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Quel sens faut-il donner au mois de la solidarité ?

Au Mali, chaque année en octobre, les autorités font preuve de solidarité à  l'endroit des démunis, des personnes âgées et…

Au Mali, chaque année en octobre, les autorités font preuve de solidarité à  l’endroit des démunis, des personnes âgées et des malades en leur offrant de l’argent, des vivres ou des matériels en vue de les soulager. Ces actions de générosité sont jugées inutiles par une grande partie de la population puisqu’elles ne permettent pas aux bénéficiaires de réaliser des projets. Le mois d’octobre est désormais synonyme de remise de dons du gouvernement, d’ONG et d’entreprises aux personnes âgées, handicapées et démunies à  travers le pays. Une manière de rappeler nos valeurs traditionnelles de solidarité pour essayer d’améliorer les conditions de vie de ces couches vulnérables. Ainsi, l’association pour l’Emploi, l’intégration des handicapés pour le développement (EIHD) a reçu il y a quelques jours cinq motos taxis offerts par le Fonds de solidarité nationale. «Â C’’est un geste appréciable », se réjouissent ses responsables, qui affirment que la solidarité ne doit pas se limiter seulement à  octobre: «Â avant et après ce mois, il n’y a rien. C’’est un danger si on ne fait rien durant les autres mois de l’année ». La situation des handicapés peut constituer un danger social, car ils ne veulent pas qu’on les considère comme des personnes à  qui l’on offre des aumônes. Interrogés sur la solidarité, de nombreux Maliens déclarent que le mois d’octobre n’a pas de sens si les autorités se contentent à  offrir des vivres d’une quantité insignifiante et à  apporter une assistance financière symbolique aux personnes défavorisées devant les medias à  des fins politiques. Des dons qui ne permettent pas aux bénéficiaires d’investir dans des projets afin de gagner leur vie. «Â La solidarité a perdu tout son sens depuis le départ du pouvoir en 2002 d’Alpha Oumar Konaré, l’ancien président malien, dont la femme était fortement engagée pour la cause des personnes défavorisées », reconnaissent des handicapés que nous avons rencontrés. Ils estiment sous couvert d’anonymat qu’  «Â avec l’actuel régime, la solidarité ne vaut rien. C’’est du folklore. Nous voulons qu’on crée des emplois pour nous, qu’on finance nos projets pour que nous puissions faire des activités génératrices de revenus au lieu de nous offrir des sommes modiques en publiC’ ». Certains handicapés reprochent à  Sékou Diakité, l’ex-ministre de la solidarité et des personnes âgées, de n’avoir pas versé les 2 millions de francs CFA qu’il a promis l’année dernière en signe de solidarité à  l’association pour l’Emploi, l’intégration des handicapés pour le développement. Des sommes pour encourager des artistes handicapés à  produire une œuvre musicale, selon des responsables de cette association, qui souhaitent garder l’anonymat. Ils expliquent que la solidarité durant le mois d’octobre est inutile si les personnes qui sont dans le besoin ne bénéficient pas des contributions financières qui leur sont destinées.