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Politique : A qui peut profiter le coup d’état ?

Depuis la nouvelle prise du pouvoir au Mali, on assiste à  un défilé et à  un ballet impressionnant de personnalités…

Depuis la nouvelle prise du pouvoir au Mali, on assiste à  un défilé et à  un ballet impressionnant de personnalités politiques auprès de la junte militaire, logée dans le camp Soundiata Keita de Kati, à  15km de Bamako. C’’est de là  qu’est parti le coup de force des hommes de Sanogo contre le pouvoir, après une rencontre musclée qui a dérapé entre les militaires et l’ancien ministre Sadio Gassama dans la matinée du 21 Mars. «Â Le coup était prévu pour le lendemain, mais les choses ont dégénéré et C’‘est parti… », révèle une source proche d’un homme politique. Ensuite, très vite, Bamako s’est réveillé ce 22 Mars avec le message du CNRDRE, le comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’état, qui face à  «Â l’incompétence du régime d’ATT », a décidé de prendre le taureau par les cornes à  un mois de la date du 29 Avril. Arrestations en cascade l’élection allait-elle quand même avoir lieu à  cette date ? Alors que tous spéculaient sur la tenue ou non du scrutin à  la date prévue et face au contexte de crise au nord, quatre grands candidats se détachaient du lot et battaient déjà  campagne à  coup d’affiches géantes, de spots publicitaires à  la télé ou encore de messages sur la toile. On se souviendra surtout de la campagne « Je SMS » de Modibo Sidibé, pleine de bons sentiments, diffusée en boucle sur l’ORTM. Depuis, la junte a fauché l’herbe sous les pieds de l’ancien premier ministre d’ATT et candidat indépendant à  sa succession. Il était retenu au camp de Kati parmi d’autres personnalités accusées d’avoir pillé le régime et à  qui des comptes sont demandés. Pire, le limogeage orchestré le 30 Mars 2011 par ATT n’est rien en comparaison de l’arrestation par les putschistes de Modibo Sidibé à  sa demeure de Faladjè, o๠il aurait été humilié devant ses proches. Sa libération est survenue mardi soir ainsi que celles de l’homme d’affaires et président du Conseil économique et social, Jeamille Bittar. Mais les chances de Modibo Sidibé sont-elles toujours les mêmes ? Peut-il encore briguer la magistrature suprême sous un régime de transition dirigé par ceux qui l’accusent de tous les maux? Par ailleurs, une information a très vite circulé sur le saccage du domicile de Soumaila Cissé, candidat de l’URD, sis à  Badalabougou, qui aurait vu sa maison formellement dévalisée par des hommes en armes. A cette mêlée brusque, se sont ajoutés les bandits et voleurs de tout acabit. Pendant deux jours, le mercredi 21 Mars et jeudi 22 Mars, le candidat de l’URD est resté invisible à  tel point que l’on s’est demandé s’il n’était pas tombé aux mains des putschistes. Quant au leader du RPM, Ibrahim Boubacar Keita (IBK), il n’a pas été inquiété, et a été le premier poids lourd a condamner fermement le coup d’état, le 23 Mars, lors d’une déclaration solennelle. Après lui, Soumi a refait surface et lui a emboité le pas. Avant eux, une pléiade de formations politiques de petite envergure se sont mis à  soutenir l’action de la junte, après la déclaration d’Oumar Mariko, qui a adhéré au coup de force au nom du parti SADI. Réputé être le seul véritable opposant au Mali, avec 3 députés à  l’Assemblée Nationale désormais dissoute, la sortie de Mariko n’étonne pas, lui qui a toujours désavoué le régime d’Amadou Toumani Touré. Mieux, Mariko a lancé le MP22, le Mouvement Patriotique du 22 Mars, non pour faire allégeance à  la junte seule, mais aussi se positionner dans la possible transition à  venir. Il se murmure que le capitaine Sanogo, qui évite d’ailleurs de trop parler sur les antennes nationales, chercherait un Premier ministre. Au parti SADI, on ne fera pas la sourde oreille… Sourde oreille ? De son côté, Dioncounda Traoré, l’ancien président de l’Assemblée Nationale, dissoute par le coup de force, est hors des frontières du pays. Coup de chance ou coup du hasard, le candidat de l’Adema à  la présidentielle, voit sa campagne médiatique, à  peine débutée, il y a un mois, tomber comme du lait à  peine bouilli. Aura-t-il l’audace de revenir au pays ou préférera t-il observer les choses de loin ? «Â Je reviendrai au pays lorsque les conditions le permettront… », a-t-il déclaré depuis Ouagadougou. A noter qu’à  ce jour, Dioncounda Traoré n’a toujours pas condamner le coup d’état… Par peur que les mutins ne lui fassent subir le même sort que la cohorte de ministres, dont celui des Afaires Etrangères, de l’Administration territoriale ou encore de la Défense, retenus au camp de Kati? Retour à  la normale Passé le coup de force, les bamakois ont repris le travail ce mardi 27 mars, avec l’accès au carburant et aux guichets de banque pour s’approvisionner en cash. La pénurie aura duré 4 jours. Mais entre Jeudi 22 Mars et ce mardi, les concertations et tractations entre partis politiques et mouvements de la société civile ont eu lieu. Beaucoup se sont pressés auprès du chef de la junte, qui a clairement invité l’ensemble des forces vives de la nation à  le rencontrer pour gérer au plus vite la situation et l’aider à  restaurer la démocratie… ou plutôt à  la redresser. Mais dans ce genre de contexte, les démarches des uns et des autres, apparaissent légitimes ou inattendues comme l’allégeance de Mountaga Tall du CNID à  la junte ou le silence d’un Madani Tall (ADM) qui faisait la une des journaux quelques jours avant le putsch. Silence aussi d’Hamed Sow, ex conseiller à  la présidence, qui viserait lui aussi le poste de Premier ministre de transition. De son côté, la rupture de l’ordre consitutionnel n’est pas une bonne nouvelle pour le candidat du RpDM, Cheikh Modibo Diarra, par ailleurs gendre de l’ex président déchu Moussa Traoré et absent du pays. Certains leaders politiques ont eux été vus lors du meeting géant de la société civile ce 26 Mars pour dire Non à  la junte et exiger le retour de l’ordre constitutionnel au Mali. Des figures de proue comme Siaka Diakité de l’UNTM, Mme Sy Kadiatou Sow de l’Adema ou le professeur Ali Nouhoum Diallo, ex président de l’Assemblée Nationale, sans oublier la figure de proue du PARENA, Tiébilé Dramé, qui a fermement condamné le coup de force, ou encore Tiéman Coulibaly, président de l’UDD. Deux poids, deux mesures Mais deux fronts s’opposent désormais au sein de la classe politique. Les anti-putsch et les pro-CNRDRE, et tous multiplient les déclarations, les communiqués et les condamnations, alors que la junte apparaà®t de plus en plus isolée aux yeux de l’opinion internationale qui ferait penser que tous les Maliens sont contre le putsch. Si Modibo Sidibé a été volontairement écarté du jeu politique, avec Dioncounda Traoré en exil forcé, Ibrahim Boubacar Keita et Soumaila Cissé restent les deux poids lourds de la politique malienne sur le devant de la scène et se positionnent contre le coup d’état du 22 Mars. Le premier s’est affiché au meeting de la société civile le 26 Mars après avoir rencontré le chef de la junte. Le deuxième s’est contenté de prêter l’oreille aux confidences du capitaine Sanogo, tout en réaffirment son attachement au retour constitutionnel.