Oumar Ibrahim Touré débarqué du gouvernement

Alors que tous les yeux étaient rivés sur Abidjan et la crise ivoirienne, C'’est dimanche 5 décembre que la Présidence…

Alors que tous les yeux étaient rivés sur Abidjan et la crise ivoirienne, C’’est dimanche 5 décembre que la Présidence de la République a annoncé le départ du ministre de la santé, Oumar Ibrahim Touré. Officiellement, le vice président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) aurait démissionné pour « se mettre à  la disposition de la mission d’enquête concernant le détournement de fonds mondial pour la lutte contre le paludisme et le Sida au Mali ». Mais il est difficile de croire qu’Oumar Ibrahim Touré n’a pas été contraint, tant la pression était devenue forte ces dernières semaines. Un scandale de corruption devenu une affaire d’Etat Depuis plusieurs mois, les services du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme enquêtaient au Mali sur un système de détournement de subventions. Alors que les premières fuites mentionnaient la surfacturation de moustiquaires imprégnées, des marchés fictifs, d’autres passés de gré à  gré, ou encore des villages bénéficiaires de médicaments qui n’en ont jamais vu la couleur, le montant des fonds détournés atteindrait plusieurs milliards de F CFA. Saisie, la justice malienne avait réagit à  travers des arrestations orchestrées par Sombé Thera, procureur anti-corruption, avec à  la clef une dizaine de personnes envoyées en prison, dont Ichiaka Diallo, l’ex-comptable du Fonds Mondial auprès de la direction administrative et financière, Ousmane Diarra, directeur administratif et financier, ou encore Dr Halima Naco, coordinatrice du Programme national de lutte contre la tuberculose (PNLT). A son tour, Oumar Ibrahim Touré devra sans doute répondre devant la justice, en tant que premier responsable du département de la santé à  l’époque des faits. Jeu de chaises musicales gouvernemental Selon le communiqué officiel, C’’est Alou Badra Macalou, ministre des maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine, qui prend la tête du département de la santé, alors que ses anciennes affectations sont reprises par Moctar Ouane, ministre des affaires étrangères. Cette démission lève un nouveau voile sur la méthode ATT. Le président n’agit jamais sous la pression, et fait en sorte de ne pas humilier ses collaborateurs pris en faute. Au final, C’’est le Mali qui est gagnant, car l’image du pays était fortement détériorée du fait de scandales de corruption non sanctionnés, et des problèmes récurrents dans le Nord du pays. l’épisode signe peut être la mort politique d’Oumar Ibrahim Touré, qui fort d’un portefeuille ministériel important et profitant de tournées régulières à  l’intérieur du pays, contestait le leadership de Soumaà¯la Cissé, fondateur de l’URD. Il redevient un simple militant, embarrassant pour son parti, qui devra aussi statuer sur son sort s’il veut garder sa crédibilité. Cette séquence laisse aussi penser que le président n’est pas prêt à  changer l’attelage gouvernemental, sinon il aurait saisi l’occasion pour effectuer un remaniement plus large, attendu par beaucoup.