Politique




Pr. Clément Dembélé : « Le M5-RFP n’est la propriété privée de personne »

Le Président de la Plateforme contre la corruption et le chômage, le Pr. Clément Dembélé, revient sur l’actualité sociopolitique de la semaine.…

Le Président de la Plateforme contre la corruption et le chômage, le Pr. Clément Dembélé, revient sur l’actualité sociopolitique de la semaine.

Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga était devant le CNT pour évoquer l’état d’exécution de son Programme d’action gouvernemental (PAG). Comment évaluez-vous la promotion de la bonne gouvernance ?

On est en train de politiser la lutte contre la corruption. Le gouvernement se doit de poser de vrais actes et non de procéder à des arrestations. Pourquoi Assimi Goïta n’enjoint pas à ceux qui sont assujettis aux déclarations de biens de le faire sous peine d’être radiés ? Pourquoi ne pas ouvrir d’enquêtes systématiques sur les rapports du Vérificateur général ? Je ne comprends pas cette lutte contre la corruption sélective. Elle ne marchera pas. Il faut qu’une volonté politique accompagne la volonté judiciaire. La justice doit vraiment être indépendante et on doit doter le pôle économique de moyens pour ce faire. Comme je l’ai toujours dit, il faut prévenir en empêchant les gens de voler et non les mettre en prison.
Six membres du M5-RFP ont été suspendus du Comité stratégique. Qu’en pensez-vous ?

Ce n’est pas parce qu’on suspend des gens qu’ils vont se taire ou avoir peur. Au contraire, on les radicalise. Le M5-RFP n’est la propriété privée de personne. Il représente le peuple. Je dis à ceux qui prétendent être les dirigeants du M5-RFP  qu’ils n’ont pas le droit d’empêcher les gens de dire ce qu’ils pensent. Cette époque est révolue. Cette suspension n’a aucune valeur juridique.

Êtes-vous d’accord avec ceux qui estiment que le Premier ministre, également Président du Comité stratégique du M5-RFP, est « le » problème ?

Sincèrement non. Le vrai problème est le manque d’orientation stratégique, qu’on doit imposer à la volonté même de Choguel Kokalla Maïga. Ce rôle revient à toutes les associations et partis qui constituent le M5-RFP. Le Premier ministre ne peut pas être un homme fort qui fait la pluie et le beau temps, ni d’autres d’ailleurs. C’est au peuple de dicter sa voie. Choguel Kokalla Maïga n’est pas le problème, il profite seulement du vide.

Récemment, vous avez déclaré que l’absence d’intervention réelle de l’État face à la montée du prix des engrais serait un crime contre les paysans maliens. Que craignez-vous pour la campagne agricole prochaine ?

L’État se doit de subventionner l’engrais ou de le réquisitionner pour éviter la spéculation. L’urgence, c’est que l’État interdise aux distributeurs de dépasser 11 000 francs CFA sous peine de sanctions. Sinon, l’année prochaine on risque d’acheter le sac de riz de 60 000 à 75 000 francs CFA. L’insécurité alimentaire est pire que l’insécurité territoriale.