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Oumou Sall Seck en faveur de la politique des Quotas

Journaldumali.com : Pourquoi êtes-vous en faveur de la politique des quotas ? Pourquoi ? Oumou Sall Seck : En ma…

Journaldumali.com : Pourquoi êtes-vous en faveur de la politique des quotas ? Pourquoi ? Oumou Sall Seck : En ma qualité de femme politique et actrice du développement, je ne peux dire que « oui, pour la politique des quotas dans mon pays », au titre de la représentativité des femmes dans les instances de prise de décisions. l’adoption du quota de 30 % est une revendication citoyenne légitime depuis longtemps exprimée par les femmes du Mali, et même par des hommes conscients de l’apport important des femmes à  tous les niveaux de la société. Plusieurs raisons soutiennent cette décision politique. La première est que C’’est un droit consigné dans la constitution en vigueur dans notre pays. Je rappelle l’Article 2 : « tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée ». Au-delà , le Mali a ratifié toutes les résolutions internationales en relation avec la promotion du genre. Une autre raison est que, partout o๠les femmes ont occupé des postes à  responsabilités, les statistiques ont démontré qu’elles ont été plus positives en terme de bonne gestion et même de rendements. Quand une femme est aux affaires, sa priorité est de s’investir pour améliorer le bien-être de la population. Ce que les femmes maliennes revendiquent aujourd’hui à  travers « le quota » n’est que le couronnement d’un mérite, une contrepartie à  leur contribution aux différents chantiers de la nation. Si l’à‰tat a pris l’engagement d’œuvrer dans le sens de la promotion des droits politiques de la femme et l’augmentation de ses chances de représentativité au sein des assemblées élues, il doit assumer ses responsabilités. Quel bilan peut-on faire aujourd’hui de la représentativité des femmes maliennes en politique, comparée à  celle d’autres pays voisins comme le Sénégal ou la Côte d’Ivoire? Sachant, à  titre d’exemple, que le niveau de représentativité des femmes dans les instances politiques est peu reluisant, il s’établit à  15 députées sur 147 élus pour l’Assemblée Nationale, 8 femmes maires dans les 703 communes que compte le pays, 3 femmes sur les 27 ministres du gouvernement actuel, et J’en passe. Le Sénégal qui nous a emboà®té le pas en décentralisation nous devance de loin sur tous les plans, pour la simple raison que les gouvernants sont animés d’une volonté politique et la société civile sénégalaise joue pleinement son rôle, sans ambages (NDLR : 43 % de députées). En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, la situation en général n’est pas meilleure que celle du Mali. Notre pays doit plutôt s’inspirer du cas du Rwanda o๠les hommes ont compris que les femmes sont des partenaires sûres et incontournables pour sortir leur pays de la douloureuse crise politico- institutionnelle qu’il traverse. Au Rwanda, juste à  titre d’exemple, le taux de représentativité des femmes à  l’Assemblée Nationale est de plus de 56 % et se hisse à  la première place du classement mondial. Ainsi, au Mali, cette nouvelle disposition soumise au vote de l’Assemblée doit mobiliser l’opinion parlementaire car se serait un acte de « reconnaissance » des sacrifices consentis par les femmes maliennes durant tous les combats, de leur contribution à  l’œuvre d’édification nationale et de leur courage exemplaire dont elles ont fait preuve pendant la douloureuse tragédie nationale qui a conduit à  la démocratie. Il est grand temps pour les décideurs politiques de concrétiser les discours par des actes, C’’est le moment de la consécration des droits des femmes, pour les encourager à  contribuer encore plus au développement du pays sur les plans social, économique et politique. La session d’avril de l’Assemblée prévoit l’examen d’une loi sur les quotas au Mali. Ces quotas, s’ils sont adoptés, peuvent-ils véritablement faire bouger les lignes? Les lignes bougeront forcément et positivement. C’’est une belle occasion pour le pays de profiter de toutes les compétences et du savoir-faire jusqu’ici mal exploités des femmes, ne serait-ce que sur le plan d’un développement local harmonieux et du retour de la paix. La parité, le genre, sont des questions récurrentes au Mali. Qu’est-ce qui explique notre retard? Le retard s’explique par une mauvaise compréhension de ces questions par les citoyens, basée sur une mauvaise stratégie des politiciens qui veulent garder le monopole de l’espace politique, seulement se servir du peuple, innocent et victime, car à  l’inverse, C’’est la démocratie et la gouvernance qui doivent être les maà®tres des lieux, avec comme résultat « un Mali qui prospère en paix ». Que fait l’URD, votre parti, à  l’Assemblée pour appuyer cette loi ? A titre de rappel, le candidat de l’URD aux élections présidentielles passées, le Président Soumaà¯la Cissé, avait prévu dans son projet de société, un traitement de choix du statut de la femme malienne à  travers sa promotion à  tous les niveaux politiques, à  commencer par l’adoption du quota mais aussi la mise en œuvre de mécanismes pour faciliter son autonomisation en matière d’accès au savoir et à  l’économie pour lui permettre de faire face aux défis qu’elle rencontre sur son parcours. Je suis sûre que mon parti, l’URD, ne manquera pas le rendez vous de la promotion de la femme.