Pour ou contre la célébration du cinquantenaire au Mali ?

Les points de vues divergent sur la question de savoir si le Mali doit oui ou non fêter le cinquantenaire…

Les points de vues divergent sur la question de savoir si le Mali doit oui ou non fêter le cinquantenaire de son indépendance. Excédés par le joug colonial, la plupart des Etats africains ont décidé de proclamer leur indépendance, même si leurs destinées sont restées entre les mains du colonisateur. D’o๠l’ire de certains interlocuteurs à  qui nous avons tendu le micro. Ainsi, bien des Maliens sont farouchement opposés à  la célébration du cinquantenaire. Les sceptiques Almamy Conté, Economiste : Certes le cinquantenaire se doit d’être fêté avec faste, mais faudra-t-il que ce soit un moment propice d’une remise en cause. Force est de reconnaà®tre que beaucoup d’aspects de la vie socio économique de notre pays restent à  présent, fortement tributaires de l’occident. Alfred Samaké, Historien : l’indépendance du Mali a toujours été un vain mot. La France, pays colonisateur, ne s’est jamais engagé à  rompre avec son système néocolonial sous lequel l’Afrique croupit encore sous ses pieds. Restons à  jamais éveillés car on tente de nous endormir la conscience. Sibiri Coulibaly, ancien cultivateur : Vous avez dit indépendance ? C’’est bien sous ce vent trompeur que des valeurs de notre société et de la République se sont volatilisées. En effet, les vertus de probité, dignité, de solidarité, de citoyenneté…se sont diluées, liquéfiées, et même « négativées ». Nous avons encore la nostalgie de la période qui a vu Modibo Keita (le premier président du Mali indépendant) régner. Un ancien ministre de l’économie : Rien n’a évolué sur le plan épanouissement humain. l’indépendance suppose avant tout un développement humain. l’on a tendance à  noyer le poisson dans l’eau. La floraison des infrastructures n’est qu’un fin aspect du développement. Certes le Mali a changé de visage. Mais aucunement, cet aspect ne saurait constituer en soit l’élément de référence dans lequel la notion d’indépendance devra s’identifier. Moussa Sidibé, socio anthropologue : La célébration du cinquantenaire, pour moi est pur folklore pour endormir la conscience du peuple malien. l’indépendance acquise est une coquille vide. Ceux qui s’interrogent Cdt Birama Traoré, ancien combattant : l’évènement du cinquantenaire remet à  la table, la question de savoir, si le Mali est totalement indépendant. Certes, prétendre à  se démarquer du joug colonial était une bonne chose pour nos Etats. Mais, force est de dire nous nous sommes précipités dans un système dont les aboutissants étaient ignorés. Aujourd’hui, nous sommes dépendants de l’occident, plus que nous l’étions autrefois. Quant on parle d’indépendance, la notion de liberté est fondamentale et essentielle. Nous ne sommes pas libres. Or qui n’est pas libre n’est pas maà®tre de sa destinée. Tout ce que nos autorités posent comme actes sont dépourvus du très précieux sceau de la souveraineté et soumis à  l’arbitrage. Même lors de grandes décisions, tout comme la plupart des Etats indépendants, n’a pas la main mise sur son pouvoir de décision. Les Pour Alioune Ifra NDIAYE, promoteur culturel du Blonba Club Il faut fêter le cinquantenaire. C’est l’occasion de poser des actes et d’éveiller la conscience citoyenne des jeunes Maliens. Cela aide à  se projeter et à  définir de nombreux projets. Il y a quelques années, je ne connaissais pas grand chose de l’histoire de mon pays, aujourd’hui, je me suis documenté, informé, parcouru ce pays et le cinquantenaire permet ce voyage, dans l’histoire, dans le temps. Djeneba, étudiante : Moi je suis pour ! C’est l’occasion de réjouissances, de liesse populaire. Mais surtout, il faut faire le bilan de 50 ans d’indépendance pour se préparer à  l’avenir. Et puis, il n’y a pas que le Mali mais 17 autres pays qui vont fêter cette année. Comment peut-on faire l’impasse sur une telle célébration ? La France, à  travers son président Sarkozy s’est engagée à  soutenir les Etats africains dans le cadre de leurs cinquantenaires. C’’est ainsi qu’elle projette de réunir les chefs d’Etats africains dont les pays célèbrent leur indépendance, autour d’un mini sommet prévu en juillet prochain. Mais dès à  présent, à  l’instar de cette autre Association dite « Mémoire d’Afrique » d’Adame Ba Konaré, ex première dame du Mali, des voix s’élèvent pour mettre ces Etats en garde contre « la caution de la France ». Il faut rappeler que C’’est sous le joug colonial de la France que le Mali était autrefois appelé « Soudan Français ».