Que deviennent les Maliens rentrés de Centrafrique?

C'’est une cour immense, qui, depuis plus d'un mois, fait office de gà®te pour ces Maliens ayant fui la Centrafrique,…

C’’est une cour immense, qui, depuis plus d’un mois, fait office de gà®te pour ces Maliens ayant fui la Centrafrique, devenue l’un des points chauds du continent. Il s’agit de celle de la Direction Générale de la Protection Civile, sise à  Sogoniko, un quartier populaire de Bamako. A l’ouest, sont dressés à  l’aide de bâches des hangars de fortune o๠trouvent refuges homme, femmes et enfants pour…fuir le soleil aussi. Les bagages sont éparpillés çà  et là . Ils sont assis, qui sur une natte, qui sur une chaise, promenant un regard abattu sur les alentours. « J’étais commerçant à  Bouguera, une ville située à  200 km de Bangui. Les anti-balakas ont attaqué la ville à  3 h du matin, tuant plus de 100 personnes parmi les Arabes tchadiens et les peuls, tous musulmans. Ils ont mis le feu aux maisons, aux mosquées. Ils ne touchaient pas aux Maliens parce que nous, on ne s’est jamais impliqués dans la politique. Mais quand la situation s’est davantage détériorée, ils ont commencé à  menacer de mort nous les Maliens aussi. ». Ces propos ne sont pas extraits d’un mauvais film, ils sont de Seyba Konaté, Malien vivant en RCA depuis 1999, mais qui a tout abandonné pour rentrer au bercail. Car depuis bientôt deux ans, la Centrafrique est entrée dans une période d’instabilité, avec le coup d’Etat contre François Bozizé par les rebelles de la coalition Seleka sous la direction de Michel Djotodia. Il y a deux mois, Djotodia, ne contrôlant plus rien ni personne, a été évincé de son poste de président pour installer la Transition dirigée par Catherine Samba Panza. Mais les Centrafricains sont loin de voir le bout du tunnel, les violences font encore rage, malgré les efforts des forces africaines et françaises déployées sur place. A la question de savoir ce qu’il pense de cette crise, Soumaà¯la Diarra, né en Centrafrique d’une mère centrafricaine, qui y a pris femme et a 4 enfants, ne passe pas par quatre chemins :« C’’est une guerre de l’ignorance et non de religion entre chrétiens et musulmans. » Pas d’autre choix que partir Ceux qui ont quitté la RCA l’ont fait faute d’autre choix. Partir, C’’est une solution, même si d’autres pensent que le départ est un aveu d’écheC’…Aà¯chétou a 27 ans. Teint clair, cheveux gominés, elle est née en RCA de parents Sarakolés. Elle n’a pas été à  l’école, faisait des petits commerces. Elle dit avoir perdu tous ses biens. « Je suis venue au Mali à  cause de la guerre. Je remercie beaucoup le gouvernement malien pour ce qu’il a fait pour nous. Non, je n’ai plus envie de retourner en RCA. Je n’ai plus rien là  bas. », a-t-elle dit en lançant un regard ému vers sa maman qui partage un plat avec 3 petites filles. A ce jour, quatre convois de Maliens ont été acheminés vers le Mali. Mais, dans ces convois, il se trouvait aussi des centrafricains qui n’ont pas hésité à  sauter dans le premier avion leur permettant de s’éloigner de l’enfer. Adossé à  un véhicule de la Protection Civile, MBringa Cherubin, banguissois, se fait photographier par son compatriote, Isa௠Sylver. Ils sont Centrafricains, chrétiens. Ils préfèrent laisser la parole à  Lewis Sambia . « J’ai quitté la RCA malgré que je sois chrétien, je n’étais même pas menacé là  o๠J’étais à  Bangui. Je ne voulais pas être dans un parti pris, m’aligner derrière les chrétiens. Mais comme ma vie commençait à  être menacée par les musulmans, le mieux C’’était de quitter. Je ne suis ni pour les chrétiens ni pour les musulmans. Si la RCA retrouve la stabilité, je vais y retourner. J’ai mes parents là  bas, d’autres ont été tués dans les évènements. La maison de mon père a aussi été incendiée. J’étais étudiant en Génie Civile, 2 e année. Je voulais devenir ingénieur. Je veux continuer dans la même filière au Mali. On est encore sous couvert du HCR et on cherche le statut de refugié. Pour arriver ici, ça n’a pas été facile, on a même pris des noms maliens», raconte-t-il. A l’inverse de Lewis, Nzas Nakaba Abdelaziz, musulman, lui, préfère pousser un coup de gueule. « Nous vivons dans une situation très pénible, en ce sens qu’on n’est pas nourris, protégés. Nous nous soignons nous-mêmes. Quand on part au niveau de l’infirmerie, on nous donne de l’ordonnance tout en sachant qu’on n’a pas un rond. On ne reçoit vraiment pas le traitement dû aux refugiés. Les gens HCR viennent, nous rendent visite, nous enregistrent, nous disent d’attendre les statuts. Mais on va attendre ça jusqu’à  quand ? C’’est pourquoi je tiens à  dire aux organismes internationaux et à  l’opinion publique de jeter un œil sur nous, parce que nous souffrons. La situation est vraiment difficile. »