Profanations à Tombouctou, au nom de quoi ?

Ce vendredi 04 mai, des combattants du groupe islamiste malien Ançar Dine ont attaqué le mausolée de l'un des saints…

Ce vendredi 04 mai, des combattants du groupe islamiste malien Ançar Dine ont attaqué le mausolée de l’un des saints les plus vénérés de Tombouctou, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Ils ont brisé les fenêtres et le portail en bois de la tombe de l’érudit Sidi Mahmoud Ben Amar, avant d’y mettre le feu, selon des témoins. C’’est bien la premières fois qu’un acte de dégradation gratuite d’un lieu considéré comme sanctuaire se produit au Mali. « C’est trop difficile à  supporter » «Ce que vous faites est haram ! » a déclaré l’un des hommes armés aux témoins effarés qui assistaient à  la scène. « Demandez directement à  Dieu plutôt qu’à  un mort », a-t-il ajouté avant que ses camarades et lui ne rentrent dans le mausolée. Ils y ont déchiré et brâlé aux yeux de tous des morceaux d’étoffes blanches qui recouvraient le mausolée du saint, selon notre témoin. Pour les hommes d’Ançar Dine, la vénération du saint musulman est contraire à  l’islam. Ils ont d’ailleurs annoncé qu’ils reviendraient détruire d’autres mausolées. Les villes du nord du Mali, hauts lieux d’érudition et de piété musulmane disposent de nombreux lieux de recueillement comme celui profané le week-end dernier. Le gouvernement malien a publié un communiqué condamnant un «acte innommable perpétré au nom de l’islam, une religion de tolérance et de respect pour la dignité humaine». l’Unesco pour sa part n’a pas réagi mais l’organisation onusienne n’a cessé de demander aux belligérants de la crise malienne de ne pas s’en prendre aux trésors culturels dont recèle le nord du Mali. Les populations, quand à  elles se rongent le frein, impuissantes qu’elles sont devant des hommes armés. Mais selon un élu originaire de Tombouctou, la révolte gronde car «il s’agit d’un événement qui affecte la dignité des gens. Cette tombe est sacrée, c’est trop difficile à  supporter», a déclaré El Hadj Baba Haidara. La profanation d’un tombeau, à  plus forte raison, celle de personnages réligieux considérés comme bénis, est un sacrilège aux yeux de toutes les réligions. L’imaginaire collectif lui attribue comme chatiment la malédiction de l’auteur de l’acte et de sa descendance. Plusieurs rumeurs avaient couru dans Tombouctou évoquant des cas de folie ou de morts inexpliquées suite à  d’autres profanations et autres actes posés depuis le début de l’occupation des villes du nord, à  la fin du mois de mars.