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Quand l’inaction du gouvernement dans le nord inquiète(1/2)

Cependant, un mois et demi plus tard, le sentiment d'abandon voire de trahison se densifie chaque jour un peu plus…

Cependant, un mois et demi plus tard, le sentiment d’abandon voire de trahison se densifie chaque jour un peu plus chez nos compatriotes de cette partie du pays entre les mains d’envahisseurs, sans foi ni loi, qui contrôlent leur région, violent leurs filles et leurs femmes, profanent leurs lieux sacrés. C’’est que la gestion de cette tragédie dans ces trois aspects, ci-dessous, par l’actuel gouvernement, évoque étrangement celle d’Amadu Toumani Touré et de son équipe. La gestion politique. ATT n’a jamais esquissé un semblant de consultation nationale sur la crise du nord. Avec le recul, on peut reconnaà®tre qu’il n’y a rien de surprenant à  pareille attitude. La compréhension qu’il a de son invention, le consensus à  la malienne, l’a convaincu de l’inutilité d’une telle rencontre, d’autant plus que tous les grands partis politiques, ou presque, qui déjeunent, dà®nent et soupent autour de cette calebasse, ne l’ont jamais contredit pas plus qu’ils n’ont contesté une décision qu’il a prise. ATT a donc préféré débattre des problèmes du nord avec des interlocuteurs étrangers, notamment avec feu Mouammar Kadhafi, lors de leurs nombreux tête-à –tête privés, et avec les autorités algériennes lors des négociations ayant abouti au scandaleux accords d’Alger. Le Premier Ministre Cheikh Modibo Diarra semble suivre la même voie. Aucun parti politique n’est associé, de près ou de loin, à  l’analyse de la situation socio-sanitaire et culturelle catastrophique qui prévaut dans le nord, aux fins d’échange d’idées pouvant contribuer au soulagement des populations. Le cercle des interlocuteurs du Premier Ministre sur ce dossier brûlant se circonscrit singulièrement aux émissaires de la Cédéao, à  deux de ses chefs d’à‰tat, précisément Alassane Ouattara et Blaise Compaoré, ainsi qu’aux diplomates étrangers, pour l’essentiel européens. La question inévitable reste de savoir pourquoi le Premier Ministre croit-il les étrangers plus aptes à  trouver les solutions à  nos problèmes en lieu et place des filles et des fils du pays ? La question est d’autant plus incontournable que C’’est Blaise Compaoré qui s’est substitué au gouvernement pour inviter les envahisseurs à  se regrouper au sein d’une unique structure pour faciliter les négociations à  l’initiative et sous la conduite de la Cédéao. Le fait que le résultat de cette invitation inopportune du Président burkinabé ait été la création par les envahisseurs d’un Conseil Transitoire de l’à‰tat islamique de l’Azawad, qui rend le problème plus épineux, devrait inciter le Premier Ministre à  reprendre le dossier en mains et à  consulter ses propres compatriotes pour une sortie de crise conforme aux intérêts du pays. La gestion médiatique. Du début de l’agression armée contre le Mali, le 17 janvier 2012, au renversement d’ATT, le 22 mars 2012, l’Ortm n’a laissé filtrer aucune information sur la situation au nord du pays. Les faits d’armes des soldats maliens, ni les batailles qu’ils ont perdues, l’exode massif des populations en fuite ni les massacres Aguelhoc et d’ailleurs, les viols, ni les actes de vandalisme et la profanation de tombes et d’édifices publics, n’ont fait l’objet pas même d’un semblant de commentaire dans les journaux quotidiens présentés par la radiotélévision nationale. Quand la presse privée nationale essaie, tant bien que mal, de pallier le silence incompréhensible du gouvernement en diffusant les témoignes recueillis, souvent grâce au téléphone portable, auprès des acteurs présents ou en provenance des zones de conflit, les autorités, en tête desquelles les Ministres de la Défense, Sadio Gasama et de la Communication et Porte parole du Gouvernement, Sidiki N’fa Konaté, la convoquent pour l’accuser de relayer des rumeurs infondées et pour la menacer de sanctions. La dernière sortie médiatique, par voie de communiqué musclé lu à  l’antenne de l’Ortm, de l’actuel Ministre de la communication et Porte Parole du gouvernement, Hamadoun Touré, s’inscrit dans la même logique de censure déguisée. Dans ce communiqué, le Ministre développe une longue diatribe contre les médias nationaux accusés