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Paris: procès d’un candidat au jihad arrêté au Mali

Français d'origine malienne âgé de 26 ans, Ibrahim Ouattara a déjà  été condamné en mars à  sept ans de prison…

Français d’origine malienne âgé de 26 ans, Ibrahim Ouattara a déjà  été condamné en mars à  sept ans de prison pour avoir vainement tenté en 2009 et 2010 de gagner des maquis jihadistes au Pakistan, en Afghanistan ou en Somalie, sans jamais y parvenir. Il avait été arrêté le 3 novembre 2012 à  Sévaré, dans le centre du Mali, par la gendarmerie malienne, alors même qu’il était sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter la France, dans le cadre de l’enquête qui a donné lieu à  sa condamnation en mars. Arrivé au Mali deux jours plus tôt en provenance de Lisbonne, il tentait alors de rejoindre les groupes jihadistes contrôlant le nord du pays sous l’identité d’un ami franco-sénégalais, Khalifa Dramé. Il avait été expulsé vers la France en mars 2013. Il comparaà®t avec M. Dramé et un troisième suspect, Hakim Soukni, soupçonnés d’avoir nourri le projet de rejoindre M. Ouattara au Mali. Tous sont détenus. Un quatrième homme a quant à  lui bénéficié d’un non-lieu. M. Ouattara a reconnu à  l’audience avoir eu l’intention de rejoindre Tombouctou, alors contrôlé par une alliance de groupes islamistes, dont il a estimé que « le plus compatible avec (ses) croyances » était Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). Mais il a assuré qu’en dépit d’un parcours apparent d’apprenti jihadiste, multipliant les voyages au Yémen, au Pakistan ou au Soudan, il n’avait jamais fait d’entraà®nement militaire. « Est-ce que je soutiens moralement, bien sûr, mais je ne sais pas me battre », a-t-il dit. Il a par contre « admis » être d’accord avec « les opérations martyr » et estimé que « les Maliens qui ont voulu appliquer la charia, ça ne regarde qu’eux ». Et s’il a reconnu avoir espéré que ses amis le rejoignent sur place, il a démenti avoir organisé une quelconque filière. Une expertise psychologique a souligné son parcours difficile, enfant d’une fratrie de cinq, tous de pères inconnus, maltraité par sa mère et placé à  deux ans, puis de nouveau à  13 ans après un bref retour chez sa mère o๠il fut à  nouveau victime de maltraitances. « Depuis 2007 il a un intérêt pour la religion presque exclusif venant combler une faille identitaire », selon l’expertise, qui estimait que « le jihad et mourir en martyr était devenu un projet de vie » et soulignait un côté dépressif doublé d’une « totale absence d’empathie ». « Certains c’est la drogue, d’autres l’alcool, moi », c’est la religion, a-t-il dit. Le procès doit se poursuivre mercredi avec les réquisitions et plaidoiries.