Politique




Présidentielle 2018 : Jour J – 100

Le compte à rebours commence. Ou s’accélère… c’est selon. Dans les états-majors des partis et mouvements politiques, en tout cas,…

Le compte à rebours commence. Ou s’accélère… c’est selon. Dans les états-majors des partis et mouvements politiques, en tout cas, l’effervescence monte crescendo et les dispositifs se mettent en place. Pour ceux qui ont des candidats, comme pour ceux qui ont déjà choisi leur camp, et même pour ceux qui hésitent encore, la présidentielle de 2018, c’est déjà demain. Prévue pour le 29 juillet prochain, cette échéance est cruciale pour le pays.

Les préparatifs vont donc bon train, y compris du côté administratif et logistique, même si la délivrance à date des nouvelles cartes d’électeurs soulève quelques inquiétudes. Le gouvernement, par la voix de son chef, assurant qu’il ne s’agit que d’un gage supplémentaire de sécurité et de transparence du scrutin, nous nous tournons donc vers ceux qui vont être les vedettes de ces 100 prochains jours. A un peu plus de trois mois du premier tour donc, ce que tout le monde s’entend à appeler la « pré-campagne » bat son plein. Les rencontres, réunions, parutions de livres, poignées de main et publications sur les réseaux sociaux se succèdent, précisant peu à peu les visages de ceux qui solliciteront nos votes fin juillet. Si l’on en croit les « sources bien informées » (sic !), ils seraient une bonne quarantaine à être tentés. De ceux qui ont plus ou moins déjà déclaré leur candidature et de ceux qui attendent l’investiture officielle de leur base pour monter au créneau, nous avons approché l’essentiel. Avec pour objectif d’exposer aux Maliens leur projet pour le pays, un exercice auquel peu se sont livrés par le passé. Sur le total de nos sollicitations, seules 4 réponses nous sont parvenues. Elles répondent au même schéma de la motivation de la candidature, officielle ou pas encore, et de la vision du candidat pour le pays, à travers des domaines-clés. A 100 jours de la présidentielle de 2018, découverte de quatre candidats et de leurs ambitions pour le Mali.

Moussa Sinko Coulibaly, candidat de la Plateforme pour le changement 

Qu’est qui motive votre candidature ?

Nous essayons d’être sûrs que les aspirations que nous avons pour le peuple malien, des aspirations de stabilité, de sécurité, de paix, d’éducation…, sont partagées par une majorité de Maliens. Nous avons fait le tour du Mali, nous pensons que c’est le cas. C’est pourquoi nous avons décidé qu’au sein de la Plateforme pour le changement, nous ferions une ouverture à tous les Maliens, sans exception. Nous essayons également de nous rapprocher d’autres personnes qui ont des projets pour le Mali, afin de présenter un projet inclusif, qui répondra à l’essentiel des besoins des Maliens. Nous voulons être sûrs de ne pas diviser lors du rendez-vous électoral du mois de juillet. Nous sommes prêts, mais nous attendons encore de valider un certain nombre d’éléments dans notre projet de société avant de rendre notre candidature publique.

Priorité des priorités ?

La priorité, c’est évidemment la bonne gouvernance. Les problèmes que nous connaissons actuellement, pour la plupart, sont liés à un déficit de gouvernance. Nous voulons changer la gouvernance et ce changement passe par celui des hommes et des femmes qui animent la vie publique de l’État. C’est pourquoi nous invitons tous les Maliens à changer d’équipe dirigeante en juillet. Nous sommes convaincus que tant que nous n’aurons pas des hommes et des femmes déterminés à respecter les lois de la République et la Constitution, à veiller sur les institutions de l’État, à faire du Mali la priorité, en dépit de toute mesure qui sera adoptée, nous n’aurons pas de résultat. Nous sommes convaincus que le changement que nous voulons mettre en place passe par celui des personnes qui animent la vie publique.

