Que reste t-il du 26 mars 1991 ?

Le 26 mars 1991, un soulèvement populaire menant à  un coup d'à‰tat militaire mettait fin à  23 ans de dictature…

Le 26 mars 1991, un soulèvement populaire menant à  un coup d’à‰tat militaire mettait fin à  23 ans de dictature du général Moussa Traoré. L’anniversaire de sa destitution est, vingt-cinq ans plus tard, l’occasion de tourner les pages de l’histoire malienne et de se replonger à  une époque o๠les défis étaient multiples pour une nation qui prenait un nouveau départ. « Le gouvernement de la République n’a pas le droit de tricher avec notre peuple en s’engageant sur la voie des promesses faciles qu’il ne pourra tenir. Il devra cependant jouer les règles de la rigueur, de la bonne gestion, de la transparence, de la solidarité et de la justice », disait le président Alpha Oumar Konaré, au moment de son investiture le 8 juin 1992, soit un an après la révolution populaire. Ces phrases semblent aujourd’hui bien lointaines. « l’école se cherche, l’emploi est rare, et la justice n’inspire plus confiance au citoyen lambda. Le coup d’à‰tat improvisé du 22 mars 2012 suivi de la crise sécuritaire du nord, témoigne parfaitement des défaillances de cette démocratie», affirme ce sociologue, pour qui les indicateurs sont au rouge. « Il faut nuancer les choses », soutient quant à  lui T. Dicko, enseignant. « La révolution était à  l’époque une nécessité incontournable. Je me rappelle qu’à  Dougabougou, (Ségou), dans un passé récent, pour voter, « on réunissait les gens sur la place publique et on disait à  chacun d’aller d’un coté, qui correspond à  un candidat. Aujourd’hui on a au moins le choix d’être ou pas dans un parti, de voter pour qui on veut ». Maà®tre Mamadou Ismaà«l Konaté, avocat, est du même avis : « l’aspiration profonde du peuple du Mali était l’ouverture démocratique, incompatible avec le régime politique de l’époque, basé sur l’unicité et le centralisme démocratique ». Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt, « le chemin emprunté par le Mali reste encore parsemé d’embuches », poursuit-il. De nouveaux maux ont émergés, reconnait G. Konaté, ancien leader étudiant. « La corruption généralisée aujourd’hui est à  déplorer, mais elle n’est pas le fruit de la révolution », souligne-t-il. Les valeurs qui ont sous-tendu le mouvement populaire de mars 91 sont toujours d’actualité. D’ailleurs, le front commun après la confiscation du pouvoir par les putschistes en 2012 en est une illustration. « Même si notre société va mal, il faut dire aussi que certains acquis nous ont permis d’avancer et que le retour en arrière n’est pas possible. Au fil du temps, tout cela va se corriger. Il faut inscrire les changements dans la durée», ajoute T. Dicko.