Économie




Ces pays qui vivent bien sans le CFA

14 pays africains utilisent le franc CFA comme monnaie commune. Les quelques 40 autres ont chacun la leur, avec des…

14 pays africains utilisent le franc CFA comme monnaie commune. Les quelques 40 autres ont chacun la leur, avec des fortunes diverses. Tour d’horizon de l’Afrique monétaire.

En 2010, Sanou M’Baye, économiste sénégalais, ancien haut fonctionnaire de la Banque africaine de développement (BAD), publiait son essai « L’Afrique au secours de l’Afrique », dans lequel il posait la question : le franc CFA, monnaie ou relique coloniale ? Si cette question continue de diviser encore sur le continent et ailleurs, il n’en demeure pas moins vrai que le franc CFA n’est pas la seule monnaie en vigueur.

Anglophones vs. Francophones Tous les pays anglophones ont leur monnaie nationale, et il faut reconnaître que les monnaies des anciennes colonies françaises s’en sortent moins bien que leurs homologues anglophones. On peut ainsi citer l’exemple du Ghana, dont le Cedi, de l’avis des experts, évolue plutôt bien, contrairement au franc guinéen, héritage des années Sékou Touré, qui connaît des fluctuations fortes. Interrogé par le magazine AM Business, Mamadou Koulibaly, économiste, ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne et auteur de « Souveraineté monétaire des pays africains », explique que selon des chiffres de 2014 de la BAD, « dans le top 10 des économies africaines les plus compétitives, figurent Maurice, l’Afrique du Sud, le Rwanda, le Maroc, le Botswana, l’Algérie, la Tunisie, la Namibie, le Kenya et la Zambie. » Le fait est que tous ces pays ont leur monnaie nationale et sont plus compétitifs que ceux de la zone CFA.

Le Nigéria et son naira, pour citer un nouvel exemple, reste un géant sur le continent. Au Maghreb, l’Algérie et la Tunisie avec le dinar et le Maroc avec le dirham, ont des économies stables, malgré les soubresauts politico-sécuritaires. En Afrique australe, l’Afrique du Sud et son rand, a rejoint en 2011 le club des puissances émergentes (BRICS). La stabilité du shilling kényan, de la pula du Botswana, et du kwacha zambien sont le fruit, selon les économistes, d’une rigoureuse politique monétaire. La bonne santé économique de ces pays, qui ne connaissent pas le CFA, contribue le plus souvent à raviver la colère des détracteurs de cette monnaie considérée comme une entrave au développement des pays qui l’utilisent. Pourtant, il existe aussi des contre-exemples, notamment le Zimbabwe qui utilisait le dollar américain et le rand sud-africain depuis 2009 après l’abandon du dollar zimbabwéen à cause d’une hyper inflation (un œuf coûtait 50 milliards !). Mais ce pays émet depuis fin 2016 une nouvelle monnaie, les « billets d’obligation ».