de l’homme et l’Association malienne des droits de l’homme. La publication de ces rapports intervient alors que le Conseil de sécurité s’apprête à  valider, mardi 25 juin, le déploiement de casques bleus au Mali. L’ONU assure que ses soldats seront « sensibilisés à  la protection des enfants et accompagnés par des conseillers spécialisés de l’ONU ».