Pénurie d’eau au Point G : les malades aux abois

Une situation inadmissible qui, du reste, constitue un vrai défi à  la conscience des activités chirurgicales de dialyse, des travaux…

Une situation inadmissible qui, du reste, constitue un vrai défi à  la conscience des activités chirurgicales de dialyse, des travaux de laboratoire, de ceux des salles d’accouchement, le report des rendez-vous pour les patients, le manque d’hygiène. Tout cela, faute d’eau courante, de 11 heures à  minuit à  l’hôpital du Point G. La situation dure depuis 3 longs mois. Un problème qui fâche Lundi 2 juillet 2010. Je suis à  l’hôpital du Point G. A l’intérieur de la cour, si difficile d’accès, un patient me dit «Â ici à  l’hôpital du Point G, de 11 heures à  minuit nous n’avons pas d’eau. Et ce sont les sapeurs pompiers qui viennent à  notre secours. Nous faisons la queue, pour cela. C’’est inadmissible ! J’aurai préféré que mon malade soit ailleurs, dans une clinique, dans un CSCOM, mais nous n’avons pas le choix. Les spécialistes qui doivent traiter mon malade ne sont qu’ici ou dans les cliniques privées, o๠je n’ai pas les moyens d’aller ». Plus loin, je rencontre quelques patients et des accompagnants d’autres patients.Ceux-ci échangeaient des propos : «Â ne gaspillez pas l’eau, donnez moi un peu d’eau à  boire, il ne m’en reste plus rien ». Et d’autres de répondre : «Â moi même, je ne me suis pas lavé depuis 3 jours ». Etonnante situation dans un hôpital national comme celui du Point G, de renommée nationale et internationale. Devant cette scène, je chancèle de stupeur. Comment est-ce possible ? Selon des médecins, infirmiers et autres agents rencontrés sur place, cette situation n’est pas une première. En effet, selon eux, chaque année, en période de chaleur, l’hôpital du Point G a toujours vécu la même situation. Mais, soutiennent-ils, cette année, la situation est des plus catastrophiques, parce que, sans eau, rien ne peut se faire. D’autres médecins sur les lieux me soulignent que cette pénurie d’eau est même à  la base d’une perturbation des rendez-vous des services de la chirurgie, de la néphrologie et tant d’autres. Aucun rendez-vous ne peut être pris dans ces services, avant l’arrivée des sapeurs pompiers.Par ailleurs, une petite visite dans certaines salles de patients m’a permis de constater des problèmes hygiéniques dans les toilettes. Hygiène et mauvaises odeurs C’’est certainement ce qui explique cette odeur nauséabonde qui se dégage des toilettes et… d’ailleurs. A l’hôpital Point G, à  cause du manque d’eau, l’on constate aussi des problèmes hygiéniques comme le non entretien régulier des toilettes, des blocs opératoires et autres lieux importants. Il constitue (le manque d’eau) une menace pour la santé des patients pris en charge par des services qui ne peuvent fonctionner sans eau. Il s’agit principalement de la chirurgie, la réanimation et la néphrologie. «Tous les jours, il y a coupure d’eau au Point G. l’hôpital fait ce qu’il peut, mais le problème est là . En tous les cas, sans eau, il n’y a pas de dialyse, il n’y a pas de chirurgie, bref le manque d’eau est synonyme d’interruption de la quasi-totalité des activités d’un hôpital », me signale, un médecin qui a préféré témoigner dans l’anonymat. Pour celui-ci, ce manque d’eau est inadmissible, car il met en danger la vie des patients.Le comble est que, a-t-il dit, l’on ne sait même pas quant est ce que la pénurie prendra fin. Par ailleurs, pour Siaka Touré, un accompagnateur de patient, le manque d’eau à  Point G, est inadmissible. Car elle met la vie des patients en danger et sape le travail de titan abattu par les médecins dudit hôpital. Pénurie criante d’eau « Je suis là  il y a plus de deux semaines, mais je vous assure que le seul problème que J’ai constaté au sein de cet hôpital, C’’est le manque d’eau, sinon, à  part ça, le personnel sanitaire est très accueillant et compétent », nous explique cet autre patient. Assis, à  côté d’un bidon d’eau vide, et non loin de la sortie afin d’être parmi les premiers à  être servi, Salimata Fofana, une accompagnatrice de patients, m’indique que beaucoup sont les