de semer la division et la haine à  un moment o๠le pays à  plus que jamais besoin d’unité. Le Ministre oublie que l’incompréhensible rétention, par l’Ortm, d’informations indispensables à  la compréhension de la situation du pays est justement la source malsaine o๠se nourrit la propagation de la division et de la haine qu’il reproche aux médias nationaux lesquels tentent de remédier à  ce déficit. Si le sentiment d’abandon voire de rejet ressenti pas nos compatriotes du nord se renforce jour après jour, C’’est bien parce que les seules images qu’ils voient et les seuls propos qu’ils entendent à  la télévision nationale leur décrivent un statut de mendiants qui doivent se satisfaire des dons humiliants annoncés à  longueur de journal télévisé. Refusant d’admettre la responsabilité de son gouvernement dans la frilosité de l’Ortm à  diffuser des informations objectives, à  organiser des débats contradictoires et des tables rondes o๠s’affrontent sainement les idées, pour aider le peuple à  comprendre les vrais enjeux du moment, le ministre, à  tort, menace de sanctions les auteurs de toute parole, de tout texte en contradiction avec la pensée unique de son équipe.Fort heureusement, cette tentative d’intimidation inopportune laisse indifférent tout(e) Malien(ne) conscient(e) du rôle qu’il (elle) doit tenir afin de contribuer à  l’information et à  l’éveil de son peuple. Blackout médiatique à€ ce jour, après six semaines de l’investiture du Premier Ministre des pleins pouvoirs, pas l’espace d’un seul instant l’Ortm, n’a diffusé une image ou une parole qui rassure les compatriotes asservis du nord sur d’éventuells démarches visant à  obtenir l’armement attendu par les militaires pour monter au front. Profitant de ce silence inapproprié, les agresseurs du pays en profitent pour désinformer l’opinion publique internationale afin de gagner sa sympathie agissante. Sur son site, créé à  cet effet, le Mnla diffuse régulièrement des communiqués, des commentaires et des photos sur la situation au nord, telle qu’il voudrait qu’elle soit. Ne disposant d’aucune autre source d’informations que celle du Mnla, et, par conséquent n’écoutant et n’entendant qu’une seule voix, l’opinion publique internationale, particulièrement européenne et arabe, s’accroche aux vieux mythes fondateurs de la race touareg : « les derniers hommes libres », « les hommes bleus », etc. et active la solidarité de race dont seule la race noire ignore l’importance. Et quand le Mnla et Ançar Dine se déploient sur le terrain de la guerre psychologique pour saper le moral des Maliens, en général, des ressortissants du nord, en particulier, le gouvernement dépose les armes arguant des prétextes fragiles. Ainsi, en réponse à  l’annonce de la création, de 27 mai 2012, par les deux organisations terroristes d’un Conseil Transitoire de l’à‰tat islamique de l’Azawad et à  la question du journaliste de l’Ortm sur les actions en cours ou envisagées par le gouvernement pour libérer le nord, le Ministre de l’information se contente de ranger, à  juste titre d’ailleurs, la déclaration dans le chapitre des non-événements, mais il laisse entendre qu’il ne peut faire aucune révélation qui risquerait de compromettre les démarches entreprises. Si tout le monde peut comprendre que les stratégies diplomatiques et militaires ni la nature des armes ne puissent pas être portées à  l’attention publique, il est difficile, en revanche, d’admettre que le gouvernement n’occupe pas, lui aussi, le terrain de la guerre psychologique afin de rassurer les compatriotes du nord par l’évocation, même superficielle, de quelques contacts pris avec les pays fournisseurs, de la livraison imminente d’armement et de la mise en alerte des soldats maliens. Il est tout aussi difficile d’admettre que le Ministre des Affaires à‰trangères et de la Coopération Internationale, Sadio Lamine Sow, n’ait même pas jugé utile de refaire le trajet du Mnla, qui a demandé et obtenu une audience auprès du Parlements européens à  Strasbourg, pour expliquer la position du gouvernement sur les événements et sur l’avenir des régions du nord. C’’est la diaspora malienne et deux députés maliens qui se sont chargés de faire ce travail d’information, à  sa place, le 22 mai 2012 en dénonçant les mensonges du Mnla lors d’une manifestation devant le siège du parlement européen.