IdéesÉditos, Idées




Pourquoi la coopération espagnole a boudé le forum de Mopti ?

Les représentants du Bureau de la coopération espagnole ont décidé de ne pas effectuer le déplacement de Mopti à  la…

Les représentants du Bureau de la coopération espagnole ont décidé de ne pas effectuer le déplacement de Mopti à  la faveur du Forum du ministère de la culture. Le constat a été établi ce jeudi lors de la cérémonie d’ouverture des travaux de la rencontre. Le Projet de renforcement des capacités et de promotion de l’action culturelle de l’Agence espagnole de coopération internationale au développement, qui est un partenaire clé dud forum n’a pas en effet jugé utile de se rendre en 5ème région pour prendre part aux discussions d’évaluation de la biennale délocalisée et les perspectives de la Semaine nationale du patrimoine culturel. Renseignement pris auprès des responsables du ministère de la culture, il est apparu que le partenaire espagnole considère la région de Mopti comme appartenant à  la « zone rouge » avec la recrudescence de la menace terroriste dans la bande sahélo-saharienne. Appréciation erronée Il est vrai que depuis quelques temps le Nord de notre pays vit au rythme des prises d’otages spectaculaires, du brouhaha médiatique qui les accompagne et des interventions musclées de certaines troupes sous-régionales pour, dit-on, circonscrire la «menace terroriste». Mais delà  à  croire à  une « afganistanisation » du Mali, il n’y a eu qu’un pas à  franchir pour les médias occidentaux et les Chancelleries européennes. Qui ont dissuadé leurs ressortissants de choisir le Mali comme destination touristique. En oubliant certainement que le tourisme malien ne s’arrêt pas seulement au Nord, et qu’il existe plusieurs autres sites touristiques vers les régions sud du pays. Mais il faut le dire net : il y a véritablement une volonté de nuire à  l’image du Mali et d’affecter un secteur porteur de son économie comme le tourisme. En classant la région de Mopti sur une zone dite « zone rouge » pour justifier la menace terroriste, le partenaire espagnol a appliqué à  la lettre les recommandations des Ambassades européennes de mettre une croit sur les voyages à  l’intérieur du Mali. Depuis l’éclatement de la crise, la 5ème région, qui un pôle d’attraction touristique, n’a jamais vécu au rythme d’un quelconque enlèvement. Placer celle-ci sur la «zone rouge » est donc injustifié, et participe d’une campagne de dénigrement à  l’encontre de la situation sécuritaire du Mali. La preuve est qu’à  la rencontre de Mopti, près de 200 participants sont venus des huit régions du pays, plus le district de Bamako. Au cours de leurs travaux leur sécurité, en aucun moment, n’a été menacée par une quelconque action terroriste. Et ce jour, les touristes d’autres nationalités continuent de sillonner la région à  la découverte des merveilles du plateau Dogon. Impact négatif sur le tourisme La décision des Chancelleries européennes d’interdire le Mali comme destination touristique à  ses ressortissants a porté un coup dur sur plusieurs secteurs d’activités économiques, notamment le tourisme. Au Mali, la saison touristique est marquée chaque année par la fréquentation des sites par les visiteurs internationaux ainsi que leur présence aux différentes manifestations touristiques et culturelles (festivals, cérémonies rituelles, etc.) Mais depuis deux saisons touristiques, la visite du Mali a fortement chuté, occasionnant une baisse de la fréquentation de nos sites et manifestations par les visiteurs internationaux. De 250.000 visiteurs en moyenne chaque année, nous sommes actuellement à  120.000 touristes seulement depuis 2009, soit une réduction de plus de 50% du taux de fréquentation. Ceci a eu des conséquences dramatiques pour les acteurs du secteur. Car, on a assisté à  un arrêt des vols charters en direction de Mopti et de Gao, une annulation des réservations d’hôtels par des organisateurs de voyages, la réduction des dépenses liées à  la visite des sites (guidage, location véhicules, restauration, achats de cadeaux, etc.). Le tourisme malien, C’’est aussi actuellement les difficultés pour les entreprises touristiques (agences de voyages, hôtels, locations de véhicules, etc.) et les artisans de payer le salaire du personnel, les impôts et taxes, les prêts constatés auprès des institutions de financement, la baisse du niveau des investissements touristiques, l’arrêt de certains projets, surtout hôteliers ; le désespoir de nombreux prestataires informels, etc. Une situation absolument dramatique et injustifiée, qui est la conséquence du lynchage médiatique dont le Mali est victime à  propos de la sécurité au Nord.