Qui veut la peau du capitaine Sanogo ?

Une tentative de contre-putsch a été immédiatement évoquée, dès le début des affrontements entre bérets rouges et bérets verts de…

Une tentative de contre-putsch a été immédiatement évoquée, dès le début des affrontements entre bérets rouges et bérets verts de l‘ex junte, le 30 avril au soir. Un affrontement qui a occasionné de nombreux morts de part et d’autre et parmi la population civile, sans qu’aucun bilan officiel n’ait été révélé. Les bérets verts du capitaine Sanogo ont livré en quelques heures une bataille épique contre les bérets rouges du camp des parachutistes de Djicoroni à  Bamako, considérés comme l’élite de l’armée malienne, jusqu’ à  reprise totale du contrôle de la situation. Dans un ultime sursaut, ces parachutistes (environ 300 hommes) ou bérets rouges, ont voulu contrôler la télévision nationale, l’aéroport et le camp de Kati. Les opérations étaient dirigées par le colonel Abidine Guindo, commandant des parachutistes et ancien aide de camp du président déchu ATT. Il serait l’artisan de la fuite d‘ATT du palais de Koulouba la veille du coup d’état du 22 Mars. «Â Un capitaine de plus en plus populaire ? » De son côté, le capitaine Sanogo, qui ne quitte plus son QG de Kati, doit en avoir gros sur le C’œur. Ayant rejeté en bloc les dernières décisions du sommet de la CEDEAO tenu à  Abidjan le 26 Avril, il avait clairement promis que l’Accord Cadre signé avec la CEDEAO serait respecté. Et sans autre forme de recours. La CEDEAO elle a réaffirmé certaines mesures, lors du sommet de Dakar le 3 Mai, tout en lâchant du lest sur l’envoi d’une force de sécurisation de la transition, qui ne sera désormais déployée que sur demande des nouvelles autorités maliennes de transition. Son non à  la CEDEAO, dont les décisions étaient perçues comme une atteinte à  la souveraineté nationale, et la victimisation qui a suivi les attaques du 30 avril, ont sans doute renforcé la popularité de Sanogo, auprès des populations maliennes. En est-il de même parmi les élites de Bamako ? Pas si sur, et certainement pas dans les partis politiques, qui après s’être beaucoup agités, font désormais profil bas. La vague d’arrestations qui a visé de nombreuses personnalités, dont l’ancien premier ministre Modibo Sidibé, interpellé trois fois, ou encore le leader du parti URD, Soumaila Cissé, en soins à  Paris, a sans doute calmé leurs ardeurs. Au total, 22 personnalités politiques et civiles avaient passé 48h au camp de Kati, entre le 16 et le 18 avril 2012. Les déclarations et les méthodes du capitaine semblent agacer depuis longtemps. «Â  Il est frappant de constater à  quel point un culte de la personnalité s’est crée autour de ce militaire, dès les premières heures du putsch », témoigne un journaliste sur place. Défilés de personnalités à  Kati, demande d’audiences en cascade, le chargé de la communication de la junte est débordé, parfois exaspéré, mais il tient : «Â  Vous voyez, C’’est ainsi toute la journée à  Kati. Tout le monde veut voir le capitaine… » Tout le monde peut-il encore voir le capitaine ? «Â Evidemment non ! », affirme un garde à  Kati , joint par téléphone. «Â  Depuis l’attaque du lundi, on a renforcé la sécurité autour du capitaine et du camp.» A l’entrée de la ville garnison, les contrôles de sécurité ont été renforcés et les véhicules sont fouillés un à  un par les hommes du capitaine. «Â Le Bâton magique du capitaine » «Â  Le capitaine est un enfant béni ». «Â C’’est Dieu qui le protège contre ses ennemis », témoignait un menuisier à  Bamako, au lendemain des attaques du 30 avril. En effet, Amadou Haya Sanogo, depuis son entrée en scène, se promène avec un bâton en bois étrange, qui le protégerait contre toute attaque sur sa personne, disent les plus superstitieux. «Â Il ont pourtant essayé de l’avoir un soir … », raconte une femme soldat de la garnison de Kati aux formes rondes. Elle est l’objet de plaisanteries de la part de ses collègues, mais sa bonne humeur plaà®t. Elle fait partie de ceux qui auraient empêché une énième tentative d’exfiltration du capitaine il y’a quelques semaines. Alertés, par la sortie inopportune de l’homme fort de Kati, elle et ses collègues ont intercepté le véhicule et demandé au chauffeur : «Â  O๠emmenez-vous le capitaine? ». Et cette autre tentative au début du mois d’avril, qui aurait été commanditée par des politiciens excédés par les agissements de la junte. «Â 58 millions » auraient été proposés si l’opération de liquidation avait réussie, confirme une source militaire à  Kati. «Â s’Ils ont procédé de la sorte en visant la garde rapprochée du capitaine, ils ont mis tous leurs œufs dans le même panier et les ont cassé ! », réplique un éditorialiste malien. « Bérets rouges en mission ? » Entraperçus sur la route de Samè et de Koulouba menant à  Kati, lundi 30 Avril, l’information a rapidement été transmise au camp, qui a agi en conséquence… A Kati, il y a bien eu des échanges de tirs, mais les bérets rouges n’ont pu atteindre le QG. D’autant que les mercenaires qu’ils attendaient à  l’aéroport de Bamako pour leur prêter main forte, n’ont pas pu atterrir. l’ ORTM et l’aéroport ont vite été repris et 300 hommes ne peuvent faire tomber l’ex junte, qui a reçu le renfort de la gendarmerie, de l’armée de l’air et du géni, avec des éléments venant notamment de Koulikoro. Cette tentative de contre-putsch par les bérets rouges s’inscrit-elle dans un complot qui dépasse les frontières nationales ? l’idée circule à  Bamako, que des forces étrangères ou « forces obscures » selon l’ex junte, chercheraient à  faire tomber le CNRDRE. Parmi les mercenaires arrêtés ces derniers jours et dont certains ont été exhibés à  la télévision, se trouvaient des Burkinabés, Sénégalais, Nigérians, Tchadiens et des Ivoiriens. D’autres pointent du doigt la CEDEAO, dont les dernières décisions à  Abidjan, concernant la durée de la transition et le maintien du Président intérimaire au-delà  des 40 jours, renvoient à  une mise sous-tutelle du Mali, insupportable aux yeux de beaucoup. « La junte a signé seule l’Accord Cadre avec la CEDEAO, sans consulter les forces vives de la nation, à  elle d’assumer les conséquences des mesures de la CEDEAO », affirmait l’Imam Dicko, en réaction. Son institution, le Haut conseil islamique du Mali (HCIM) a pris ses distances avec l’ex junte. Du reste, l’action de protestation des bérets rouges, fidèles à  l’ancien président ATT peut-elle avoir été suscitée et récupérée par des individus malintentionnés et soutenus par des éléments étrangers ? Ne dissout pas qui veut le CNRDRE en quelques heures. La chasse aux sorcières elle va-t-elle reprendre de plus belle ? Le commandant Mamadou Lamine Konaré, dit « Mala » et fils d’Alpha Oumar Kaonaré, soupçonné d’avoir épaulé la junte dans le coup d’état du 22 Mars, a été arrêté le vendredi 4 Mai par les hommes de SanogoÂ