Prostitution et trafic de drogue à la grande mosquée de Bamako

Construite dans les années 70 dans le cadre de la coopération entre le royaume d'Arabie Saoudite et le Mali sous…

Construite dans les années 70 dans le cadre de la coopération entre le royaume d’Arabie Saoudite et le Mali sous le régime de Moussa Traore, les alentours de la grande mosquée sont aujourd’hui envahis par toutes sortes d’activités prohibées. Mendicité, prostitution, trafic de drogues, exploitation économique des enfants, et tant d’autres activités illicites se font devant la maison de Dieu, au grand dam du comité de gestion de la mosquée. Lieu de culte la journée, lieu de débauche la nuit Bamako by night offre au randonneur nocturne des spectacles insolites qui tranchent avec les murs. Ce fut le vendredi dernier. Cette nuit là , au cours d’une promenade nocturne, nous nous sommes retrouvés face à  la grande mosquée de Bamako. Au pied de l’immeuble abritant les bureaux de la direction de la grande mosquée nous entendons des bruits provenant des tables des marchands, sous des parasoleils déployés et sous d’autres abris. Des mineurs (filles et garçons) et des adultes (hommes et femmes) étaient entremêlés, vociférant ici et là  «Â Allahou Akbar », et poussant parfois des gémissements mal dissimulés qui donneraient des vertiges à  un saint. Non loin de là , des jeunes filles n’ayant pas encore les dents solides tournaient en rond entre les petits groupes de garçons installés sur le périmètre, portant toutes des tenues très suggestives et ne cachant ni leur poitrines naissantes ni leurs fessières agitées de façon provocante. De la mendicité à  la délinquance Les garçons mendiants, dont l’age varie de 15 à  20 ans et qui se faufilent entre les voitures le jour, se mettent dans la peau de vrais bandits la nuit. Pour en savoir plus sur le mystère de la nuit aux alentours de cette mosquée, nous avons découvert une allée qui sépare le bloc des artisans bijoutiers de la mosquée, coté ouest. Dans cette allée, appelée « couloir de la mort » par les initiés des lieux, sont tapis de petits dealers de canabis, de chanvre indien, et même de cocaà¯ne! Des comprimés prohibés s’échangent comme des petits pains, mais pour pouvoir s’approvisionner en drogue, le milieu exige un langage codé. « Tabatiyada » est le code utilisé pour demander la dose, alors que « habilabi » signifie qu’il y en a en gogo. Quant à  « watabama », cela veut dire qu’il y en a pas. La situation est d’autant plus grave que ce drame humain est vécu en plein centre ville, aux alentours de la maison de Dieu, et au nez et à  la barbe des agents de la sécurité dont certains sont de connivence avec les délinquants du lieu. Une autre dérive signalée dans le coin : la location par certaines mendiantes de bébés ou enfants, le plus souvent des jumeaux, pour pouvoir émouvoir le passant plus facilement à  travers la ville. Du coté de la porte d’entrée de la mosquée, coté nord, le nombre pléthorique de tables de marchands donne le tournis. On y rencontre des herboristes, réparateurs de radios et télévisions, coiffeurs barbiers, marchands de vêtements, lanceurs de cauris, et autres vendeurs de têtes et autres parties d’animaux séchés. Le paradoxe est que tout est concentré dans petite surface de moins 300 mètres carrés. Pour la circonstance nous avons interrogé certains occupants, qui soutiennent qu’ils sont installés avec le consentement de la direction de la Mosquée. Sans préciser les montants, l’un d’eux affirme même qu’ils payent à  cette dernière une indemnité forfaitaire. Pour recouper cette information, nous avons approché l’administration, qui répond que le comité de gestion de la grande mosquée n’a pas autorisé toutes sortes de marchands à  s’installer dans ce périmètre. Les commercants autorisés seraient exclusivement ceux dont les activités commerciales s’accommodent avec l’Islam.