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Quand la guerre des communiqués fait rage…

Après la prise de Ménaka par le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) le 27 avril, la résurgence des…

Après la prise de Ménaka par le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) le 27 avril, la résurgence des hostilités a tôt fait d’entraà®ner une distorsion de l’information pour l’opinion publique qui cherche à  saisir la réalité du terrain. Sans que l’on sache vraiment qui a ouvert le feu en premier, survient de facto la rivalité des communiqués entre parties au conflit. La CMA a parlé le jour même d’agression et de rupture du cessez-le-feu par la partie gouvernementale, qui s’appuierait « sur une milice » et mettrait ainsi en jeu le processus de paix. Est-ce un moyen opportun de justifier son refus de signer l’accord le 15 mai ? Pour beaucoup, la réponse est affirmative. Du côté du GATIA, la milice en question, on répond du tac au tac le 28 avril sur les ondes d’une grande radio internationale, pour expliquer que la prise de Ménaka est survenue en représailles à  une embuscade tendue par le MNLA. Le groupe rebelle désormais bouté hors de cette ville qui a été le point de départ de la rébellion en 2012, est resté étrangement silencieux, se cachant derrière la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), dont il est l’un des membres. « Cela s’apparente à  un jeu de cache-cache pour minimiser sa défaite sur le terrain », affirme un officiel malien sous couvert de l’anonymat. Du côté de Bamako, on préfère garder la neutralité en se distanciant d’emblée dans un communiqué publié dès le lendemain des combats de Ménaka, dans lequel le gouvernement annonçait sa « surprise ». Tandis que la communauté internationale a condamné d’une seule et même voix la montée de violence à  Ménaka, Goundam, Léré et Diré, entre le 27 avril et le 2 mai, le ministère de la défense a régulièrement communiqué le bilan exhaustif du nombre de tués et blessés dans ses rangs et parmi les assaillants. Objectif : prendre à  témoin l’opinion internationale sur les violations du cessez-le-feu par les groupes armés opposés à  l’accord de paix, mais aussi témoigner de la combativité et du regain de forme des FAMas. s’il a souvent été reproché aux autorités maliennes de ne pas occuper l’espace médiatique au profit du MNLA, Bamako semble désormais avoir compris toute l’importance de communiquer rapidement après les faits, sans ambiguà¯té et en transparence.