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Pour l’honneur du Mali…

Après un coup d'à‰tat à  quelques semaines du scrutin présidentiel, l'occupation de plus de la moitié du territoire par des…

Après un coup d’à‰tat à  quelques semaines du scrutin présidentiel, l’occupation de plus de la moitié du territoire par des islamistes tortionnaires, une transition qui a fait aller le pays à  la-vas-comme-je-te-pousse, une pression extrême de la communauté internationale pour l’organisation des élections, après tout ça, nous l’avons fait !! Malgré tout ça, nous avons tenu les deux tours d’un scrutin organisé à  une vitesse impressionnante et unanimement salué par les centaines d’observateurs qui ont scruté chaque bureau de vote à  la loupe. Nous avons élu démocratiquement le cinquième président du Mali. Oui, il y a eu des imperfections : les réfugiés ont peu voté, à  l’étranger la désorganisation en a empêché plus d’un, etc. C’’est à  déplorer mais C’’est un moindre mal. On aurait pu faire mieux mais on aurait pu aussi faire beaucoup moins bien. La démocratie est un mode de gouvernance difficile. Et aucune démocratie n’est parfaite. Si elle a particulièrement été mise à  mal au Mali depuis un an et demi, aujourd’hui son blason a été redoré. D’abord parce que le peuple malien s’en est emparé en sortant massivement pour choisir son dirigeant. Finis le désintérêt et la passivité ! Dans les quartiers, dans les centres de vote, les Maliens ont démontré leur esprit de citoyenneté, leur conscience politique. Peut-être était-ce réellement la première fois. Ensuite, les candidats ont tous fait preuve de retenue. Aucun d’entre eux n’a sombré dans des bassesses de cours d’école à  l’encontre de ses rivaux comme on a pu le voir ailleurs. Aucun d’entre eux n’a instrumentalisé ses partisans pour les envoyer s’entretuer dans la rue. Les tentations et les écueils étaient nombreux mais tous ont été évités. Et pour la première fois depuis mars 2012, le pays n’a pas été pris en otage. Enfin, il faut féliciter deux hommes qui ont choisi pour nous, pour eux, de relever enfin la tête du Mali. Il faut toujours un vainqueur et un vaincu. Mais de l’attitude du vaincu dépend la victoire du vainqueur. On a vu trop de fois l’issue d’une élection se transformer en guerre civile. Mais il semble que nous ayons retrouvé notre chemin. Hier soir, alors que les résultats définitifs n’étaient pas encore officialisés, le vaincu a salué le vainqueur dignement, entouré de sa famille. Il s’est comporté en démocrate mais surtout en Malien. Il a ouvert la porte pour que le vainqueur puisse nous mener vers notre bonheur comme il l’a promis. Et C’’est ensemble, qu’ils ont fait l’honneur du Mali.