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Professeur Houénou : « L’Afrique francophone doit rattraper le retard »

Le professeur Pascal Valentin Houénou est l'un des doyens de l'Université Félix Houphouà«t Boigny d'Abidjan, en Côte d'Ivoire et membre…

Le professeur Pascal Valentin Houénou est l’un des doyens de l’Université Félix Houphouà«t Boigny d’Abidjan, en Côte d’Ivoire et membre du Groupe mondial de référence de l’Unesco sur l’Education au développement durable. En marge d’un atelier tenu à  Abidjan sur « Médias, Changements climatiques et Education au développement durable » tenu du 13 au 17 octobre 2014 à  Abidjan, il a répondu à  nos questions. Le professeur Houénou est un expert de la question et a participé à  plusieurs conférences mondiales sur le climat. Il estime qu’aujourd’hui, un appel doit être lancé à  l’Afrique francophone, afin qu’elle se saisisse durablement des questions de changements climatiques. Puisque le continent est appelé à  être affecté par ses effets négatifs, il urge de faire le bilan. Et à  quelques jours de la conférence mondiale de l’Unesco sur le développement durable à  Nagoya au Japon, l’occasion est toute trouvée de renforcer le plaidoyer… Journaldumali.com : A quel stade se situe l’Afrique de l’ouest et sub-saharienne en matière de changements climatiques et d’adaptation ? Professeur Houénou : au niveau des politiques nationales et régionales, les pays, collectivement et/ou individuellement, ont davantage pris conscience des menaces qui pèsent sur le continent en matière de changement climatique. L’option préférentielle a été celle de l’adaptation tenant compte des contextes environnementaux locaux, mais nous avons vite fait d’accepter également les solutions d’atténuation pour diminuer notre emprunt écologique en adoptant le mécanisme de développement propre (MDP) issu du Protocole de Kyoto qui nous charme à  travers les crédits carbone. Nous devons résolument nous attaquer à  la question de la pollution de l’air aux effets néfastes sur la sante humaine (maladies respiratoires, cardio-vasculaires, cancer, etc). Journaldumali.com : ces dernières, la pluviométrie a baissé, tout comme les aires sèches s’élargissent ainsi que l’ensablement dans plusieurs pays sahéliens, comment lutter contre ces phénomènes ? Pour ce qui a trait à  la pluviométrie, il est patent que la situation est grave. En certains endroits on assiste à  l’apparition et à  la persistance des pluies. Les conséquences sont nombreuses. Par exemple, les inondations provoquent de nombreux dégâts matériels, humains, économiques, en l’absence de mesures d’assainissement adéquates et d’éducation aux bonnes pratiques quant à  la gestion déchets de toutes sortes qui finissent par boucher les caniveaux. Par ailleurs, on observe des insuffisances notoires en matière de gestion de risques en amont et de résilience des populations souvent marquées par la pauvreté ou l’extrême pauvreté. Notre région est à  haut risque climatique ! Mais les réponses aux menaces (sécheresses, inondations, risques et catastrophes naturelles, etc) sont encore insuffisantes. On attend beaucoup des partenaires techniques et financiers qui apportent fort heureusement leur appui de façon de plus en plus intégrée. Les recherche-actions en cours qui visent la durabilité constituent une stratégie à  encourager en mettant à  la disposition des chercheurs les moyens financiers pour un plateau technique local en vue de la veille environnementale et de l’alerte précoce. Journaldumali.com : Que va dire l’Afrique à  la conférence de Nagoya prévue du 10 au 12 novembre 2014, sur son bilan en terme de développement durable ? Je sais que le bilan reste mitigé en Afrique, mais l’Afrique en ses différentes parties prenantes doit résolument adopter l’éducation au développement durable La conférence de Nagoya au Japon est, une bonne occasion pour amplifier ce remède qui contribue déjà  à  guérir l’humanité malade de ses malades et de ses maladies. Les ingrédients de cette potion magique sont : d’une part faire la promotion des valeurs à  travers des attitudes et comportements favorisant le développement durable; d’autre part, mettre en œuvre des méthodes éducatives innovantes, participatives, transdisciplinaires prenant en compte toutes les formes d’éducation formelle, non formelles et informelles). Et dans ce domaine, les médias ont un rôle de premier plan à  jouer car ils constituent un outil ou moyen de communication de masse. Communiquer, n’est pas éduquer, et l’éducation au développement durable prévoit une session de haut niveau notamment pour les ministres. La question centrale à  laquelle il convient de répondre est la suivante : comment faire face aux menaces diverses qui pèsent sur notre planète, et surtout comment faire face aux menaces du changement climatique à  travers l’éducation au développement durable ? La réponse à  ces questions ne suffira, il faudra surtout agir immédiatement, car nous sommes déjà  en retard. Nous devons hâter le pas et ne point désespérer de la capacité de l’humain à  résoudre les problèmes de notre temps.