Politique




Partis politiques : l’heure du réveil ?

La transition à l’œuvre au Mali depuis août 2020 a des répercussions négatives, en termes d’organisation et de visibilité, sur…

La transition à l’œuvre au Mali depuis août 2020 a des répercussions négatives, en termes d’organisation et de visibilité, sur la vie des partis politiques, déjà confrontés à l’arrêt de leur financement public, à la défiance de l’opinion publique et à des divergences internes. Alors que les compétitions électorales sont annoncées pour 2023, ils entendent désormais « s’unir autour de l’essentiel ». État des lieux dans certains partis.

Double peine pour l’Union pour la République et la Démocratie (URD). Après le coup d’État de 2020 qui avait renversé Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), une voie royale semblait ouverte pour le parti, arrivé deuxième à la dernière élection présidentielle, et pour son Président Soumaïla Cissé, revenu plus déterminé que jamais d’une captivité de plus de 6 mois. Mais le destin en a décidé autrement : le 25 décembre 2020, le Chef de file de l’opposition d’alors succombe à la Covid-19. Une disparition qui plonge le parti de la Poignée de mains dans la division et dans une guerre de clans. Autre coup dur pour le mouvement politique : l’ex Premier ministre Boubou Cissé et l’ancien ministre de l’Économie et des finances Mamadou Igor Diarra, qui avaient rejoint l’URD en 2021 et faisaient figure de potentiels candidats du parti à la présidentielle, sont poursuivis pour « des crimes de faux et usage de faux et d’atteinte aux biens publics » dans l’affaire du marché public d’achat d’équipements militaires dit Paramount. À l’orée de 2023, année d’élections, les initiatives se multiplient, par le Président Gouagnon Coulibaly (non reconnu par certains militants) pour unir les membres. Comme donner l’assurance qu’il ne sera pas candidat à la présidentielle et un appel à « l’union autour du parti » lors d’une conférence, le 3 décembre dernier. « Il a mis en place une Commission de réconciliation qui va démarcher personnellement tous les grands cadres du parti », assure Mamadou Dicko, 2ème Secrétaire politique de l’URD.

Le Rassemblement pour le Mali (RPM) du défunt Président IBK est aussi à la croisée des chemins. En plus de la perte de son fondateur, la lutte de clans entre Bokary Treta et ses soutiens et Me Baber Gano avec l’éphémère Président de l’Assemblée nationale Moussa Timbiné obscurcit l’horizon de l’ancien parti au pouvoir.

« Le parti se porte bien, malgré les incompréhensions qui ont marqué ces derniers temps entre certains camarades », tient à rassurer d’emblée Sékou Niamé Bathily, Chargé de communication du parti. À en croire ce dernier, le RPM travaille dans le regroupement politique Ensemble Pour le Mali (EPM) au sein du Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel. Malgré ces « moments de turbulences, qui ne sont que des divergences politiques, le RPM sera au rendez-vous de toutes les élections futures dans notre pays et l’objectif est de confirmer notre place de première force politique au Mali », dit, confiant, M. Bathily.

Challenges

À la différence des deux « grands » partis orphelins de leurs chefs de file, à l’Asma-CFP, on assure que la disparition de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga n’a fait qu’accroître la détermination de ses partisans, qui entendent poursuivre « son combat » aux élections prochaines. « Dans le but d’honorer sa mémoire », souffle un cadre du parti qui ne digère toujours pas les circonstances de la mort en détention de son Président.

L’ADP- Maliba se prépare également « à grand pas » et « très bientôt » à entamer des sorties à l’intérieur et l’extérieur du pays pour les rentrées politiques des sections, fait savoir le Secrétaire général du parti, Me Abdoulaye Sidibé. « C’est l’animation statutaire de nos structures. Ces rentrées politiques sont des occasions pour les sections de débattre à bâtons rompus avec le Bureau national de la vie du parti, mais également des questions d’intérêt national », confie Me Sidibé.

À SADI, aussi privé de son Président, le Dr Oumar Mariko, vraisemblablement en exil à l’étranger lui aussi, l’heure est à la résilience. « Il est clair que l’absence de notre Président se fait sentir. Mais l’esprit collectif, la solidarité, la complémentarité nous aident à passer ces moments difficiles », assure Nouhoum Keïta, le Secrétaire administratif du parti. Par solidarité avec le dirigeant politique entré en clandestinité, le parti a suspendu toute participation aux débats organisés par le gouvernement sur les réformes politiques et institutionnelles. « En marge, nous travaillons à mettre en lumière les enjeux majeurs et l’intérêt général de la Nation. C’est à dire les questions de souveraineté populaire, la représentation inclusive, l’égalité réelle en droit de vote libérée de toute entrave de type censitaire, afin d’aider, à la fin de la Transition, les citoyens à agir consciemment et à choisir les candidats sur la base de leurs programmes et de leur capacité à mettre ceux-ci en œuvre avec efficacité », explique M. Keïta.

Les élections qui se profilent seront donc un challenge de taille pour les partis politiques. Le plus difficile sera de reconquérir la confiance de la société civile. Celle-ci a, pour une bonne part, opté pour une prolongation de cinq ans de la Transition lors des Assisses nationales de la refondation, fin 2021.