Sa vision

La sécurité. Sur cette question, nous partirons essentiellement de l’Accord pour la paix et la réconciliation signé par les différentes parties au conflit. Dans cet accord, il y a un certain nombre de paramètres, tels que le DDR, qu’il va falloir accélérer pour une mise en œuvre effective. Il y a un processus de réforme des forces de défense et de sécurité, il va également falloir l’accélérer. Mais il ne faudra pas négliger le volet économique, même si c’est l’aspect sécuritaire de la crise que nous voyons le plus. Les causes de la crise sont profondes. Il faut donc s’attaquer aux racines de la crise pour que les résultats que nous voulons, la sécurité sur le territoire, nous puissions les atteindre. Nous nous assurerons que tous les enfants du Mali fréquentent l’école, pour éviter que les enfants qui l’abandonnent ne puissent tomber dans des travers, en étant par exemple recrutés par des groupes terroristes.

L’économie. Un des volets de la bonne gouvernance est la lutte contre la corruption. Si, aujourd’hui, les étrangers et même les Maliens hésitent à investir au Mali, c’est parce que nous avons un système qui les décourage, notamment à cause de la corruption à tous les niveaux, et surtout au somment de l’État. Nous allons commencer par mettre fin à cette institutionnalisation de la corruption. Avec cela, nous encouragerons les nationaux à mettre de l’argent dans le circuit économique, de même que les étrangers. Nous relancerons la machine économique avec cette stratégie et les effets mécaniques derrière seront qu’il y aura plus d’emplois, en particulier pour les jeunes, plus d’opportunités économiques pour tout le monde. Nous estimons qu’en mettant fin à la corruption au sommet du pays, nous pourrons dégager près du tiers du budget de l’État malien actuel, que nous pourrons ensuite réinjecter dans le circuit économique.

Les infrastructures. Il est très difficile de se déplacer au Mali. Il va falloir faire en sorte que toutes les régions du Mali soient accessibles facilement, aussi bien par voie aérienne, route ou rails. Il nous faudra également passer de l’économie primaire à une économie où l’industrialisation va prendre de l’essor. De plus en plus d’unités de transformation de nos produits, pour permettre non seulement de créer des emplois mais aussi pour permettre à l’économie malienne d’être tournée vers la consommation intérieure. Voici les deux pistes, les routes et l’industrialisation.

L’éducation. Nous considérons l’école comme une question de sécurité nationale. Les enfants maliens doivent apprendre à lire et à écrire, des métiers, s’imprégner des outils modernes. L’éducation est un axe majeur de notre programme. Nous allons beaucoup investir dessus, ce sera l’une de nos priorités.

La santé. C’est un des services fondamentaux que l’État doit pouvoir offrir à tous les Maliens. Il faut un minimum de services de santé disponibles, il faut de l’eau potable, il faut qu’il y ait une vraie autosuffisance alimentaire. Ce sont des élémentaires que l’État doit offrir.

Le Mali dans le concert des Nations. Pour le volet paix et sécurité, il nous faut travailler avec étroitement avec les pays du G5 Sahel et les pays voisins. Nous allons renforcer nos rapports avec ces pays. Sur le plan économique, au niveau de la CEDEAO et de l’UEMOA, il nous faut être plus présents sur le marché. Au-delà, nous allons continuer à entretenir de bonnes relations avec les amis du Mali. Les pays avec lesquels nous n’avons pas encore de contacts, nous allons les établir et les pérenniser. Nous allons également renforcer nos relations avec Barkhane et la MINUSMA.

La culture.  Si les conditions sécuritaires le permettent, nous ferons en sorte que les étrangers et même les Maliens qui le souhaitent puissent venir visiter le pays. Ces opportunités doivent être relancées. Nous pensons qu’avec le volet sécuritaire que nous allons mettre en place le tourisme va reprendre rapidement. Et la richesse culturelle du Mali, que certains avaient commencé à oublier, va de nouveau rayonner à travers le monde.