Société




Quelles alternatives pour les déguerpis ?

Après l’orage provoqué par les opérations de déguerpissement qui continuent d’alimenter les conversations, c’est le temps du dialogue. Le gouverneur,…

Après l’orage provoqué par les opérations de déguerpissement qui continuent d’alimenter les conversations, c’est le temps du dialogue. Le gouverneur, conscient de la popularité limitée de son action, ne veut pas baisser pavillon. Pendant ce temps, se pose la question du recasement des déguerpis…

Existe-t-il des options de recasement immédiat ? Non, répond-on du côté des mairies, partenaires de cette opération, où l’on assure que les commerçants détaillants ont connaissance des alternatives existantes : aller rejoindre les marchés officiels existants. En commune 5, le marché de Kalabancoro, dont les travaux de finition ont récemment connu un coup d’accélérateur, se pose comme un point de chute, tout comme les Halles de Bamako, boudées depuis leur construction par ces mêmes commerçants. « Nous avions demandé en 2014 aux maires de nous délimiter des espaces où les commerçants pourront s’installer. Depuis, ce dossier n’a pas encore été traité et ce qui se passe aujourd’hui en est une conséquence », déplorait Youssouf Bathily, président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, à l’issue de la rencontre le 1er juillet entre le Gouverneur et les différents acteurs. « Des sommes importantes ont pourtant été débloquées à titre d’incitation au départ. Les gens prennent l’argent, mais ils ne bougent pas », déplore un conseiller  municipal. Faux, rétorque Amadou Bedi Daou, président de l’Association des commerçants détaillants de Bamako, lui-même installé à Dabanani. « Le pire c’est que nous n’avons reçu aucune notification concernant cette opération. Au moins les gens auraient sauvé leurs marchandises », déplore-t-il. Il ajoute qu’avant l’arrivée du gouverneur Kane, leur demande adressée au ministère de l’Administration territoriale de leur céder des places ailleurs, dans d’autres marchés, n’a pas eu de suite favorable.

Un fond d’indemnisation ? Des échanges entre les acteurs, cette piste maintes fois évoquée n’a pas eu de suite. « Il faut que les gens comprennent qu’ils ne doivent pas être là. Dans quel pays va t-on dédommager quelqu’un qui a installé son commerce au beau milieu de la chaussée ? », s’interroge le conseiller municipal. Pour lui, ce sont les commerçants eux-mêmes qui doivent s’organiser et « faire les choses selon la loi ». « Laissez-les parler, nous on attend seulement qu’elle (le Gouverneur, ndlr) retourne dans son bureau à l’ACI 2000. Et nous, on revient s’installer », explique Minta, revendeur de tissus à l’Artisanat. Il urge donc de proposer des alternatives durables aux déguerpis afin d’éviter que cette opération ne soit un énième coup d’épée dans l’eau.