Oumar Balla Touré, DG de l’OMATHO : « le Mali reste un pays visitable »

Depuis plus d'un an, certains Etats, à  l'instar de la France déconseillent à  leurs ressortissant de mettre le pied dans…

Depuis plus d’un an, certains Etats, à  l’instar de la France déconseillent à  leurs ressortissant de mettre le pied dans les régions nord du Mali, contre les menaces d’enlèvements. Aujourd’hui, cette situation frappe de plein fouet non seulement le secteur du tourisme, mais aussi l’économie malienne en générale. La dessus, nous avons interrogé le DG de l’Omatho, Oumar Balla Touré, qui n’est pas passé par quatre chemins pour fustiger l’attitude de ses soi- disant partenaires au développement. Journaldumali.com : Quels jugements portez-vous sur l’attitude de certains Etats, à  l’instar de la France, qui déconseillent à  leurs ressortissants de mettre pied dans les régions nord du Mali ? Oumar M. TOURE : Je voudrais d’abord vous remercier. J’avoue que C’’est avec le C’œur meurtri que nous avons lu sur des sites certaines représentations diplomatiques en République du Mali qui interdisent à  leurs ressortissant d’aller vers le nord du pays. Sous prétexte que ce sont des zones à  risque et d’insécurité. Cela est très pénalisant pour notre économie de façon générale, et pour l’économie touristique de façon particulière. Et cela est d’autant plus paradoxal que ces mêmes pays qui sont considérés comme des partenaires privilégiés et qui sont là  pour dit-on nous aider à  développer ce pays, adoptent de telle position. Cela est incompréhensible. Si l’on voit la configuration des choses, le Mali est un grand pays. Le Mali fait deux fois la France. La sécurité zéro n’existe nulle part au monde. Nous nous pouvons nous targuer que notre pays est beaucoup plus paisible que les banlieues de certaines capitales européennes. Nous pouvons nous targuer d’avoir un mode de vie assis sur le social, l’entraide et le communautarisme. Quant on vient nous balancer de telles informations, à  mon humble avis, il y’a des arrières pensées qui ne disent pas leur nom. Sinon on ne peut pas nous dire qu’il y a des risques d’enlèvement à  Ségou, à  Sikasso, à  Mopti, à  Tombouctou…Cela voudrait tout simplement dire que selon eux le Mali n’existe pas et doit même pas exister, cela voudrait dire que Koulouba est à  la porte et à  la merci de tout le monde. Ce qui est impassable pour ceux qui connaissent le passé le présent de ce peuple. Un peuple très tolérant, mais un peuple très intègre. Par ailleurs, il faut dire que cette attitude a été de nature à  briser l’élan du tourisme malien avait eu à  prendre depuis 2002. Vous n’êtes pas sans savoir que depuis 2002 jusqu’à  une période récente la tourisme a connu une montée exponentielle, avec à  la base une politique adoptée par l’actuel gouvernement et appliquée par le Ministère de l’artisanat et du tourisme avec ses structures telles que l’Omatho est ses démembrements. On est à  même de dire que le tourisme était pratiquement devenu le troisième produit d’exportation du Mali après l’or et le coton. Vous savez, le tourisme aussi C’’est la paix, C’’est la sécurité, C’’est l’information vraie. Lorsque, depuis plus d’une année, nous sommes sous le choc d’une désinformation qui ne dit pas son nom, et est de nature à  faire baisser de façon drastique les arrivées touristiques à  destination du Mali, et par ricochet toucher à  l’économie entière de certaines régions qui ne vivent que de tourisme. Il faut cependant dire que si, réellement ces pays veulent nous aider, s’il vraiment ils sont là  pour accompagner le mali dans la voie du développement, ils doivent user d’autres moyens de communication plus véraces et objectifs. Ils se doivent de passer la vraie information. Nous ne leur demandons pas de mentir. Nous même nous n’allons pas mentir, d’autant plus que nous sommes toujours attelés à  donner l’information juste. On est à  même souvent de dire que à  nos partenaires touristes que attention, il peut avoir de l’insécurité résiduelle à  tel ou tel endroit. A présent, la zone concernée par cette insécurité, C’’est la lisière de la frontière entre le Mali et l’Algérie. Et mieux, il faut souligner que cette zone n’est pas de prédilection touristique. Mais des zones comme Gao et Tombouctou son véritablement des pôles de développement dont l’économie est essentiellement basée sur le tourisme et l’artisanat. Priver presque 2/3 de la populations de leur pain quotidien C’’est créer d’autres problèmes. Une fois de plus, je dis a qui veut l’entendre, que nous ne sommes pas du tout d’accord avec ces campagnes de désinformations qui n’ont aucun fondement. C’’est des gens qui, à  partir de Bamako et à  partir de leurs bureaux, balancent du n’importe quoi sur des sites pour dissuader les touristes. Et puis, J’ai comme l’impression qu’ils ont une voix prépondérante, ils sont écoutés, tout simplement pour nuire à  notre pays. Quoi qu’il en soit nous nous resterons vigilants. Et personne ne pourra nous empêcher de rétablir toute la vérité. Nous sommes entrain de prendre des