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Oumar Ballo, roi de la récup et de la ferraille

Au marché de Médine ce samedi 15 septembre, le visiteur est accueilli par les odeurs pestilentielles de poisson. A quelques…

Au marché de Médine ce samedi 15 septembre, le visiteur est accueilli par les odeurs pestilentielles de poisson. A quelques encablures de là , une bifurcation à  gauche et on tombe sur un amas de morceaux de fer et de vieilles chaussures. Derrière se dresse un vieil homme au gabarit impressionnant qui trahit ses 75 hivernages. Lui C’’est Oumar Ballo. Profession : vendeur de ferrailles. Le natif de Niéna dans la région de Sikasso qui a longtemps séjourné en Coté d’ivoire depuis le début des années 60, a exercé plusieurs petits boulots avant de s’intéresser, en 1984, à  la vente de chaussures hors d’usage. Cinq ans plus tard, l’homme à  la barbe blanche signe son retour au pays natal. Dans la ‘’cité des trois caà¯mans » Oumar Ballo a ajouté une autre corde à  son arc en investissant dans le secteur de la ferraille. «Â Quand je m’installais en 1989 au marché, on était trois dans le domaine ». Le monogame est soutenu par ses 8 enfants à  l’exception d’un seul médecin à  l’hôpital Gabriel Touré. De l‘argent de poche pour les petits ramasseurs de ferraille Des enfants et des femmes viennent vider le contenu de leur sac devant les deux magasins de stockage. Les préposés à  la bascule pèsent vite et envoient les propriétaires à  la caisse. Le prix d’un kilo oscille entre 75 et 200 francs CFA selon la conjoncture. «Â On aurait dû vendre nos chaussures sur place au lieu de cette modique somme », rouspète une femme pas contente de céder le kilo à  75 franc CFA. Tout le contraire du petit Mamadou Kanté, 11 ans, qui arbore un large sourire après avoir empoché l’argent des 10 kilos de ferraille qu’il vient d’écouler. A l’instar de Mamadou, beaucoup d’enfants pour la plupart des élèves gagnent leur pain, le temps des vacances, grâce à  la vente de la ferraille et de chaussures hors d’usage. «Â Avant la reprise ils ramassent ferraille et chaussures pour nous les vendre. Ils parviennent ainsi à  préparer la rentrée et même appuyer leurs parents. On crée aussi des emplois à  notre manière » s’enorgueillit le vieux Ballo. Yaya Sanogo est diplômé en droit de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université de Bamako et collabore depuis 2006 avec Ballo. Grâce à  ce boulot, affirme le jeune diplômé, je gagne très bien ma vie. Boubacar Karembé est l’un des multiples clients d’Oumar Ballo. Depuis 2008, l’année o๠il a quitté son Sevaré natal pour la capitale malienne, l’adolescent réalise un bénéfice d’au moins 5 000 francs CFA par jour avec la ferraille ramassée dans la capitale et revendue à  Ballo. La réussite au bout du fer Le septuagénaire vit pleinement aujourd’hui de son métier. Les objets achetés sont stockés en grande quantité avant d’être revendus principalement à  des Hindous. Un chargement de la remorque qui fait 40 tonnes, est cédé entre 4 et 6 millions, avec un bénéfice qui varie entre 200 000 à  250 000 francs CFA. Avec le pactole généré par ces ventes, Ballo nourrit une famille de plus d’une quarantaine de personnes et dispose de beaucoup de richesses matérielles. Des propos confirmés par son fils Boubacar Ballo, qui fait office de caissier. Ce trentenaire affirme, non sans fierté que, que la famille se suffit à  elle même grâce à  ce qu’il n’hésite pas d’appeler une entreprise familiale. Des déboires, Le vieillard les aura connus. Il demeure cependant marqué par ceux liés à  deux arrestations par les éléments du commissariat de police du 3ème arrondissement pour avoir acheté des objets volés. «Â  Les policiers ne sont pas sérieux. Ils manigancent des plans pour ensuite venir nous embêter », lance-t-il, amer.