Présidence de l’UDD : Tieman Coulibaly sur orbite pour 2012 ?

Un parcours militant exemplaire « Je me présente aujourd'hui devant vous avec les pouvoirs de présider le Conseil exécutif de…

Un parcours militant exemplaire « Je me présente aujourd’hui devant vous avec les pouvoirs de présider le Conseil exécutif de notre parti et J’en suis heureux. Heureux de la confiance placée en moi et heureux que J’ai pu me faire entendre et comprendre par mes camarades ». Ces mots viennent du tout nouveau président de l’UDD, Tieman Coulibaly, prononcés à  l’occasion de son discours d’investiture le dimanche 14 mars au Centre International de conférence de Bamako. Il succède ainsi à  Maà®tre Hassan Barry, ambassadeur du Mali en Guinée, qui occupait le poste depuis 6 ans, et dont la gestion était de plus en plus décriée par les militants. Fils de Moussa Balla Coulibaly, fondateur du parti et actuel président du Conseil national du patronat malien (CNPM), Tieman n’a pas manqué d’essuyer les critiques sur une succession dynastique à  la tête du parti. Pourtant, militant depuis 1994, C’’est un à  un que ce dernier a gravi tous les échelons de sa formation politique, avant d’en prendre la tête à  42 ans. Après avoir animé les comités, les sous sections à  Badalabougou o๠il a fait toute sa jeunesse, puis la section de la Commune V du district de Bamako, il fut directeur de campagne de Feu Dieudonné Zallé, qu’il réussit à  porter à  la tête de la Mairie en 1999. A partir de là , ce père de trois enfants fera une entrée remarquée au sein du bureau exécutif de l’UDD en qualité de secrétaire à  la communication, puis secrétaire général adjoint en 2003. Mais ce n’est qu’en 2006 que Tieman Coulibaly fera le coup qui lui a donnera une visibilité sur la scène politique nationale. Ami de longue date de l’ancien ministre Soumeylou Boubeye Maiga, il lui apporte un soutien marqué en novembre lors d’un meeting devant aboutir à  la candidature de Boubeye à  la présidentielle de 2007, alors même que l’UDD avait choisi de soutenir ATT. Son discours éloquent et très musclé contre le pouvoir en place vaut à  Tieman de se faire remarquer et cataloguer comme opposant notoire. Plutôt risqué lorsque l’on est un chef d’entreprises présent dans de nombreux secteurs de l’économie. Pourtant, ceux qui connaissent l’homme savent que sa prudence de sioux le préserve de décisions à  l’emporte pièce. Sa loyauté envers son ami Boubeye en valait sans doute la peine, même si le coup d’éclat est quelque peu atténué par le faible score obtenu par ce dernier, pas plus de 1,5% ! Qu’à  cela ne tienne, Tieman Coulibaly a marqué un point. Il est désormais craint et courtisé à  la fois. Au point que son parti le nomme secrétaire général en janvier 2007. Se sentant pousser des ailes, C’’est en toute légitimité qu’il est investi dans la circonscription de Diema (région de Kayes), o๠il milite depuis 2005. Mais à  la suite d’une campagne discrète, et d’un ancrage encore trop faible, Tieman n’arrive que 3ème aux législatives de juillet 2007. Il a néanmoins pris date. Les réseaux créés et l’expérience accumulée aidant, son nom circule régulièrement comme probable entrant dans le gouvernement du Mali. Business ou politique ? C’’est à  un homme iconoclaste que l’UDD a confié son destin. Mélomane avéré et nostalgique des gloires de la pop-soul américaine des années 70, Tiéman est aussi gratteur de guitare à  ses heures perdues. Une réminiscence des années 1980, o๠il formait avec un groupe d’ami un « band » musical très connu des usagers du métro parisien, et qui leur permettait d’obtenir un argent de poche bien nécessaire. Homme cultivé mais discret, il avale les essais politiques, économiques, et mémoires des grandes figures historiques ou hommes d’Etat, au point de se constituer de nombreuses références internationales et un corpus idéologique sur les grandes problématiques du développement africain. Car celui qui mène en parallèle à  la politique une activité de chef d’entreprises n’a jamais caché ses ambitions. Formé à  l’Ecole supérieure de commerce de Saint Etienne, Tieman Coulibaly a été militant au sein d’associations d’étudiants africains en France. Rentré au pays dès la fin de ses études au début des années 1990 pour rejoindre le holding familial IK SA, il a depuis développé le groupe de communication Stellis (anciennement Panafcom), aujourd’hui présent à  Conakry, en Guinée Bissau, et au Burkina Faso. Les ressources humaines (Antares), le ciment (CMM), la gestion aéroportuaire (ASAM), et bientôt le transport, font aussi partie des multiples activités qui font de lui l’un des patrons les plus en vue de sa génération. Trop dispersé selon certains, il délègue néanmoins, aux collaborateurs de toutes nationalités qui l’entourent. Son avenir est-il dans le business ou la politique ? Tieman Coulibaly a décidé de ne pas choisir. Piqué par le virus dès son plus jeune âge, il est convaincu de son destin politique, et bâti sans doute à  travers ses affaires les moyens de son ambition. Un homme de consensus pour la réunification de la famille UDPM ? Convaincu que rien ne se fera sans un projet de société, C’’est donc logiquement que Tieman Coulibaly a esquissé son programme politique lors du Congrès, « la puissance économique naà®tra d’un grand marché, avec un système éducatif de qualité, la mise en valeur des atouts de chaque espace, et un système financier et bancaire innovateur et moins spéculatif ». Il a ainsi assuré ses militants qu’il s’emploierait à  bâtir un grand parti, véritable machine électorale pouvant conduire vers le succès. Et selon de nombreux cadres du parti, cela passe par « l’instauration d’un débat fraternel ouvert et franc avec le Rassemblement pour la démocratie et la solidarité (RDS) du Professeur Dicko et le Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR) de Choguel », eux aussi issus de l’ancien parti unique l’UDPM, dans le but d’aller progressivement vers l’unité originelle. Tieman Coulibaly saura t’il prendre la tête de la famille réunifiée pour la mener aux présidentielles de 2012 ? En tout cas, rodé aux négociations syndicales dans le cadre de ses fonctions d’administrateur général d’ASAM, ses talents de négociateur et son sens du consensus ne seront pas de trop. S’il réussit, un tel regroupement porté par une figure jeune et emblématique pourrait en effet bousculer les partis bien installés : Adema, URD et RPM. Il a ainsi plaidé pour une mobilisation des énergies afin de préparer cette échéance, qui selon lui « passe nécessairement par la volonté et l’audace ». Ce sont les maà®tre mots de celui qui se veut le porte flambeau d’une jeunesse en mal de leaders.