dispositions pour aller à  l’encontre de ces désinformations, de ces désintoxications, de manière à  ce que notre pays qui est riche de sa culture, riche de ses sites, riche de son hospitalité, puisse être une destination encore prisée pour les étrangers. Journaldumali.com : Quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour couper court à  cette campagne d’intoxication et de désinformation qui a déjà  causé des impacts pernicieux à  l’économie touristique ? Oumar Balla TOURE : De tout temps, nous avons la mission de faire la promotion, de faire connaà®tre la destination Mali. Et pour ce cas espèce, depuis les premières heures, le Ministère de l’artisanat et du tourisme a tenté de balayer ces fausses informations. Par la même occasion, le département a créée une cellule de communication en son sein. Cette cellule a travaillé à  véhiculer l’information, la vraie information, car nous on n’a pas la mission de désinformer. Parce qu’en déformant l’information, on court le risque de se faire prendre au piège. Nous disons très clairement les zones visitables et les zones à  risque. Par ailleurs, la cellule mise en place a travaillé à  envoyer des communiqués verbaux un peu partout. Nous avons écrits à  tous les Tours opérateurs qui programment le Mali. En rapport avec le secteur privé, les agences de voyage, nous leurs avons dit de pouvoir prendre contact avec leur partenaires pour leur dire ce qu’en est la réalité. Nous avons invité des chaà®nes de télévisions qui sont venus véritablement balayer le terrain pour se rendre compte de la réalité. Et, au jour d’aujourd’hui il y’ a TV5 Canada qui vient de terminer sa mission de 10 jours dans plusieurs zones du Mali. Aussi, nous travaillons à  faire passer des images sur des chaà®nes qui sont regardées, et à  faire passer des messages sur des chaà®nes radio qui sont écoutées. En outre, la cellule de communication du Ministère du tourisme est en rapport avec le Ministère des affaires étrangères. Toute chose qui montre notre détermination à  poursuivre notre mission de promotion du tourisme malien. Aujourd’hui l’attitude de la France est de la pure méchanceté. Sinon comment comprendre qu’on puisse interdire aux touristes d’aller à  Ségou, à  200 km de Bamako. Aujourd’hui, le Ministère des affaires étrangères se doit de dire toute la vérité à  ces représentations diplomatiques. Récemment il y’a une ambassade qui a donné l’information comme quoi, désormais on ne plus de visa aux visiteurs au niveau de l’aéroports. Nous avons vite intervenu pour rétablir la vérité. Comme quoi, le travail n’est pas facile pour nous, C’’est un combat de longue haleine. Et je crois que nous sommes sur la bonne voie. Journaldumali.com : Nonobstant ces problèmes que connaà®t actuellement le secteur du tourisme, nourrissez-vous un espoir quant à  la prochaine saison touristique ? Oumar Balla Touré : En bons maliens, nous nourrissons des espoirs certains, car nous comptons sur les jalons que nous avons réussi à  poser. Mais, il faut le dire, cette saison touristique sera quelque peu entachée par les problèmes de désinformation dont le secteur a fait l’objet. Nous avons déjà  le pressentiment qu’il y’aura moins de visiteurs. Parce que même au niveau de la Direction de l’Omatho, nous connaissons le rythme de passage des visiteurs individuels qui viennent pour demander des informations. Nous sommes en petites saison, et il y’a moins de visiteurs. Et tous les jours que Dieu fait, je suis en contact avec les directeurs régionaux et les antennes touristiques frontalières ; qui établissent un ralentissement net du taux des touristes d’agrément et ou d’aventure. Mais nous constatons aussi avec bonheur que plus en plus, il y’a un flux de tourisme d’affaires qui se développe. Tous les jours, à  Bamako ou dans les capitales régionales, il se tient des conférences, et des séminaires internationaux qui font que le taux d’occupation des hôtels connaà®t un accroissement réel. Et nous comptons également sur les festivités du cinquantenaire qui assurément draineront des visiteurs vers notre pays, et par ricochet élèveront le taux d’occupation de nos hôtels. Nous traversons une mauvaise passe, mais je vous assure qu’on relèvera la barre le plus rapidement possible. Journaldumali.com : Avez-vous un message à  l’endroit, d’une part, de ces populations qui seront partiellement sevrées des retombées touristiques, et d’autre part, à  l’endroit des visiteurs du Mali ? Oumar Balla Touré : Je dis tout ceux qui voudraient visiter le Mali, qu’il n’y a aucun problème. Le Mali est un pays de paix. Le Mali est un pays stable. Le Mali est un pays sécurisé. Le Mali est pays très riche, riche de sa culture, de son histoire. Le Mali ne constitue pas une menace pour qui que ce soit. Certes, il y ‘a des décisions d’ordre institutionnel qui sont prises, mais je demande tout simplement aux visiteurs d’oser, de braver ces désinformations, pour venir. Ils seront bien accueillis, ils passeront un très bon séjour, et ils seront les vrais ambassadeurs du Mali auprès de leurs compatriotes.