Le pôle de gauche : convictions ou opportunisme ?

Porté sur les fonds baptismaux le 06 juin dernier, le Pôle de gauche se positionne sur la scène politique malienne.…

Porté sur les fonds baptismaux le 06 juin dernier, le Pôle de gauche se positionne sur la scène politique malienne. Ni de la majorité, ni de l’opposition. Est-ce tenable ?

Les termes « gauche », « droite » viennent de la tradition politique française qui veut que « dans l’Assemblée nationale, tous ceux qui sont partisans d’un fort interventionnisme de l’État s’installaient à gauche de l’hémicycle, et les autres, considérés comme des conservateurs et libéraux s’asseyaient à droite », explique un politologue. Les courants politiques socialiste et libéral ont donc été définis ainsi. Au Mali, la grande majorité des partis se revendiquent de la « gauche », on peut citer entre autres, le parti au pouvoir le RPM, mais aussi l’Adema, le CNAS Faso Here, ou encore le SADI. À droite, on retrouve l’URD, bien qu’issue de l’Adema, le PCR, le CAP, le RTD, etc. Mais lorsqu’il s’agit de gestion de l’État, « tous ces partis ont été amenés à gouverner ensemble, et ils le feront encore demain. Dans un pays comme le Mali, il n’y a pas deux politiques possibles, le clivage est factice », analyse un membre du RPM.

Pourtant, le Pôle de la Gauche patriotique, républicaine, démocratique, sociale, progressiste et panafricaine au Mali, une initiative de Zoumana Sako, président du parti CNAS Faso Here, compte bien s’installer dans le paysage. Selon Bakary Sako, secrétaire administratif de ce parti, ce regroupement est « la gauche malienne fondée sur les principes et les valeurs républicaines ». Ce nouveau front, qui a déjà une vingtaine de membres, « engage résolument les partis signataires de sa charte constitutive en faveur de la refondation démocratique globale de l’Etat malien et de notre économie pour l’édification d’une société de progrès, de justice sociale et de solidarité pour tous dans un Mali et une Afrique qui gagnent ». Oumar Mariko, du SADI, est également l’un des fervents défenseurs de ce projet, qu’il avait déjà appelé de ses vœux en 2014, lors de la constitution du groupe parlementaire SADI-FARE.

Le mouvement a pourtant déjà des détracteurs. Pour Ousmane Diarra, membre de l’URD et enseignant à l’Université de Bamako,  la formation d’un pôle de gauche vise à fragiliser l’opposition « et constituer une plate-forme d’alliés autour du RPM dans la perspective des élections générales de 2018 », s’offusque t-il. « Une alliance contre-nature », pensent d’autres, qui lui prédisent de faire long feu. Les prochaines municipales, véritable tour de chauffe avant la présidentielle, diront ce qu’il faut réellement attendre de cette « gauche autrement ».