patients ou accompagnateurs de patients qui passent des jours sans se laver, sans faire la lessive. « Ici, à  l’hôpital, chaque jour on fait la queue devant les citernes des sapeurs pompiers pour avoir de l’eau, qui en réalité ne peut satisfaire la moitié de nos problèmes d’eau, dira la dame. Allongé à  l’ombre d’un bus de l’hôpital, Oumar Traoré, un accompagnateur, salue les efforts fournis par les uns et les autres et réclame la multiplication des voyages des sapeurs pompiers. » « Je demande à  ATT de nous aider à  résoudre ce problème », dira une dame qui venait de quitter la maternité. » s’agissant des solutions pour palier le problème d’eau, la direction de l’Hôpital Point G a fait installé des cuves sur les toits de certains bâtiments, a déclaré le Directeur Général de l’hôpital Mamady Sissoko. En plus, l’hôpital a fait appel aux services des sapeurs pompiers qui, depuis trois mois, approvisionnent ledit centre en eau, a-t-il ajouté. Mais, selon nos sources, ceux-ci, sont rémunérés. Toujours selon le DGA, par rapport à  ce grave problème, son administration a contacté la Direction de distribution des eaux de l’EDM-SA qui a mis un agent spécial à  la disposition de l’hôpital afin de trouver une solution au problème. Ce qui sous entend également qu’elle aussi, s’atèle à  résoudre définitivement le problème qui serait dû à  des problèmes techniques, a laissé entendre, M. Mamady Sissoko. En tous les cas, la situation à  l’hôpital du Point G est inadmissible et constitue un défi à  la conscience de ceux qui, non loin n’en souffre guère. EDM s’explique Pour en savoir davantage sur les raisons de la pénurie d’eau à  l’hôpital du Point G, nous avons approché M. Thiona Mathieu, directeur de la Communication d’EDM-SA qui a accepté de nous fournir des explications à  propos. « Je vous rappelle aussi, qu’il n’y a pas que les quartiers de Point G qui souffrent de ces fortes perturbations. Le Point G sous entend l’hôpital. C’’est une zone sensible, et, à  EDM SA, nous avons conscience qu’il faut agir très vite. C’’est pourquoi, une équipe a été désignée et dédiée pour résoudre le plus rapidement possible le problème.Ces perturbations d’eau au niveau du Point G sont dues en fait à  deux choses. Premièrement : avec les grandes tornades par ces temps, il y a eu des coupures d’électricité. Et, comme nos fils électriques sont aériens, il y a eu des dégâts consécutifs à  ces tornades. Cela a naturellement perturbé le fonctionnement de nos stations d’eau qui dépendent de l’électricité. L’eau du fleuve Quant au deuxième facteur, il s’explique par le fait qu’en ce début d’hivernage, l’eau du fleuve est très difficile à  traiter. Parce qu’elle contient énormément de saletés. Or, notre principale source d’approvisionnement, C’’est ce même fleuve : le Niger. Pour nous à  EDM SA, l’eau potable, C’’est de l’eau bien traitée. Ce qui sous entend que, quand elle est sale, son traitement prend beaucoup de temps et impose de la vigilance. Or, la santé de nos clients et des consommateurs de l’eau que nous produisons en dépend. Ces deux facteurs conjugués ont donc joué sur la production et la distribution de l’eau à  Bamako ». Par ailleurs, dira M. Koné, cette perturbation au niveau du Point G est également due à  des difficultés de remplissage de la station de reprise de Missira qui alimente notamment l’hôpital du Point G.Il est à  noter aussi que, malgré l’hivernage qui s’installe, les besoins en eau n’ont pas baissé. « Aussi, il faut le reconnaà®tre, nous sommes en déficit en matière de production d’eau, la demande dépassant l’offre, malgré nos efforts » A noter également que la capacité de production de l’EDM-SA pour Bamako et Kati est de 180 000 m3 contre une demande de 200 000 m3. Pour palier au problème, le gouvernement malien s’atèle à  réunir les conditions de financement de la station de Kabala. Comme pour rassurer, le responsable de la Communication d’EDM a signalé que les services techniques de l’EDM sont à  l’œuvre pour que les choses s’améliorent très rapidement, notamment au niveau de l’hôpital Point G oà¹, des dispositions ont été prises avec l’appui des autorités de cet hôpital.